mohamed_diallo_journaliste1Le Vendredi 5 Février, 2016, au siège de l’UFDG, le jeune reporter de Guinee7.com El Hadj Mohamed Diallo a reçu une balle perdue en pleine poitrine pendant les affrontements opposant, partisans d’El Hadj Cellou Dalen Diallo et de Mr. Bah Oury. Mort que je regrette et reprouve profondément. Mort à l’occasion de laquelle j’adresse du tréfonds de mon âme, mes condoléances et ma compassion sincères á : sa fille, son épouse, sa famille, ses amis, à ses confrères journalistes et à la presse guinéenne toute entière.

Je ressens une très profonde émotion à l’évocation des qualités qui lui sont reconnues par ses pairs ainsi que l’ensemble de ceux qui ont eu le privilège de le côtoyer : professionnalisme, dévouement, humilité.

Je salue et me réjouis des éloges qui lui sont adressés. Et je ne peux que m’associer pleinement à la très ferme et unanime condamnation de cet acte tout à la fois insensé, inutile, stupide, ignoble, par-dessus le marché, barbare, et odieux. D’autant plus que, pour moi cet acte marque aussi le terme d’un rêve secret enfoui au plus profond de mon subconscient ! Rêve insensé ? Oui comme peut l’être tout rêve.

Rêve fou ? Peut-être ? Rêve que j’avoue et vous livre à présent.

En effet, Alpha Condé désireux d’une « décrispation de l’atmosphère politique et tendant la main à ses opposants », je n’y croyais pas du tout. Mieux, je blâmais parce que j’ai du scrupule à condamner, ceux qui (à mon sens) y avaient cru naïvement et pour cette « raison » rejoint la mouvance des avant la présidentielle : les Abe Sylla, Fodé Mohamed Soumah, Diallo Sadakadji, Mamadou Bah Baadiko ; de même que Sidya Touré après celle-ci. Mais puisque c’était prétendument dans l’intérêt de la Guinée, j’avais rêvé et même souhaité qu’ils aient eu raison d’avoir foi en cette miraculeuse conversion d’Alpha Condé. Oui j’avais rêvé et souhaité qu’ils aient eu raison et moi tort dans mes réserves, mon doute et mon scepticisme. Malheureusement cette mort brise en mille morceaux mon rêve. Et me ramène sinon à des certitudes, tout au moins á des appréhensions et des craintes. Et j’en viens à penser que la thèse : « Bah Oury gracié pour déstabiliser l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG » n’est peut-être pas du tout aussi farfelue et dénuée de fondements que ses détracteurs le laissent entendre. Et donc que cette thèse pourrait être fortement probable. La suite nous dira sans nul doute la vérité !!  

Et je note, en passant l’ouverture le jour même d’une enquête judiciaire pour dit-on « poursuivre et arrêter les coupables ». Une « première » diligence en Guinée ! On pourrait naïvement s’en réjouir en pensant « Il n’est jamais très tard bien pour faire » comme dit un adage auquel il n’est pas interdit de souscrire. Et même d’y ajouter le vœu : que l’acte soit sincère et impartial. Et le cas échéant, encourager les autorités à poursuivre dans le même sens, dans la même voie.

Que l’on me permette néanmoins, en guise de « bémol », de veille citoyenne et de mise en garde, de faire des remarques.

1) Dans tout Etat digne de ce nom, c’est-à-dire simplement NORMAL, la sécurité des citoyens et de leurs biens est la première et la plus élémentaire des charges et fonctions dudit Etat.

