taxi-brousseDeux taxis sont entrés en collision au PK6, sur la route nationale Kankan-Siguiri dans le village de Karfamoria, lundi 1er septembre. L’accident a fait quatre morts et une dizaine de blessés. Le drame a mis en ébullition mardi, les habitants de la sous-préfecture de Karfamoria (Kankan) qui ont mal apprécié l’accident. La colère a failli atteindre la ville de Kankan. Mais les autorités locales ont joué les sapeurs pompiers, pour rétablir le calme dans la cité.

 

Le Préfet de Kankan, Aboubacar Sidiki Kaba, qui était l’invité de la radio guinéenne mardi soir, dans son édition de 22h, a déclaré que l’accident a eu lieu suite à la « poursuite d’un véhicule par le syndicat de Kankan-ville jusqu’à Karfamoria-centre, sur la route de Siguiri. Le véhicule poursuivait un taxi en provenance de Conakry. » Le véhicule ayant dépassé le taxi a voulu l’obliger à s’arrêter dont le chauffeur n’a pas voulu s’exécuter. Au même moment, un autre taxi venait de Siguiri. « Et il y a eu collisium entre le taxi qui était poursuivi par le syndicat à bord d’un véhicule et le taxi qui venait de Siguiri. » Et de faire le bilan : « Sur le coup, le taxi s’est retrouvé les quatre roues en l’air. L’autre a fini sa course sur une maison. Sur place, il y a eu deux morts. » L’ambulance est venue de Kankan transporter les deux corps plus 9 autres blessés graves dont certains dans le coma. « Arrivés à l’hôpital régional de Kankan, deux des blessés graves rendront malheureusement la vie. Ce qui a fait quatre morts, 9 blessés, dont deux enfants grièvement », a expliqué le Préfet.

 

Pourquoi le syndicat pourchassait le taxi ? Aboubacar Sidiki Kaba explique les chauffeurs des deux taxis plus les passagers qui ont survécu à l’accident, se sont enfui avant l’arrivée des secours. Le véhicule qui pourchassait le taxi en provenance de Conakry, selon le Préfet qui cite le sous-préfet de Karfamoria, est revenu à Kankan sans sourciller. Les recherches pour les retrouver tous continuent. Après le constat fait par la gendarmerie, la police aurait été commise pour « retrouver le délinquant qui a pourchassé le taxi en provenance de Conakry. Les références de son véhicule leur ont été remises et la recherche continue ».

 

Ce qui a mis en colère les populations de Karfamoria qui ont voulu venger ces morts. La colère a failli mettre en ébullition la ville de Kankan où sont originaires toutes les quatre victimes mortes. Les sages de Karfamoria se sont rendus même à Kankan pour exiger la remise des dos d’âne qui avaient été érigés tout au long de Karfamoria-centre, mais qui ont été enlevés l’année dernière, suite à un accident causé par ses dos d’âne au cœur de la ville de Siguiri. Il y avait plusieurs morts. Toujours est-il que les sages de Karfamoria souhaitent que ces dos d’âmes soient remis dans leur zone. Ce qui, pour eux, pourrait parer aux accidents.

 

Certains lient l’accident à la mésentente entre de deux groupes de syndicats à Kankan. En août passé, le syndicat libre des transporteurs de cette zone et ceux de la représentation locale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) étaient à couteaux tirés dans la capitale du Batè autour du leadership dans la gestion de grandes gares routières de Kankan. Une mission gouvernementale avait été déployée à l’époque pour dissiper les ardeurs. Aujourd’hui, à en croire le Préfet de Kankan, c’est l’entente qui règne entre les deux groupes. M. Kaba ne lie pas l’accident de Karfamoria à cette brouille syndicale.

 

Selon des témoins, le calme est revenu à Karfamoria et les parents des victimes ont pardonné. La justice, quant à elle, aurait été saisie pour ouvrir une enquête. Attendons donc !

 

Rappelons que la préfecture de Kankan est la capitale régionale de la Haute-Guinée, fief du RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir. Située à plus de 600 kilomètres à l’extrême est de Conakry, Kankan enregistre ces derniers temps, des remous sociaux. Le dernier cas s’est passé le 6 août dernier. Les citoyens de cette ville avaient pillé et saccagé la résidence du Procureur, celui du gouverneur et la prison civile pour libérer tous les détenus, qui n’ont pas hésité à prendre le large. L’incident est survenu après une évasion de malfrats arrêtés plusieurs fois mais souvent libérés on ne sait trop commet. Les populations exaspérées par cette attitude narquoise des malfrats qu’ils disent être en complicité avec les autorités politiques et judiciaires locales, ont accusé le Préfet et le Procureur d’avoir permis la manœuvre. Ces derniers ont failli laisser leurs peaux. Elles avaient trouvé refuge dans le camp militaire, Soundiata Kéita, de Kankan.

Aliou Diallo pour www.guinee58.com