La rencontre attendue ce 5 juin entre l’opposition et le gouvernement a eu lieu au Quartier général de l’UFDG à Hamdallaye (Conakry). Trois responsables du gouvernement et le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, entouré de quelques acteurs de l’opposition, se sont retrouvés à huis clos, durant deux heures, a-t-on vécu sur place.
Une « rencontre informelle », a déclaré Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition, à l’issue de la rencontre. Ajoutant que les deux parties ont « passé en revue tous les obstacles qui empêchent l’ouverture de ce dialogue de manière à les lever le plus rapidement possible pour qu’en Guinéens, nous nous retrouvions très rapidement autour de la table afin de discuter des questions qui nous opposent pour sortir enfin de cette crise que traverse la Guinée depuis très longtemps. »
Rappelant de passage que l’opposition a réitéré les conditions d’ouverture du dialogue aux émissaires de Alpha Condé. Il s’agit de l'annulation du calendrier électoral fixé par la CENI sans consultation de l’opposition, et qui prévoit d’inverser l’ordre des élections (la présidentielle en octobre 2015, les communales et communautaires, le premier trimestre de 2016). Le gel des activités de la CENI comme 2013, est l’une des conditions réitérées par l’opposition avant le dialogue. Selon Aboubacar Sylla, l’opposition a également demandé à la délégation gouvernementale la libération des militants de l’opposition interpellés lors des dernières manifestations politiques à Conakry, jugés par « une justice aux ordres », condamnés et emprisonnés. « Leur libération créera les meilleures conditions de sérénité du dialogue » a souligné le porte-parole.
Celui-ci a aussi dénoncé la révision exceptionnelle du fichier électoral en cours. M. Sylla déclare que l’opération est entachée de « graves anomalies », avant de dénoncer que « dans certains fiefs du pouvoir, il y a des enrôlements massifs de mineurs. Cela a atteint des proportions telles que nous considérons que le fichier est en voie de tripatouillage, qu’il est en train d’être un fichier corrompu, et donc il ne peut pas servir de base à une élection transparente acceptable par tous ».
L’opposition a aussi exprimé sa revendication réclamant une restructuration de la CENI du fait que certains de ses représentants ont rejoint ceux de la mouvance présidentielle. Selon M. Sylla, la CENI ne disposerait « ni l’expertise, ni la crédibilité » pour « organiser les élections ». « Il y a lieu de se pencher sérieusement sur une réorganisation de cette institution ou sur l’adjonction d’une assistance technique comme en 2013 pour que la CENI puisse se doter de compétences techniques capables de relever son expertise et de l’amener d’être en mesure d’organiser des élections crédibles, transparentes aux résultats acceptables par tous », indique-t-il. Selon lui, la réunion s’est tenue « dans les meilleures conditions de sérénité. »
Le porte-parole de la délégation gouvernement, Cheick Sako, ministre de la Justice, Garde des Sceaux s’est montré prudent. Moins prolixe, il a déclaré « avec deux collègues du gouvernement, nous nous sommes déplacés au siège de l’opposition pour les rencontrer et surtout les entendre afin qu’on puisse ouvrir ce dialogue politique que tous les citoyens guinéens attendent. » Et d’annoncer qu’aujourd’hui, le gouvernement a rencontré l’opposition, demain, il sera « avec la mouvance. » A l’issue de laquelle le « gouvernement propose un cadre de dialogue, un ordre de jour. » Il a poursuivi en déclarant qu’au « visa de ces deux rencontres, nous pourrions proposer un certain nombre d’éléments nous permettant d’ouvrir ce dialogue.» Cheick Sako s’est rendu compte qu’il faut que « les Guinéens se parlent entre eux. Il faut que chacun se respecte, que chacun tienne compte des positions de l’autre. »
Rappelons que le gouvernement a engagé ces consultations entre opposition républicaine et mouvance présidentielle après les offices du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, tenus en début de semaine.
Aliou Diallo pour www.guinee58.com