Le régime d’Alpha Condé de Guinée est-il aux abois ? On pourrait répondre par l’affirmative. Après la marche et la paralysie qui a marqué la ville de Conakry le 7 mai, à l’occasion de la manifestation que l’opposition politique guinéenne a organisé, ce sont environ 2000 femmes de la ville de N’Zérékoré (950 kilomètres) au Sud-ouest de Conakry, dans la région forestière de la Guinée, qui ont battu le pavé dans la matinée de ce 8 mai. Elles exigent le retour de capitaine Moussa Dadis Camara, qui a dirigé la junte guinéenne du CNDD entre décembre 2008 et décembre 2009, en « exil forcé » au Burkina Faso depuis janvier 2010.
Une source indépendante que votre quotidien a contactée sur place indique que la marche des femmes était interdite la veille par les autorités régionales. Mais dès les premières heures de ce vendredi, nous raconte un habitant de la ville, les femmes ont bravé l’interdit pour se mobiliser devant les locaux du Gouvernorat de N'Zérékoré, désigné comme point de départ de la marche. Auparavant, des forces de l'ordre y ont été déployées pour les en empêcher. Le commandant de la gendarmerie mobile N° 10 de N’Zérékoré, Sâa Jospeh Dembadouno, s’est justifié sur le déploiement des gendarmes devant le gouvernorat. Il se serait dit « préoccupé que les marcheuses pour le retour de Dadis ne soient infiltrées par des mal intentionnés, pour troubler l’ordre public. »
Mais remonté par l’attitude des femmes qui ont décidé vaille que vaille de marcher, Dembadouno a prévenu à Mme Hélène Zogblémou : « Si vous marchez, nous allons taper vos fesses ». Mme Zogblémou, se disant porte-parole du Mouvement des Femmes de la Guinée Forestière pour le retour leur fils M. Moïse Dadis, MFGFMD, a répliqué : « Puisque nous sommes nombreuses, vous taperez beaucoup de fesses aujourd’hui, parce que nous allons marcher. » Pendant ce temps, d’autres femmes des environs de N’Zérékoré ralliaient, à bord de petits camions, le centre urbain de la ville, pour grossir les rangs des marcheuses.
En début d’après-midi des confrères rapportent que la coordinatrice du Mouvement des femmes de la Forêt pour le retour de Dadis a indiqué que les manifestantes « venues des villages, s’embarquent à bord de véhicules pour rentrer chez elles », indiquant que la marche n’a pas été réprimée par les agents des forces de l’ordre. Mme Zogblémou est plutôt satisfaite du déroulement de la marche : « Nos mamans ont fait des bénédictions partout, dans tous les carrefours. Elles ont fait des bénédictions pour le président de la République, Alpha Condé et pour le retour de leurs fils, le capitaine Moussa Dadis Camara. Je suis sûre que Dieu nous a entendu et nous sommes très contentes du déroulement de la manifestation », s’est-elle confiée à un confrère d’une des radios locales de N’Zérékoré.
Aux dernières nouvelles, aucun incident n’aura été enregistré durant la marche du « Mouvement des Femmes de la Guinée Forestière pour le retour leur fils M. Moise Dadis » comme on pouvait lire sur une des banderoles brandit par les manifestantes.
En 2010, après le premier de l’élection présidentielle, le deuxième candidat au second tour, Alpha Condé, en camapgne a promis la Guinée Forestière de faciliter le retour de leur enfant-chéri, capitaine Moussa Dadis Camara, en exil au Burkina Faso. Après sa victoire controversée au second tour et depuis son investiture jusqu’à date, Alpha Condé peine à tenir la promesse. Ce qui irrite aujourd’hui les femmes de N’Zérékoré.
Frederic Haba pour www.guinee58.com