alpha_conde_3J’entends déjà les hauts cris que ne manqueront pas de pousser les belles âmes et qui me parleront de beaux sentiments en évoquant le mur des lamentations. Je leur dit d’ores et déjà que je ne me lamente pas. Je dénonce un régime anti-démocratique qui enfonce la Guinée dans un marasme insondable.

Dès son accession au pouvoir, Condé Alpha a sorti de ses cartons un projet qu’il prépare et nourrit depuis longtemps, celui de réduire à néant le Fouta Djallon, l’une des quatre régions naturelles de la Guinée, pour mieux régner sur ce pays(1).

Il commence par chasser les cadres foulbhè des postes de responsabilité de la fonction publique et des entreprises d’Etat.

Citons le cas du département de l’énergie. Dans un mémorandum qu’ils ont adressé, le 5 septembre 2011, au coordonnateur général d’EDG, l’Electricité de Guinée, les cadres foulbhè marginalisés, puis licenciés, le mois précédent, dénoncent : « Il est scandaleux d’observer que sur les quarante-sept (47) cadres dirigeants dont quarante-quatre (44) nommés par vous, il n’existe plus aucun cadre interne Peulh de l’EDG. » A l’heure actuelle, sur les 47 cadres, 40 sont malinkés. Près de 1 600 salariés, principalement foulbhè, ont été mis d’office à la retraite anticipée. Résultat, l’entreprise est tombée en faillite. Il a fallu appeler au secours la société française Veolia.

Le secteur de l’Education nationale est le plus touché par la politique ethnocentriste de Condé Alpha. Dans l’Enseignement pré-universitaire et l’Enseignement supérieur, la quasi-totalité des cadres foulbhè sont virés des postes de direction. Il est vrai que l’actuel ministre de ce dernier département est foulbhè, ce qui ne change strictement rien.

La même politique de chasse aux cadres foulbhè est pratiquée dans tous les ministères. A la Télévision nationale, les journalistes foulbhè ou proches des partis d’opposition comme Ibrahim Ahmed, Ciré Dieng et Marie-Louise Sanoussy sont interdits d’antenne. Au ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’Enfance, sur 25 cadres de direction seuls 3 Foulbhè sont retenus.

Dans tous les ministères, les directeurs nationaux ou les directeurs de cabinet foulbhè sont démis de leur fonction et remplacés par des personnes à nom mandingue, tous militants du parti au pouvoir, le RPG, même s’ils n’ont pas les compétences requises pour occuper ces postes.

Les rares ministres foulbhè du Gouvernement ne peuvent même pas nommer les membres de leur cabinet. Lorsqu’ils proposent un cabinet composé de cadres compétents, et dont certains sont des techniciens de haut niveau, mais foulbhè, leur liste est jetée à la corbeille et ils se voient imposer des proches du pouvoir, membres attitrés (dont des incompétents notoires) du RPG-Arc-en-ciel.

A la présidence de la République, un comité confidentiel dirigé par le Directeur de cabinet, Mamadi Diané, un proche parent de Lansana Diané, ancien dignitaire du régime sékoutouréen, raye rageusement tous les noms de cadres foulbhè proposés à des postes de responsabilité. Ce sont d’ailleurs principalement les enfants ou parents des dignitaires de l’ancien régime qui sont actuellement aux postes de commande.

La nomination de membres incompétents du RPG-Arc-en-ciel à tous les postes de responsabilité de la fonction publique explique, en grande partie, l’inefficacité de l’administration et l’échec de la politique de Condé Alpha dans les domaines économiques et sociaux.

Dans l’Armée, 4 000 militaires ont également été dégagés. Parmi eux, une grande majorité de Foulbhè, quelques Soussous et Forestiers et des Malinkés qui ne font pas le jeu du pouvoir.

Christian Sow, alors ministre de la Justice, Foulbhè lui-même, a été témoin d’une des déclarations racistes anti-foulbhè des plus virulentes de Condé Alpha et que sa conscience a obligé à rendre publique (l’être humain est prisonnier de sa propre conscience). Au début du mois d’août 2011, au lendemain du faux attentat du 19 juillet 2011 contre la résidence de Condé Alpha (nous reviendrons sur cet événement plus loin), celui-ci déclare, devant ses collaborateurs au cours d’une réunion tenue à la présidence de la République : « Je vais continuer notre politique de chasse aux Peulhs [les Foulbhè]. Je vais faire des Peulhs les Palestiniens de l’Afrique ».

