collectif adpMajorité et opposition ont enfin trouvé des terrains d’entente… Ce qui suscite désormais des divisions au sein même des partis.

Il suffit de se rendre au siège de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), à Ratoma, pour se rendre compte que l’heure n’est pas à l’euphorie du côté de l’opposition. Dans la cour, on croise plus de gardes du corps que de militants. À l’étage, les grandes pièces vides donnent davantage une impression de « vacance ». Pourtant, derrière sa porte, toujours droit comme un « i », Cellou Dalein Diallo est bien là pour recevoir qui le cherche. Surtout quand il s’agit de la presse, qu’il a par exemple conviée le 10 janvier pour fustiger « le non-respect de l’accord du 12 octobre » 2016 conclu entre l’opposition et la majorité présidentielle.

Depuis, les élections locales et communales ont été reportées sine die, et « Cellou » menace régulièrement de renvoyer ses troupes dans la rue. « D’un côté, il donne l’impression de faire copain-copain avec le président, de l’autre, il doit calmer sa base, qu’il maîtrise de moins en moins », analyse l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, président-fondateur du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN).

Une opposition divisée

N’empêche, le « dialogue constructif » a amené un climat d’apaisement politique jamais atteint auparavant. Malgré des grésillements sur la ligne, la communication est, tant bien que mal, maintenue entre le chef de file d’une « opposition responsable » et Sékoutoureya. Après son tête-à-tête avec le chef de l’État le 1er septembre 2016 (leur première rencontre depuis la réélection d’Alpha Condé, en octobre 2015), Cellou Dalein Diallo a en effet déclaré à l’assemblée générale de l’UFDG qu’il était disposé à travailler avec le chef de l’État dans le cadre de l’unité nationale et de la lutte contre la pauvreté.

Contesté dans son propre camp, le candidat malheureux des deux dernières présidentielles est néanmoins obligé de faire des concessions en construisant de nouvelles alliances. Début février, l’UFDG s’est ainsi rapprochée de l’Union démocratique de Guinée (UDG) de l’homme d’affaires Mamadou Sylla, ancien grand allié de Lansana Conté.

« Cellou Dalein Diallo est obligé d’aller voir ailleurs car plus personne n’a confiance en lui dans sa propre maison. L’opposition n’a jamais été aussi divisée. D’ailleurs, il n’y a plus vraiment d’opposants, à part moi », ajoute Lansana Kouyaté. Lequel passe la moitié de son temps à Paris.

Les poids lourds avec la majorité

En effet, à y regarder de plus près, de nombreux poids lourds ont rejoint avec perte et fracas la majorité présidentielle. C’est le cas de Sidya Touré, autrefois opposant farouche à Alpha Condé et désormais l’un de ses conseillers, en tant que haut représentant du chef de l’État. Quant au leader du Bloc libéral (BL), Faya Millimono, depuis sa rencontre à huis clos, au début de l’année, avec Alpha Condé, certains le soupçonnent de lorgner un poste ministériel en cas de remaniement.

« Le dialogue n’existe plus entre Cellou Dalein Diallo et moi, même s’il n’est pas rompu, estime ce dernier. Son camp m’accuse de tout, mais en réalité ce sont eux qui ont cherché les petits accommodements électoraux avec le président en se répartissant les districts du pays, en vue des prochaines élections locales. » Scrutins dont le report n’a a priori pas ému Faya Millimono outre mesure.

« Plus que d’élections, c’est d’actions dont ce pays a besoin, précise-t-il. Le gouvernement doit d’abord s’attaquer aux problèmes que sont la mauvaise gouvernance, le chômage des jeunes, l’insécurité… Après on ira au vote pour le juger sur son bilan. »

Une chose est sûre, en tendant la main à l’opposition, Alpha Condé a réussi à la diviser.

Source Jeune Afrique