Dadis par-ci, Dadis par-là, le nom de l’ex-chef de la junte guinéenne du CNDD, capitaine Moussa Dadis Camara est sur toutes les lèves en Guinée, notamment à Conakry. L’ancien président du Conseil national pour la démocratie et le développement a annoncé le 11 mai passé, à Ougadougou (Burkina Faso) son intention d’être candidat à l’élection présidentielle guinéenne d’octobre prochain.
Après avoir annoncé sur la BBC et la RFI son éventuel retour en Guinée entre le 20 et le 25 juin, les mouvements de soutien en sa faveur se multiplient pour exiger son retour en Guinée à tout prix. Des mouvements de la Guinée-Forestière, sa région d’origine. Le 20 juin, au terrain de Lambanyi dans la commune de Conakry, au Nord-est, la Coordination des jeunes de la Guinée-Forestière a organisé un meeting pour réclamer son retour. Ils étaient une centaine pour demander à cor et à cri le retour du « Moise national », à la fois convalescent et exilé. Les manifestants n’ont pas manqué de slogan : « Bienvenue en Guinée, son excellence Moussa Dadis Camara le patriote. Nous vous soutenons », a-t-on lu sur une des banderoles.
Le chargé de la communication de ladite coordination et des mouvements qui soutiennent Moussa Dadis, Emmanuel Fassou Sagno, s’est exprimé au micro des journalistes : « Il s’agit de montrer que nous sommes de cœur avec lui et qu’il est le bienvenu en Guinée. Il fallait organiser cette manifestation pour annoncer sa venue. Plus loin, il fallait sensibiliser et informer les sympathisants qui seront à l’aéroport pour l’accueillir ». Vêtu d’un Tee-shirt à l’effigie de l’ex-putschiste, Jean Haba, président du Mouvement du guide pour la démocratie en Guinée, MOGUIDEG, est catégorique : « Nous avons décidé de nous mettre ensemble pour baliser le terrain et accueillir Dadis. C’est lui qu’il faut à la Guinée. Notre travail consiste à préparer son arrivée. C’est un enjeu politique très important, ce qui fait qu’il n’y a pas une date précise mais on a l’intervalle du 20 au 25 juin. Cette date ne passera pas sans qu’il ne soit là. » Il prêche la paix à l’endroit des Guinéens auxquels il indique : « Si on doit envoyer Dadis à La Haye, il faudrait que ce soit à partir d’ici. Il a droit de rentrer en Guinée ».
Pour l’un des responsables de la coordination des jeunes de la Guinée-Forestière, l’ancien putschiste est une autre victime des crimes et viols du 28 septembre 2009 : « Cela a été organisé pour la chute de Moussa Dadis Camara. C’était contre sa personne. Malheureusement, il y a eu d’autres victimes. Ce que je n’ai pas compris, pourquoi depuis l’attentat contre sa personne le 3 décembre 2009, la justice guinéenne n’a rien fait pour situer les responsabilités. Nous déplorons les massacres du 28 septembre et réclamons justice, mais on devrait au moins engager des poursuites judiciaires, pour que ceux qui ont essayé d’attenter à la vie de Dadis soient arrêtés, jugés et condamnés. Même les organisations de défense des droits de l’homme n’en parlent pas. » Il dénonce une justice à deux vitesses.
Le meeting de Lambanyi a été perturbé sans affrontement par le maire de la commune de Ratoma Sékou Batouta Camara, accompagné d’une meute d’agents des forces de sécurité. Le maire a demandé aux organisateurs l’acte qui les autorise à tenir le meeting. Ceux-ci ont répondu qu’ils ont adressé à la commune une lettre d’information à la Commune qu’une secrétaire a déchargée. Sakou Batouta Camara a quitté les lieux, après s’être rassuré que le meeting était à son terme.
Depuis que Dadis a annoncé son retour au bercail entre le 20 et le 25 juin, le pool des juges guinéens qui travaillent dans les massacres du 28 septembre, a inculpé 13 officiers supérieurs de l’armée guinéenne, membres de la junte du CNDD. Emmanuel Fassou Sagno se demande pourquoi ce n’est que maintenant que la machine judiciaire s’est enclenchée « Est-ce pour dissuader Moussa Dadis Camara de rentrer ? Est-ce pour l’intimider ? Nous savons qu’il est en route, il rentrera. Et le droit sera dit », essaie-t-il d’haranguer la centaine de manifestants. Pour le moment il n’y a pas de certitude que l’ex-capitaine et chef de la junte du CNDD rentrera en Guinée comme annoncé. Mais les mouvements de soutien qui militent en sa faveur sont convaincus et préparent avec faste son accueil à l’aéroport international de Conakry-Gbessia. Rappelons qu’après le décès de sa maman en avril 2012, le capitaine Dadis ayant été permis de fouler le sol guinéen depuis 2009, n’est entré par N’Zérékoré, la capitale de la Guinée-Forestière, à plus de 1000 kilomètres au Sud de Conakry.
Frederic Haba pour www.guinee58.com