Le célèbre artiste Guinéen, Souleymane Koly s’est éteint il y a quelques jours à Conakry, où il a été terrassé par une fatale crise cardiaque. Installé à Abidjan depuis fort longtemps, il a finalement rendu l’âme auprès des siens sur ses terres natales de Guinée. L’homme n’est plus à présenter. Son nom et son œuvre se font ses portes paroles. D’ailleurs, les hommages sont ecoeumeniques. Tout le monde salue sa carrière et son talent et déplore une perte immense pour le pays.

Cependant, ce que les Guinéens ignorent ce que l’artiste se mourrait déjà il y a belle lurette de regrets et de remords face à la trahison du président de la République. En effet, Souleymane Koly faisait tranquillement la joie des Ivoiriens au pays d’ADO. A son arrivée au pouvoir, le président Alpha Condé lui a forcé la main pour rentrer au pays. L’argument du président était irrésistible « vient servir ton pays. La Guinée a besoin de toi. J’ai beaucoup de projets à te confier pour redresser la culture » lui avait-il dit. Pour vaincre l’ultime résistance de l’homme, le président Alpha Condé avait une autre arme. Il a fait appel, en l’occurrence à Papa Koly Kourouma, son ministre de l’énergie de l’époque et qui n’est autre que le frère de Souleymane Koly. C’est ainsi avec des arguments de poids fondés sur des projets et avec l’intervention du frère que Souleymane Koly s’est décidé à regagner le bercail.

Seulement, le temps passant l’artiste voit l’avenir flou. Après plusieurs rencontres avec le chef de l’Etat, il comprend qu’Alpha Condé ne veut rien lui proposer. Déçu, il s’interrogeait ces derniers temps sur l’éventualité d’un retour en Côte d’Ivoire. Il intervient plusieurs fois dans les medias à Conakry pour appeler à l’aide. Mais rien n’y fait. Optimiste, il finit par se convaincre que les choses vont se débloquer. C’est dans cette attente que la mort frappa à la porte et emporta l’artiste sans que sa volonté d’aider son pays ne se traduise dans la réalité.

Quant à Papa Koly il se meurt dans l’âme et se morfond dans les regrets d’avoir participé à trahir son frère et ce d’autant qu’il s’est montré impuissant voir insensible face à la sirène de secours de ce dernier.

Repose en paix l’artiste, le peuple, malheureusement, nourrira tes regrets, tes chagrins et ton désespoir d’un pouvoir et d’une gouvernance sans gouvernail.

 

Zenab Bangoura, www.guinee58.com, Conakry