Tous les deux sont déjà connus des services de police et des autorités judiciaires mais aucun élément les concernant ne témoignait d’un passage à l’acte imminent, a déclaré jeudi Bernard Cazeneuve.
Les deux auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo ont été rapidement identifiés mercredi grâce une carte d’identité retrouvée dans la Citroën C3 abandonnée, près de la Porte de Pantin. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a diffusé les photos, de Chérif et Saïd Kouachi, âgés respectivement de 32 et 34 ans. Ils sont toujours recherchés alors que le beau-frère de l'un d'eux, Mourad Hamyd, 18 ans, également visé par un avis de recherche, s'est rendu mercredi soir au commissariat de Charleville-Mézières.
Les suspects de la tuerie n'étaient pas inconnus des services de police. «?Ces individus avaient fait l’objet de surveillance. Leur statut n’était pas judiciarisé (il n’y avait pas de procédure judiciaire en cours les visant). Il n’y avait pas d’élément les concernant témoigant de l’imminence d’un attentat?», a en effet expliqué jeudi matin Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, sur Europe 1. «?Nous prenons 100% de précaution, mais (...) ce n’est pas le risque zéro?», a ajouté le ministre au sujet de la prévention des attentats sur le territoire français.
Tous les deux nés à Paris
Né à Paris, dans le 10e arrondissement, Chérif Kouachi, le plus jeune des deux frères orphelins de leurs parents immigrés d’Algérie, aurait notamment eu un passé de petit délinquant avant de se radicaliser au début des années 2000, lorsqu’il a commencé à fréquenter la mosquée Adda’wa, dans le quartier Stalingrad de la capitale. Excité par un prédicateur qui dénonçait notamment l’intervention américaine en Irak, le jeune homme, alors livreur de pizzas malgré un diplôme d’éducateur, aurait fréquenté une poignée d’ultras qui se retrouvaient régulièrement pour préparer leur départ pour le Djihad. Ils faisaient ainsi ensemble du sport dans le parc des Buttes-Chaumont et auraient alors été initiés au maniement des kalachnikovs.
Chérif Kouachi avait d’ailleurs été interpellé en janvier 2005 alors qu’il s’apprêtait à s’envoler vers Damas dans l’espoir de passer en Irak pour se battre contre les troupes occidentales. Il avait lui-même raconté en détail son parcours, au tribunal correctionnel de Paris, lorsqu’il avait été jugé en mars 2008 pour «association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes». S’il avait comparu libre avec les autres membres de cette «filière des Buttes-Chaumont», il avait été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis et avait alors confié, selon un récit détaillé publié à l’époque par «Libération», qu’il était ravi d’avoir été rattrapé par la justice et de ne pas avoir à partir mourir en Irak.
Association de malfaiteurs
Deux ans plus tard, il s’était toutefois retrouvé mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La justice le soupçonnait alors d’avoir envisagé, avec d’autres militants, de faire évader de la prison de Clairvaux, dans l’Aube, l’un des auteurs des attentats de 1995 en France. Il avait finalement bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire mais la procédure avait permis aux services de renseignement de constater qu’il avait noué des liens étroits avec Djamel Beghal, l’une des figures de l’islam radical français.
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