batiment_chemin_de_ferPortes closes, point de véhicules dans la cour, tel était le visage que présentait ce 16 juin, dans les premières heures de la matinée, la Cité Chemin de fer située au cœur de la capitale guinéenne, dans la commune de Kaloum. Et pour cause ? Des agents chargés de la sécurité des lieux étaient entrés en grève.

Employés de la SOCOPRES (Société de Construction et de Prestation de Service), ils réclament quatre mois d’arriérés de salaire. Pour manifester leur mécontentement, ils ont bloqué les cinq accès qui mènent de ladite cité et ont interdit l’accès aux nombreux travailleurs des entreprises (banques, sociétés d’assurances, hôtel Casino, EDG) qui y ont leur siège.

Ils sont 56 grévistes qui accusent la SOCOPRES de leur payer un salaire en dessous du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti guinéen). 350 000 Francs guinéens par mois contre un SMIG fixé à 480 000 francs guinéens. Dérisoire. Pire, depuis maintenant quatre mois, ils n’ont perçu aucun centime de leur employeur. Selon les grévistes, ils ont mené de multiples démarches pour être payés. Sans succès. Ils pointent du doigt la direction générale du Patrimoine bâti public que dirige Jonas Mukamba Kadiata Diallo, depuis plus de trois mois. C’est le Patrimoine bâti public qui gère la Cité Chemin de fer, construite au temps de l’ancien président guinéen, Général Lansana Conté.

Les employés de la SOCOPRES n’ont pas lâché du lest. Mohamed Camara, superviseur général de SOCOPRES affirme que les agents sont « fatigués des promesses » fallacieuses qu’on leur lance depuis quatre mois. Il ajoute : «Nous avons bloqué l’accès pour que tout le monde sache les difficultés que nous endurons. Les agents sont payés en dessous du Smig. Nous demandons l’augmentation de notre salaire. Nous sommes payés à 350 000 francs guinéens alors que la loi dit que nous devons recevoir plus. Nous avons passé par la voie pacifique pour nous faire entendre, mais ils nous sous-estiment parce que nous ne sommes pas des militaires », regrette M. Camara. Un autre ajoute qu’il n’arrive plus à payer les frais de son loyer (une chambre et un salon), fixés à 150 000 francs guinéens. Il dit en avoir marre de ne pas recevoir son salaire à temps.

Si les travailleurs des différentes entreprises basées à la Cité Chemin de fer sont frustrés d’avoir été empêchés à travailler, bien d’entre eux soutiennent les manifestants de la SOCOPRES. L’un d’eux s’est confié à la presse : « Quand on m’a dit que les agents de sécurité ont bloqué l’accès parce que cela fait quatre mois qu’ils n’ont pas perçu leur salaire, j’ai trouvé que c’est normal, c’est légal qu’ils ferment toutes les issues. Le fait de rester trois  heures de temps sans entrer à mon lieu de travail me fait mal. Mais quand je pense aux employés de SOCOPRES et que je suis aussi salarié comme eux, je me dis que c’est normal  de les soutenir. J’espère que les autorités vont vite réagir. »

Tidiane Conté est un juriste et client d’une banque de la Cité Chemin de fer. Il témoigne : « Je suis venu suivre mon dossier que j’ai déposé  à la banque, il y a deux semaines. Je viens trouver que la cité était fermée. Cela a joué sur mon temps, après ici, je dois aller au travail. Mais je suis un défenseur des conditions de travail des travailleurs. Je soutiens les revendications de ces agents. »

Aux environs de 10h, heure locale, la Direction de la Société générale de Banques en Guinée (SGBG) qui a une succursale au sein de la Cité, s’est engagée à payer les grévistes. Convaincus par la banque, les grévistes ont rouvert les accès. Juste après, une file de véhicules s’est formée pour s’introduire en trombe dans les différents parkings de la Cité Chemin de fer.

Des gendarmes et des policiers débarqués sur les lieux à bord de trois pick-up et un camion ont regagné leur base, sans avoir dégainé.

Soulignons que Jonas Mukamba Kadiata Diallo, nommé il y a à peine trois mois comme Directeur général du Patrimoine bâti public, aurait hérité cette situation, selon un de ses proches. Lui, il parle moins à la presse. Sa secrétaire particulière que nous avons jointe au téléphone, nous a simplement promis de nous rappeler, le temps, selon elle, de prendre rendez-vous pour nous auprès de son Directeur. Apparemment, elle le fera le 30 février prochain.

 

Alimou Sow pour www.guinee58.com