L'énième dialogue inter-guinéens était le 15 juin, c'est finalement ce jeudi 18 juin, que les acteurs politiques guinéens et leurs partenaires ont entamé les débats à huis clos, a-t-on assisté sur place. La salle des Actes du Palais du peuple de Conakry a servi de cadre à la rencontre. La rencontre a réuni l'opposition républicaine représentés par quatre leaders dont Aboubacar Sylla, porte-parole et président de l'Ufc, Mamadou Baadiko Bah de l'Ufd, la mouvance présidentielle (entre autres, Amadou Damaro Camara, Lansana Komara, Saliou Bella Diallo), la CENI (Bakary Fofana, Ibrahima Kalil Kétita, Etienne Soropogui, Mme Djenabou Touré, entre autres également), la Présidence de la République représenté par Kiridi bangoura, ministre secrétaire général et porte-parole de la présidence, le gouvernement (Cheick Sako de la Justice, Abdoul Kabélé Camara délégué à la Défense, Boureima Condé de l'Administration du territoire et de la décentralisation) et des diplomates dont l'Ambassadeur de France en Guinée, Bertrand Cochery, celui des États-Unis d'Amérique en Guinée, Alexander Laskaris, Jacqueline Zaba de la CEDEAO. Les débats ont été dirigés par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas.
Après un peu plus de quatre heures de discussions, le diplomate Ghanéen, Mohamed Ibn Chambas, est "encouragé" par les premières discussions du dialogue. Sa réaction: "Je vais juste vous dire que le dialogue a bien démarré cet après-midi. Nous avons vraiment eu une séance encourageante. J’aimerais d'abord féliciter le gouvernement et l’opposition d’être venus pour s’asseoir, discuter et trouver un moyen d’arriver à un consensus qui peut nous permettre d’aller à des élections inclusives et apaisées en Guinée. Nous sommes vraiment encouragés de ce que nous avons vu. Nous, Nations-unies et communauté internationale, nous sommes des observateurs mais nous sentons un bon esprit peut-être animé par l’esprit de Ramadan, ce mois de pardon, de consensus, de compréhension. Donc, nous sommes vraiment encouragés. Ce que nous avons vu aujourd’hui nous encourage. On veut avoir des résultats vraiment bien pour pousser les choses vers des élections apaisées et inclusives ici en Guinée. Selon lui, tous les acteurs du dialogue sont animés par "un esprit de coopération, d'entente".
Le porte-parole de l'opposition, Aboubacar Sylla, a également exprimé son avis sur la première journée du dialogue. Il a d'entrée indiqué que l'opposition est représentée par une "délégation réduite" qui a "pour mandat de venir discuter d'une question préjudicielle que nous avions déjà évoquée, qui est une de nos préalables, à savoir l’annulation pure et simple du chronogramme électoral portant sur les élections communales." La question n'est pas close ajoute-t-il et sera reprise demain, vendredi à 10h avant de se pencher sur les questions de fond. Selon lui, pour "le moment les choses se passent plus ou moins bien même si les discussions sont parfois très houleuse." Et d'ajouter que le chronogramme de la présidentielle ne pose pas de problèmes à l'opposition, parce qu'il est conforme à la loi. C'est "celui des communales qui nous pose problèmes parce qu'il viole et la constitution, et le code électoral et les actes internationaux ratifiés par la Guinée. Nous espérons que les uns et les autres vont être inspirés par le mois saint de Ramadan et qu'on pourrait parvenir à un consensus pour qu'on sorte de cette question préjudicielle et qu'on s'attaque aux questions de fond."
Le président du groupe parlementaire du RPG-arc-en-ciel, Amadou Damaro Camara, représentant de la mouvance, a également réagi. Il déclare que comme il fallait "s'y attendre, il y a eu des points d'achoppement. On a planché sur l'établissement d'un ordre du jour pour les jours à venir, malheureusement il y a un point qui fait partie des préalables au dialogue pour participer au dialogue, qui est le point préjudiciel pour rester au dialogue, il s'agit de l'annulation du chronogramme en sa partie élections communales et communautaires." Selon lui, la mouvance a souligné qu'il n'est pas "question de demander à une institution républicaine d'annuler dans la salle un chronogramme qu'elle a déjà établi." Et qu'il ne revient pas à la mouvance de " l'annuler, de demander à la CENI de l'annuler." "Nous avons recommandé qu'il faut qu'on apprenne dans ce pays, à respecter la loi. On ne peut pas avoir une assemblée nationale qu'on quitte délibérément et chaque fois vouloir modifier, amender, créer des lois par des hommes politiques autour d'une table, alors qu'il y a des élus de la nation."
Après leur huis clos de quatre heures, les journalistes ont vécu un long entretien entre les diplomates américain et français, avec le ministre guinéen de la Justice, chargé du dialogue, Cheick Sako. Les caméras et appareils photos n'ont pas raté la scène.
Le dialogue attendu risque de ne pas répondre aux attentes de ceux qui appellent à l'entente pour l'organisation des futures élections en Guinée. Mais attendons de voir.
Aliou Diallo pour www.guinee58.com