Confiné dans un silence total, depuis son cuisant échec aux dernières législatives, le président de la NGR Abé Sylla a récemment fait une sortie médiatique qui fait jazzer au sein du microcosme politique Guinéen.
Dans une interview accordée à nos confrères de mediaguinée, l’enfant de Kindia natal s’en est vivement pris au gouvernement de Sidya Touré.
Monsieur Sylla a accusé le gouvernement de Sidya Touré de l’avoir écarté dans l’électrification de la Guinée. « De retour aux Etats-Unis, j’ai donc initié un projet dont les composantes sont comme suit : Une centrale thermique de 36 MW à Manéa qui devrait être raccordée au réseau de transport de la ligne de Garafiri en vue d’alimenter les villes de Conakry, Dubréka et Kindia; Une centrale de 6 MW à Mamou pour la ligne de transmission du barrage de Kinkon à Pita ; qui devait permettre de satisfaire les besoins d’une bonne partie de la moyenne Guinée; Une centrale de 6MW à Faranah raccordée au réseau de transmission du barrage de Dabolah, afin d’alimenter les villes de Dabolah, Faranah et Dinguiraye ; Une centrale de 6MW à Kankan pour l’alimentation de la ville de Kankan ; et Une centrale de 6MW à Nzérékoré » détaille Abé Sylla.
Le président de la NGR poursuit ses révélations. Ce projet avait été présenté au Président de la République défunt, Lansana Conté, qui avait alors instruit le gouvernement de négocier un contrat de BOT avec AIS et ses partenaires Américains » affirme Monsieur Sylla.
« Au moment où nous achevions la fabrication et les essais des différents équipements ainsi que la préparation des sites pour commencer la phase de déploiement, feu le Président Conté venait de nommer pour la première fois un Premier Ministre en la Personne de M. Sidya Touré. Il est remarquable que l’une des premières décisions du nouveau premier Ministre a été l’annulation de notre projet de BOT au profit d’un contrat gré-à-gré, pour l’achat d’une série de groupes électrogènes d’occasion. Ces groupes qui avaient été installés pour l’éclairage de la ville de Conakry » dégaine Abé Sylla.
Il n’en fallait pas plus pour sortir Sidya Touré de ses gonds. C’est avec l’aisance verbale qu’on lui voue que l’ancien homme fort de la Guinée de 96 a répondu point par point aux accusations de M. Sylla. C’est sur le micro de nos confrères de Guineenews que l’enfant de Kakandé a balayé d’un revers de la main, les affabulations (pour reprendre ses termes) du président de la NGR.
« C'est de l'affabulation pure. Imaginez-vous qu'un Monsieur, fût-il celui qui vous parle là, est en mesure d'électrifier toute la Guinée tout seul ? J'ai été nommé Premier ministre en Juillet 1996. Nous avions une production à Tombo II de l'ordre de 10 MW. Donkéa et tous les petits barrages aux alentours de 30 à 40 MW. Un programme avait été établi que la Banque Mondiale devait financer, c'était Tombo III. A l'époque, le président Conté tenait à réaliser le barrage de Garafiri que la Banque Mondiale avait refusé de financer » livre Sidya Touré à nos confrères.
Dans la suite de son interview, le coordinateur de l’opposition Républicaine a tenté de démontrer le manque d’informations et les incohérences des propos de Monsieur Abé Sylla. « Alors, venir me dire que quelqu'un avait la possibilité de faire cela en BOT, moi, je n'ai jamais reçu un tel dossier. Mais il oublie une chose parce qu'en l’entendant parler, on sent qu'il n'est pas informé. D'abord, il n'y avait pas EDG (Electricité de Guinée) à l'époque mais la SOGEL (Société guinéenne d'électricité). La SOGEL est une société de droit privé où l'Etat Guinéen n'avait que 33 % contre 67 % pour la société canadienne Hydro Québec. Celle-ci avait signé un contrat avec le gouvernement guinéen pour exploiter le secteur de l'énergie jusqu'au-delà de 2002- 2003. Si quelqu'un d'autre vient dire qu'il va faire "Cooperate", c'est-à-dire que je veux faire cela à votre place, je pense que c'est avec ces sociétés qu'il fallait discuter. Moi, je n'ai jamais vu sur mon bureau un dossier concernant une telle opération, qui serait financée par tous les financements du monde »flingue le président de l’UFR.
Pour maints observateurs politiques, ces passes d’armes par médias interposés entre les deux hommes forts de la Basse Côte vont au-delà du simple problème d’électrification. Selon eux, les deux protagonistes ont déjà lancé les hostilités pour le contrôle du premier bastion électoral du pays afin d’être incontournable lors du prochain quinquennat.
Affaire à suivre …
Alkahly Daffé, www.guinee58.com, Washington