mohamed conde AfganC’est encourageant de voir un dirigeant africain dénoncer ouvertement et publiquement la relation France-Afrique. La relation France-Afrique sous sa forme actuelle n’est autre que le néo-colonialisme qui ne profitera jamais à l’Afrique.

Les dirigeants africains le savent depuis longtemps mais n’ont jamais eu le courage de dénoncer ce qui est notoirement connu par tous y compris les dirigeants français. Alpha Conde s’attaque aussi au fonctionnement de l’Union Africaine à juste titre. Cette organisation a véritablement manqué à sa mission. Elle est réduite à un club dont les membres se rencontrent pour avoir bons temps avec les media et amuser la gallérie avec des discours sans effets. Elle est inefficace voire inutile. Elle n’a jamais résolu un problème au profit de l’Afrique depuis sa recréation. Elle a été toujours instrumentalisée par les occidentaux pour faire du mal à l’Afrique dont elle est supposée de protéger les intérêts. En 2011, la France de Sarkozy se voyant menacée par le relent de la money africaine et les institutions monétaires africaines sous l’impulsion de Kadhafi, ce dernier s’est vu abandonné par ses frères africains à la merci des occidentaux avec la France en tête. Il est traité de dictateur et froidement abattu sous la complicité des occidentaux avec la France et les USA en tête. Aucun dirigeant africain n’a osé lever le doigt pour dénoncer l’injustice. La France soutient et continue de soutenir et protéger combien de dictatures sur le continent africain ? Ali Bongo au Gabon, Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville, Faure Gnassingbe au Togo….

Les Etats Unis ont toujours soutenu et protégé l’une des plus grandes dictatures au monde, l’Arabie Saoudite a cause du pacte qui a été signé entre les deux pays dans les années 30 ; Les Etats Unis soutiennent et protègent le royaume saoudien contre le pétrole bon marché. Pour tuer Kadhafi, il fallait brandir la dictature comme justification. Quelle hypocrisie ? L’Union Africaine est inutile dans sa forme actuelle si elle est incapable d’agir de son propre chef parce que financée par l’Union Européenne. Il vaut mieux une Afrique sans Union Africaine qu’une Afrique avec l’UA telle quelle est aujourd’hui.

La zone du franc CFA, qui est un instrument de la France, est une union de coopération monétaire dont le contrôle se fait depuis Paris et où les États satellites, membres de cette zone, sont des pays d’Afrique occidentale et centrale. Les observateurs s’accordent sur le fait que cette zone est un sous-système monétaire dont la France tire un gros profit aux dépens de la souveraineté et du développement des pays et des zones économiques qui adoptent le FCFA. L'on voit clairement le maintien très visible d'un rapport colonial - la mainmise de la France sur la politique monétaire de la région. Le Trésor français bénéficie de ces devises pour son propre financement, plus précisément le financement d’une fraction de la dette publique française - (Bouchra Rahmouni Benhida - Professeur à l’Université Hassan Ier).

Les pays Africains dans la zone CFA continuent d’être piétinés par la France. En effet, la France, a certes perdu sa monnaie au profit de l’euro, mais elle dispose du moyen de compenser cette perte par le biais du rattachement du franc CFA à l’euro à travers le Trésor public français. Les pays africains qui utilisent le franc CFA subissent les fluctuations du cours de la monnaie unique européenne sans pouvoir intervenir. Cette situation signifie que si la conversion entre l’euro et les monnaies étrangères fluctue, les recettes des pays africains de la zone franc subissent des fluctuations de leur monnaie, étant donné que les recettes de leurs exportations doivent être converties en euro avant de l’être en francs CFA. Plus clairement, les pays africains de la zone franc n’ont pas le contrôle de leur politique de change. La restriction de la liberté des pays de la zone franc dans le domaine de la politique monétaire est décrite à juste titre par nombre d'observateurs comme inadmissible. Les pays de la zone CFA doivent verser un lourd tribut pour jouir d’une parité fixe. Les banques centrales de chacun des 15 pays qui ont adopté cette devise doivent déposer 50% – le taux était de 65% avant 2005 – de leurs réserves monétaires sur le compte dit «d’opérations» du Trésor français

La monnaie commune africaine signifiait la « mort » du franc CFA, ce que Sarkozy n’entendait pas bonne oreille.

Mohamed Conde depuis Kabul, Afghanistan