La Diversité guinéenne est à la croisée des chemins. Croisée différente des croisades tristement célèbres, des ères féodales, qui pourtant, tant au XXIème Siècle, après les Empires et la colonisation, à se ressembler dans leur tristesse.
Tirer la sonnette d’alarme avant de penser sa beauté m’a paru mieux pensé en effet. Car d’origine Mandingue, de culture Foulah, d’adoption Benna et d’initiation Forestière, je ne suis insensible aux dangers qui nous guettent.
La chère langue Française nous regroupant autour d’elle, bien que chacun parlant avec aise et fierté sa langue dite maternelle, reste le pont, ô combien de fois utile à notre Diversité, ainsi qu’aux autres Diversités internationales face à la nôtre. Jusqu’ici, elle garantit l’existence de la rencontre, du dialogue, du partage et des échanges. La cohabitation pacifique reste tout au plus menacée, dans ce pays où Williams Sassine a su dire : « Transformez les murs noircis par la fumée, de vos cuisines en tableaux, et vous réveillerez le dieu qui dort en chaque noir. »
Agir pour rassurer toute la Diversité et s’atteler à réaliser ce petit rêve de Sassine, sera le petit bout de pas sur le petit bout de chemin, pour tout acteur, mais un bond de géant pour le peuple de Guinée. En effet depuis l’ère des lumières, Laye, Niane, Fantouré, Sassine, Monénembo…, la Diversité, plutôt notre Diversité semble stagner. Et partout naissent de misérables, tantôt fiers, tantôt désespérés. La place de la pensée dans la Nation ou plutôt la « Contrée », s’est offert une route secondaire. Pas plus célèbre qu’elle en a l’air. Et tristement, ces ères nouvelles restes tristes. Hélas !
Les guinéens chérissent tous le Konkoé, le Tô, le Kossan ou encore l’Aloko…, ces petites choses sans importance pour d’aucuns et ces grandes choses extraordinaires pour d’autres, simplifient dans leurs saveurs, ‘’le vivre ensemble’’, dont les peuples ont le plaisir de se partager. Des choses libertines comme l’Ataya ou le Dolo, rajoutent la saveur saline à ce cocktail.
La fragmentation tout de même de cette masse, en riches et pauvres, puis en très riches et très pauvres, ensuite en richissimes et misérables, a déchiquetée en lambeaux la société, par la seule différence d’assurance du futur. La confiance en soi en jeu et le repli rendu effectif ; naissent alors, de part et d’autres, des esprits claniques pour une quelconque solidarité.
Aurait-il fallut penser à mieux redistribuer les ou la richesse, dite nationale, pour ouvrir une porte et mieux donner de la place à la Pensée ? Les folies étatique et bourgeoise ont gangrené la course à l’embourgeoisement, illicite pour notre cas.
Cette folie devenue nationale et plébiscité pour finir ‘’culte’’, pour certains parmi nous, à émaillée nos belles gencives. Les larmes et l’immobilité pour les désespérés et le silence pour les déçus.
Quelle humiliation pour la soixantaine de pour cent de pères de familles qui ne peut subvenir aux besoins primaires de leurs familles, fussent-ils les trois plats journaliers ; aux côtés de ceux, pour lesquels, les enfants préfèrent des plats au plats, des bijoux aux bijoux, des véhicules aux véhicules, des vacances glorieuses aux mêmes?
On constate sans mentir que ce peuple, bien que souverain est malheureux. Dommage ! Doit – on dire. Car, à vrai dire, nous ne vivons plus ensemble, les uns avec les autres, mais, nous ne vivons plus que les uns aux côtés des autres.
Hélas ! Nous avons encore de penseurs, de la carrure de Monenembo, qui disent, être du côté des opprimés ; même si chaque jour, nous montrons à ceux qui se nourrissent de notre peur, que nous sommes incapables de nous unir pour nous défendre.
A Faakoudou ! Jureraient les Sow, Bangoura, Touré, Daff et Cissé, sur la tête de leur grand-père, dans ces circonstances. Le Sanakouya, dans toute sa teinte est en train de perdre sa voix au profit du politique, indélébile et éphémère. Lui qui, à un moment de notre existence, garantissait le ‘’vivre ensemble’’. Mais le refuge des misérables s’est avéré être l’identité, bien sûr conseillé par leur frustration et soutenu par le politique.
Pourtant identité et diversité se plaisent. La première caractérise la seconde. Elle l’enrichie et la gave de milles lumières. Mais ici, à travers le politique, elle lui donne autre vision ; autre sens. La méfiance. La peur !
Et alors, si les penseurs sont différents entre eux, et différents du politique, où seront leur place quand on se méfie de la Diversité, parce qu’elle fait peur ? Sans doute l’exil ou le suicide !
S’ils ne s’exilent pas, et ne se suicident pas non plus, ils ne trouveront soulagement à leur douleur que dans le silence et le vide. Et comme la nature a horreur du vide, les faiseurs d’à-peu-près s’accapareront de la scène et sermonneront avec certitude leur guerre sainte, parce que ceux que nous appelons nos élites auront échoué.
Et dans cet impasse, 2015 nous y a trouvé ! Quelles solutions durables possédons-nous ou inventerons-nous pour garantir la subsistance de la Diversité, et les perspectives d’une avancée dans la pensée entretenue ?
Les chercheurs guinéens auront-ils un nouveau lieu-dit de recherche, de documentation, de rencontre, d’échanges et de partage, entre eux-mêmes et entre eux et l’internationale ?
Là où le politique à faillit, il se doit référence à la pensée des chercheurs, qui s’inspirent du substrat pour panser les douleurs et penser l’avenir. Cette maison alors, pour dire en traditionaliste, sinon cet espace se doit d’être une référence et avoir une sacrée soutenance, pour enfin croiser les esprits pensants pour plus de création, que je nomme par influence du globish « Made in Guinea ».
A suivre…
Mohamed Lamine KEITA