Condé Alpha veut tout simplement chasser les Foulbhè de Guinée et les réduire au triste sort de réfugiés que les Palestiniens vivent dans les pays arabes. Quelle honte pour cet homme qui prétend être de gauche et militant des droits de l’homme ! Comment peut-il, après une telle déclaration, se présenter comme un défenseur de la cause palestinienne, ce qui lui permet d’aller tendre la sébile au Moyen-Orient pour obtenir des pétrodollars ?

Les déclarations racistes anti-foulbhè de Condé Alpha ne s’arrêtent pas là. Dans une interview à l’agence de presse française AFP et à la radio RFI, il déclare le 19 juillet 2011 : « Vous avez trois régions en Guinée : la Haute Guinée, la Forêt et la Basse Guinée, qui sont mandingues ».

Voilà une contre-vérité des plus malhonnêtes. La Basse Guinée, habitée par les Soussous, n’est pas mandingue. Lui-même Condé Alpha qui se prétend malinké, ne parle que la langue soussou (il a vécu quelques années à Conakry avant d’aller très jeune en France). D’ailleurs, la plupart des ressortissants de la Basse Guinée, à savoir les Bagas (autochtones de Conakry, la capitale), les Landoumas, les Nalous, les Mikiforè et les Bassaris n’ont aucun lien avec le Manden.

De plus, la Guinée Forestière qu’Alpha Condé désigne par le terme « la Forêt », habitée par les Kissiens, les Tomas et les Guerzés (qui s’appellent eux-mêmes Kpèlè) n’est pas de l’empire mandingue. Il y avait des royaumes et cultures correspondant à ces groupes ethniques, totalement différents du malinké.

La colonisation et l’occupation massive de la Guinée Forestière par des Malinkés remonte à la colonisation, quand les Français ont amené dans cette région, zone de cultivateurs, des administrateurs et des commerçants venus du Nord (Haute Guinée).

Les Malinkés de la Haute Guinée ont envahi massivement cette région, s’y sont installés, et s’y sont métissés, ce qui a donné une branche ethnique appelée « Tomas manians ». Celle-ci est minoritaire et son existence, qui est indéniable, ne permet cependant pas de dire que la Guinée Forestière est mandingue.

En déclarant que la Basse Guinée, la Haute Guinée et la Guinée Forestière sont mandingues, Alpha Condé veut ainsi dresser les ressortissants de ces trois régions naturelles de la Guinée contre ceux de la Moyenne Guinée, poursuivant ainsi son diabolique projet d’isolement puis d’extermination des Foulbhè de la Moyenne Guinée. Lors du second tour de la présidentielle de 2010, il proposera ouvertement l’alliance des trois régions contre les Foulbhè.

Dès son accession au pouvoir, Condé Alpha cible les Foulbhè et s’acharne farouchement contre eux. Les rares ministres foulbhè de son gouvernement sont étroitement encadrés, même s’ils ont le titre de ministre d’Etat, par des sous-ministres qui, même ayant un rang officiel inférieur, ont pourtant la réalité du pouvoir et décident en lieu et place de leur ministre de tutelle.

Pendant la campagne électorale présidentielle de 2010, Condé Alpha (sûr de sa victoire, sachant toutes les combines qui ont été organisées avec la complicité des autorités de la Transition et d’une partie de la communauté internationale) a promis qu’il reprendrait la Guinée « là où Sékou Touré l’a laissée ». C’est, du reste, l’une des seules promesses qu’il a tenues au cours de son mandat.

Cette promesse signifie qu’il va continuer de marginaliser les Foulbhè et, pire, entreprendre de les exterminer, ce qu’avait tenté Sékou Touré en 1976-1977 avec cette odieuse machination que celui-ci avait baptisée du nom de « Complot peul », et qui lui avait permis d’éliminer physiquement une personnalité comme Diallo Telli, le premier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, devenue l’Union Africaine, UA). Sékou Touré avait alors appelé à tuer les Foulbhè, appel qui, fort heureusement, n’avait pas été suivi.

Rappelons maintenant les crimes de sang commis par le pouvoir Condé Alpha contre les populations guinéennes, crimes qui ont commencé avant même qu’il ne soit investi comme Président de la République et qu’il a commis pour empêcher Cellou Dalein Diallo d’accéder à la magistrature suprême en Guinée aussi bien en 2010 qu’ultérieurement.

