À 28 ans, Élise Neveu, originaire de la commune du Pas, en Mayenne, sensibilise la population à leur devenir. Un travail non-stop avec des conditions de vie spartiates. Mais très utile.
Comment avez-vous intégré le Centre de conservation pour les chimpanzés ?
Je suis diplômée d'un master en gestion des habitats naturels de l'université de Rennes. En 2012, je suis partie travailler bénévolement au Centre de conservation pour les chimpanzés à Conakry pendant six mois. J'ai prolongé ce premier séjour par trois mois de formation. Puis je suis repartie en 2013 en tant que manager du centre. Depuis, je vis environ neuf mois par an à Conakry.
Le Centre de conservation pour les chimpanzés (CCC) existe depuis l'année 1997. Il a été créé par le gouvernement guinéen pour protéger ces animaux victimes de braconnage. Les chimpanzés en captivité sont confisqués par les autorités gouvernementales et confiés au CCC. En parallèle, le centre entreprend des démarches pour sensibiliser les populations locales à la protection des primates. Enfin, nous participons à plusieurs études scientifiques de conservation.
Quel est votre quotidien au milieu des primates ?
Le travail que nous y faisons est physiquement et moralement fatiguant. Je travaille sept jours sur sept avec une équipe d'une vingtaine de personnes aux côtés de nos 49 pensionnaires poilus. Nous avons adapté notre rythme de vie sur celui des primates. Sur place, il n'y a pas d'eau courante, ni d'électricité, à l'exception de panneaux solaires et de batteries pour les enclos des chimpanzés, ni de réseaux de communication. Le centre est situé à 80 km de piste de la ville, où nous nous ravitaillons chaque week-end. L'équipe commence par préparer le repas de 7 h et se retrouve vers 19 h 30 pour le débriefing quotidien.
Pourquoi les chimpanzés sont-ils en danger ?
La fragmentation de leur habitat est la principale menace. La croissance démographique des pays en développement oblige les populations à cultiver de plus en plus de terres. Comme les chimpanzés sont de plus en plus proches des habitations, les braconnages sont plus importants. La seconde menace est le commerce des bébés comme animaux de compagnie.
Comment les protégez-vous ?
L'éducation auprès des enfants me semble être la clef. Il faut que les populations locales s'engagent dans une voie différente de l'Europe et protègent leur patrimoine naturel. Mais si c'est aux Guinéens de protéger la forêt, c'est aux Occidentaux de ne pas cautionner, de consommer responsable en n'achetant pas de meuble en bois tropical, en disant non à l'huile de palme.