2) Par le passé, je précise, en Guinée, d’innombrables cas similaires (c’est à dire, évènements avec mort de citoyens), n’ont jamais connu ni une enquête, ni surtout cette diligence. Et quand par hasard cela s’est produit, c’est à dire qu’enquête il y ait eu, aucune arrestation ou condamnation des coupables ne s’en est suivie. Je veux entre autres rappeler les douloureux évènements de Siguiri, Kouroussa, Kissidougou et Kankan avant le deuxième tour de l’élection Présidentielle de 2010. Je veux aussi rappeler les viols et violences meurtrières post-électorales de ce même deuxième tour de 2010 qui ont eu lieu à Conakry, Pita Dalaba et Labé. Je veux aussi et surtout rappeler les dizaines de morts des marches pacifiques de l’opposition ; marches légales et autorisées par la constitution que les forces de l’ordre ont obligation et devoir d’encadrer et pacifier. Je veux rappeler et surtout insister sur ces paisibles populations de Zogota massacrées dans leur sommeil. Sans oublier toutes les victimes innocentes de tous les régimes précédents !!

3) Quitte à m’attirer le courroux, les foudres et la vindicte de la corporation, je pense que la mort d’El Hadj Mohamed Diallo doit être dénoncée et condamnée en tant que « mort d’un citoyen guinéen », en lieu et place de « mort d’un journaliste » comme malheureusement on a voulu qu’elle apparaisse et qu’elle soit perçue. Donnant au citoyen lambda que je suis l’impression que même devant la mort on maintient ce « deux poids deux mesures » injuste et inadmissible. Lui ôtant du coup la qualité oh combien symbolique d’être une mort qu’on le devoir de dénoncer et condamner comme toute autre mort inutile et douloureuse. Parce que selon moi, le journaliste est un citoyen guinéen au même rang et titre que n’importe quel autre guinéen. Qu’un journaliste exerce un métier, certes digne et respectable. Mais, guère au-dessus des autres. « Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que sottes gens. » Et pour cette raison je serai tenté de recommander aux organisations de la presse de bien vouloir organiser une journée sans journaux à l’occasion de chaque décès d’un citoyen innocent en Guinée. Et à défaut de garder le silence auquel elles nous ont habitué.  

4) Ce fatidique vendredi 5 Février, 2016, face à cette perte, cette douloureuse tragédie, je me suis dit, Dieu fasse que cette mort toute regrettable et déplorable qu’elle soit, serve à quelque chose. Que cette mort, pour une fois, une toute première fois serve la « JUSTICE ». C’est-à-dire, que rompant avec son habituelle, je dirai même sa traditionnelle soumission au pouvoir exécutif, soumission aggravée de laxisme et de corruption, les autorités judiciaires de ce pays fassent toute la lumière et disent le DROIT.

C’était encore un rêve. Un rêve fou dingue cette fois-ci. C’était une énième fois encore mon rêve. Je suis ainsi fait : un optimiste impénitent ; un éternel utopiste !

5) Au vu de la tournure que prend l’enquête, enquête ciblée, je dirai même orientée et préméditée (audition et arrestation des membres d’une seule des deux parties en cause), mon scepticisme, mes doutes et mes réserves resurgissent, reprennent le dessus et se renforcent. J’ai donc la pénible et désagréable impression d’avoir raison. Ce qui signifie qu’Alpha Condé ne dévie pas un seul instant ni d’un iota de son objectif. Celui de demeurer et se maintenir au pouvoir par tous les moyens. Cette fois-ci par la ruse et le mensonge, après avoir au paravent usé de la violence et de la force. Le tout en amassant le plus d’argent. Tout comme du reste c’était le cas Conté, Dadis et Sékouba, ses ci-devant adversaires au poste envié de président. Et si possible, de préparer une succession qui lui soit favorable, si par hasard il ne parvenait pas à y imposer son fils. En attendant il aura réussi, à rouler les guinéens dans la farine. C’est à se demander s’il n’est pas dans leurs gènes de n’être voués qu’à cela ; les pauvres ! J’espère vivement que non. Mon souhait, mon espoir et mon combat sont qu’il n’y réussisse pas. Mais pour qu’il ne le puisse pas, il faudrait qu’ici et maintenant, que des guinéens et des guinéennes patriotes et déterminés se lèvent et s’organisent à cette fin. C’est une entreprise de salubrité publique. Toute attente, toute tergiversation tout retard risquent d’être fatals.

 

El Hadj Mamadou Kolon Diallo

Instituteur à la retraite