Dans sa politique d’incitation à la haine contre les Foulbhé, Condé Alpha et ses complices comme Louncény Fall portent une grave accusation contre ceux-ci, le 22 octobre 2010, entre les deux tours de l’élection présidentielle. Il accuse les militants de l’UFDG d’avoir empoisonné l’eau et les boissons traditionnelles des militants du RPG lors d’un meeting public au Palais du peuple. « Au moment où je vous parle, je suis au milieu des cadavres », déclare Louncény Fall à des journalistes de RFI et de la BBC. Les autorités de la Transition, dont le premier ministre, Jean-Marie Doré, accréditent cette fausse accusation. Ce dernier va jusqu’à limoger la directrice de l’hôpital Ignace Deen, Mme Binta Bambadion, qui avait déclaré que les laboratoires de cet établissement n’avaient pu établir aucune preuve matérielle de ce soi-disant empoisonnement. Jean-Marie Doré avouera lui-même, après l’élection présidentielle, que cette accusation était totalement fausse et avait été inventée de toutes pièces. Récemment encore, il a déclaré publiquement qu’il sait qui est à l’origine de l’affaire du faux empoisonnement et que c’est un secret d’Etat. Il devrait être poursuivi devant la justice pour ce témoignage si accablant pour les autorités de la Transition.

Condé Alpha utilise ce faux argument pour organiser des soulèvements populaires contre les Foulbhè vivant en Haute Guinée, et dont certains s’y étaient établi depuis plusieurs décennies, comme à Siguiri, à Kankan, à Kouroussa, à Kissidougou et même à N’Zérékoré (en Guinée Forestière). Un grand nombre de Foulbhé sont chassés manu militari de ces villes et certains d’entre eux sont tués, d’autres sont gravement blessés et leurs biens saccagés. Les rescapés iront se réfugier en Moyenne Guinée et en Basse Guinée. Toutes ces personnes seront ainsi privées de leur droit de vote et ne participeront pas au scrutin présidentiel du second tour de l’élection présidentielle de 2010 (voilà qui fausse encore ce scrutin). Condé Alpha n’est pas encore au pouvoir, mais il porte d’ores et déjà de nombreux morts sur la conscience.

Après un long séjour à l’étranger, au lendemain de l’élection présidentielle, Cellou Dalein Diallo rentre en Guinée, le 3 avril 2011. Ses partisans veulent lui réserver un accueil triomphal. Condé Alpha lance contre eux ses forces de sécurité qui les pourchassent jusque dans leurs domiciles dans les quartiers de Cosa, de Bambéto et de Hamdallaye. Les violences exercées contre eux et des Foulbhè innocents se soldent par un grand nombre de morts et des blessés par balles et armes de guerre.

A côté des nombreux morts anonymes, il y a l’étudiant Zakariaou Diallo. Lorsque sa famille s’est présentée au commissariat de police pour porter plainte, celui-ci a refusé de recevoir cette plainte sur injonction venant directement de la présidence de la République. Voilà un déni de justice que l’opposition aurait dû dénoncer vivement et publiquement, et porter plainte auprès de la cour de justice de la CEDEAO. En ne le faisant pas, l’opposition a délivré à Alpha Condé un véritable permis de tuer car il était assuré dorénavant de l’impunité.

Avant ce 3 avril 2011, il y avait eu, à la veille du second tour de l’élection présidentielle (7 novembre 2010), le viol de 5 jeunes filles à Labé, la capitale du Fouta Djallon. Durant plusieurs jours, ces femmes ont été séquestrées et ont subi d’abominables agressions sexuelles par des hommes en uniforme militaire.

Lors des manifestations pacifiques de l’opposition pour réclamer des élections législatives libres, transparentes et crédibles, qui auraient dû se tenir six mois après la présidentielle, en juin 2011, mais n’ont eu lieu que trois ans après, Condé Alpha a, à chaque fois, lancé contre elles ses forces de l’ordre, en réalité ses milices ethniques avec en tête les Donsos, en uniformes de l’Armée régulière, qui se livrent à d’épouvantables carnages, à l’arme blanche et par balles, contre la population civile désarmée.

