Les leaders de l’opposition très attendus ce 20 juin, pour participer au dialogue inter-guinéen après que leur camp a obtenu hier l’annulation du chronogramme électoral relatif aux élections locales ont brillé par leur absence. Le dialogue entamé il y a 48h est bloqué ce samedi, a-t-on constaté sur place.
Il reprend lundi, 22 juin, à 14h, a-t-on appris des participants au dialogue. Selon Mamadou Baadiko Bah de l’Union des forces démocratiques (UFD) qui a remplacé Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition, également absent, le dialogue est bloqué du fait que l’opposition a exigé à la CENI un « acte en bonne et due forme » qui confirme l’annulation du chronogramme électoral relatif aux communales. Une question qui, selon lui, a eu « un écho favorable », parce que acceptée par les parties au dialogue. Mais, ajoute-t-il, « dans la salle, la CENI promet simplement qu’elle va le faire conformément aux accords à passer, mais elle ne nous a apporté l’acte que nous attendions. Donc, on n’a pas pu continuer l’ordre du jour. » Il espère que d’ici lundi, « le terrain sera totalement déblayé et que nous aurons un acte en bonne et due forme permettant d’aborder les neuf points inscrits à l’ordre du jour du dialogue ».
Le représentant de la mouvance présidentielle, Amadou Damaro Camara, rappelle qu’hier l’opposition et la mouvance avaient obtenu un accord sur l’annulation du calendrier électoral en sa partie communale et communautaire. « Encore une fois, l’achoppement, c’est le respect de la loi (…) La Ceni après sa plénière a trouvé qu’elle avait des problèmes d’ordre techniques et juridiques d’annuler le chronogramme établi sur la base d’une étude sérieuse et que si elle devait l’annuler, il faut qu’elle ait une indication de la périodicité souhaitée par la classe politique. Nous avons donc dit à nos collègues de l’opposition que nous sommes d’accord d’annuler, mais est-ce que tout au moins on peut commencer à discuter pour que les résultats de nos discussions soient intégrés aux agrégats qui vont permettre à la CENI de fixer un nouveau chronogramme. Ce qui n’a pas été obtenu.» D’où, selon lui, l’appel de la communauté internationale, qui leur a « sagement conseillé que le week-end soit utilisé pour des consultations. Et lundi à 14h, nous allons reprendre les débats avec espoir que les esprits vont aller dans un sens un peu plus conciliant que ça ne l’est aujourd’hui. »
Le représentant de Ban Ki-monn en Afrique de l’Ouest, Mohamed In Chambas, observateur de ce quatrième dialogue inter-guinéen a adopté le langage diplomatique. Il s’est dit satisfait de « la bonne manière dont le médiateur (Cheick Sako Ndlr) gère les travaux du dialogue ». La communauté internationale est satisfaite « du professionnalisme et de l’équidistance démontrés par la médiation. Ce qui est encourageant ». Et de jeter des fleurs à l’Opposition et à la mouvance présidentielle pour leur « disponibilité à continuer de dialoguer pour qu’on puisse aller aux élections inclusives, transparentes et crédibles » en Guinée. Il assure que la communauté internationale est disposée à accompagner la Guinée en vue de « trouver les moyens d’aider le pays pour des élections inclusives, transparentes et crédibles. »
Le ministre Cheick Sako, président du dialogue confirme la décision « d’ajourner les travaux du dialogue pour une reprise lundi prochain à 14h. » Caressant les deux parties dans le sens du poil, il leur dit que « toutes les décisions qu’elles ont arrêtées consensuellement seront appliquées ». Il a promis d’être à l’écoute de toutes les parties du dialogue, en vue « d’affiner certains points de blocage afin que lundi, les débats puissent avancer dans le sens souhaité par tous les Guinéens. »
Selon une indiscrétion, le dialogue est bloqué quand il a été demandé à la délégation de l’opposition de fixer une date pour la tenue des élections communales et communautaires. Bakary Fofana aurait argué qu’il lui faut une date à proposer à l’ensemble des commissaires de la CENI pour discussion et/ou adoption, avant de prendre une quelconque décision qui annule le chronogramme électoral lié aux élections locales. Les représentants de l’opposition auraient rétorqué qu’il ne leur revient pas de proposer une date à la CENI. On est toujours dans le doute de savoir si l’élection présidentielle du 11 octobre se tiendra avant ou après les élections locales pour élire les maires en lieu et place des délégations spéciales actuelles, illégalement nommées par Alpha Condé, juste après son investiture.
Si le dialogue continuait sur cette lancée, il ne pourrait se diriger que tout droit vers l’échec. Les conséquences pourraient être dangereuses pour la paix et la stabilité de la Guinée, qualifiée « scandaleusement » de « havre de paix dans la sous-région ouest-africaine ».
Aliou Diallo pour www.guinee58.com