manifestants_5Des heurts ont à nouveau eu lieu ce jeudi à Conakry dans la capitale guinéenne. L'opposition a maintenu un appel à manifester contre le processus électoral en dépit de l'invitation ce vendredi du chef de file de l'opposition par le chef de l’Etat Alpha Condé. Dans la soirée, le climat était à nouveau tendu sur place.

 

Le gouvernement parle de quatre blessés, dont deux civils blessés par balle, et deux arrestations. Selon l'opposition, il y aurait eu au moins dix blessés, dont quatre par balle, et dix arrestations. L'opposition dénonce par ailleurs l'attitude de certains militants du parti au pouvoir qui auraient incendié deux concessions et défoncé des boutiques dans le quartier de la Cimenterie, et ce sous la protection des forces de l'ordre, selon un des leaders.

 

De leur côté, les jeunes manifestants de l'opposition ont fait brûler des pneus dans plusieurs quartiers périphériques et se sont affrontés aux services de l'ordre à Cosa, Koloma ou encore Bonfi. La zone du marché Madina a une nouvelle fois été paralysée par ce climat de tensions.

 

Les forces de l'ordre ont par ailleurs cerné les domiciles des leaders de l'opposition, empêchant toute personne d'entrer ou de sortir. Cellou Dalein Diallo s'est dit choqué par cette décision du pouvoir : « Je ne comprends pas qu'à la veille d'une rencontre avec le président Condé, présentée par tous comme un signe de détente, je ne comprends pas que le chef de l'Etat décide de me séquestrer chez moi », a-t-il indiqué. Le président de l'UFDG semblait jeudi soir remettre en cause sa visite au palais présidentiel ce vendredi dans un contexte qualifié de « provocation ». Les leaders de l'opposition se consultaient dans la soirée sur la décision à prendre.

 

La détente ?

 

Le bras de fer entre le pouvoir et l'opposition se poursuit donc autour du processus électoral et de la transparence des prochains scrutins. Pour Mamadi Kaba, représentant de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) en Guinée, cette visite politique entre le chef de l'Etat et le chef de l'opposition serait pourtant un signe important de détente : « C’est très important parce que le fait pour les deux hommes de se rencontrer et de parler franchement, ça va amener à détendre un peu l’atmosphère, espère-t-il. Parce qu’actuellement la violence est devenue quasi quotidienne et les populations sont fatiguées de devoir tous les jours faire face à des manifestations qui n’en finissent pas. Cette rencontre doit pouvoir créer une détente. Je pense que la solution peut être trouvée s’il est posé comme question comment crédibiliser davantage le scrutin présidentiel. Je pense que ça peut permettre à tout le monde d’engager des réflexions qui produisent des résultats qui permettent à toutes les parties d’être rassurées davantage quant à la crédibilité du scrutin présidentiel. »

RFI