A la mi-décembre 2012, Cellou Dalein Diallo a dressé le bilan de ces expéditions punitives contre les Foulbhè, dans une interview accordée à GuineeActu : « L’UFDG a enregistré 1162 arrestations, 653 condamnations illégales, 13 morts tués par les balles des forces de l’ordre. »

Ces milices ciblent plus particulièrement les Foulbhè, les pourchassant jusque dans leurs domiciles, dans les quartiers de Cosa, de Bambéto ou de Hamdallaye. Ce fut le cas tout au long de l’année 2011, puis de 2012, ainsi que le 27 février, le 2 mai, le 30 mai 2013 et les jours suivants. Elles entrent dans les maisons pour enlever nuitamment des jeunes de ces quartiers, les entraînent vers des lieux inconnus, les exécutent et les enfouissent dans des fosses communes.

Le 1er juin 2013, la Coordination Haal-poular (ceux qui parlent poular) et des médecins guinéens ont dressé un bilan provisoire des violences subies par les militants de l’UFDG : 54 morts, plus de 600 blessés dont plus de 400 par balles (des enfants en majorité), des morts dans les prisons dont le nombre est inconnu, de nombreux jeunes disparus enlevés nuitamment qui seront exécutés et jetés dans des fosses communes.

L’ancien premier ministre Lansana Kouyaté, président du parti PEDN, témoigne devant la presse française : « Actuellement, on rentre dans les familles, on réunit, on tue, on viole les femmes devant leurs maris et leurs enfants. ». El hadj Saïkou Yaya, leader de la Coordination Haal-poular, pour sa part, affirme : « Ceux qui rentrent dans les familles pour tuer les gens disent à leurs victimes : "Nous, nous sommes payés pour tuer le Peul". Objectif : éliminer les enfants peuls pour qu’il n’y ait plus de cadres peuls dans 10 ans, puisqu’ils nous ont sorti de l’administration. Le but, c’est d’éliminer l’ethnie. » Au total, on va dénombrer jusqu’à 63 morts par balles lors des manifestations publiques de l’opposition.

Venons-en à présent au faux attentat contre le domicile du président de la République. Face à la dérive dictatoriale du pouvoir Condé Alpha et au mécontentement populaire, après six mois d’une gouvernance chaotique, le premier vice-président de l’UFDG, Bah Oury, considéré par le pouvoir comme le chef de file de l’aile dure de ce parti, appelle le 13 juillet 2011, tous les partis de l’opposition et leurs militants à une grande manifestation populaire, qui risquait d’être appuyée par l’Armée, elle-même très mécontente des promesses non tenues. Pour conjurer le grave danger qui le menace ainsi, Condé Alpha a recours à une vieille ficelle utilisée par tous les régimes dictatoriaux, la fausse tentative de coup d’Etat ou le faux attentat contre la vie du chef de l’Etat. Le nouveau tyran guinéen use de ces deux procédés en même temps.

Dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011, à l’aube, des détonations d’armes de guerre sont entendues autour du domicile privé de Condé Alpha dans la banlieue nord de Conakry. Une partie de la maison est détruite. Condé prétend, devant les médias internationaux, avoir échappé miraculeusement à un attentat visant à l’éliminer physiquement. Dans la foulée, il attribue l’attentat à la communauté foulbhè : « Tous les assaillants sont de la même communauté », déclare-t-il, et ce, avant même le début de l’enquête. On découvrira que les tirs sont partis de l’intérieur de la villa et qu’il ne s’y trouvait pas. Mais, c’est l’occasion pour lui d’arrêter les officiers de l’Armée qui pouvaient constituer une menace pour lui, notamment les militaires proches de l’ancien président par intérim de la Transition durant l’élection présidentielle, le général Sékouba Konaté, son ancien complice devenu son ennemi, comme cela se passe toujours dans toutes les magouilles qui conduisent au pouvoir. Il est malheureux et honteux de voir l’ambassadeur de France en Guinée, Bertrand Cochery, accréditer cette grossière machination.

Mais quelle ne fut la surprise de l’opinion publique nationale et internationale de voir que c’est une simple commerçante foulbhè, Mme Fatou Badiar Diallo (mariée à un Malinké) qui est accusée d’être à la tête de l’attaque contre la résidence du Président par racisme et pour des motivations ethniques. Au terme de multiples péripéties, l’attentat contre la vie du chef de l’Etat devient une tentative de coup d’Etat attribuée aux Foulbhè.

La machination ne tarde pas à se dégonfler. La cour d’appel de Conakry prononce, le 2 juillet 2012, un non lieu en faveur des principaux accusés. Preuve que la justice guinéenne est aux ordres du pouvoir, Condé Alpha fait casser l’arrêt de la cour d’appel. Désormais, il s’agit d’une tentative de renversement du régime.

Le 13 janvier 2013, le procureur général de la République, Williams Fernandez, faux magistrat mais véritable narcotrafiquant, déclare devant la cour : « Si le coup réussissait, c’est un Peulh qu’on allait mettre au pouvoir. » Nous voilà revenus à l’ancienne doctrine du « complot peul » des années 1970. De nombreux prévenus, surtout des militaires, sont morts en prison des suites de mauvais traitements et de tortures. Les autres ont été condamnés à de lourdes peines de prison par une justice aux ordres d’un pouvoir tyrannique.

En Guinée Forestière, Condé Alpha joue encore à fond la carte ethnique. Là, il s’appuie sur la communauté mandingue pour diviser cette région et régner sur elle. S’appuyant sur les hommes armés de l’URD et de l’ULIMO, qui ont sévi au Liberia sous le régime de l’ignoble Charles Taylor (condamné, le 30 mai 2012, à 50 ans de prison, par la Cour pénale internationale), il lance ses mercenaires et ses forces armées fortement tribalisées contre les habitants du village de Zoghota. Ceux-ci n’ont qu’une seule revendication : obtenir des emplois au sein de la société brésilienne Vale, qui détient le permis d’exploitation du minerai de fer de la région. Mais, Condé Alpha cherche à expulser Vale et à revendre le permis d’exploitation à d’autres compagnies, en extorquant au passage des royalties à celles-ci.

C’est pour réaliser cet ignoble projet qu’une expédition punitive est lancée, le 5 août 2012, contre les villageois de Zoghota. Bilan : 5 morts et des dizaines de blessés par armes de guerre. Dans la foulée, les mercenaires de l’URD et de l’ULIMO détruisent les installations de Vale. Le but est de chasser celle-ci. Objectif atteint puisque Vale a fait ses valises.

Pis que cela, les violences interethniques qui ont éclaté, le 14 juillet 2013, à N’Zérékoré, puis se sont étendues à la ville voisine de Beyla, à partir d’un simple fait divers, ont été en réalité alimentées par les milices ethniques du pouvoir, à savoir les chasseurs traditionnels appelés Donsos et les éléments de l’URD et de l’ULIMO, armés et encouragés par le président guinéen. Le bilan officiel est de 100 morts. Mais, de source crédible, on avance celui de plus de 2 000 morts, à quoi s’ajoutent des centaines de blessés et de mutilés, d’innombrables dégâts matériels, des destructions d’églises et de mosquées (ce qui n’est qu’un faux fuyant), alors que le fond du problème est loin d’être religieux. L’objectif du pouvoir est d’opposer les Guerzés autochtones (ou Kpèlè) aux Malinkés afin d’établir la suprématie de ceux-ci sur la région en profitant de la situation pour chasser les Forestiers des centre-villes et les désarmer. Il circulerait d’ailleurs en ce moment en Guinée un ancien enregistrement d’une réunion du RPG au cours de laquelle il aurait été déclaré que si le RPG arrivait au pouvoir, on dirait un jour qu’il y avait eu des Kpèlè en Guinée. En d’autres termes, leur disparition était programmée.

Non seulement le pouvoir a mis à son service les chasseurs traditionnels, les Donsos, réputés être des sorciers, ce qui jette l’effroi et la terreur parmi les populations civiles, par force espèces sonnantes et trébuchantes, mais il a aussi vidé les armureries de l’Armée guinéenne, pour armer la milice ethnique qu’il a constituée et qu’il a baptisée du nom de « Gardes forestiers », ainsi que les miliciens de l’URD, de l’ULIMO et les Donsos (traditionnellement munis de vieux fusils de chasse et d’armes blanches, mais brandissant désormais des kalachnikov et des armes automatiques modernes).

 

Alpha Sidoux Barry

Président de Conseil & Communication International (C&CI)

 

(1)Cet article est l’actualisation d’une partie du document « Alerte rouge sur la préparation du génocide contre les Peuls et le projet de guerre civile en Moyenne Guinée lancé par le président Condé Alpha » co-signé par Alpha Sidoux Barry, Ibrahima Kylé Diallo, Sadio Barry, Lamarana Petty Diallo et Saliou Bah.

(2)Interview que j’avais recueillie à Conakry comme Directeur de publication de Guineeactu.info et publiée sous le titre : « Le régime de Condé Alpha jugé par Cellou Dalein Diallo ».