arc_en_cielLe régime d’Alpha Condé serait-il aux abois? Il n’y a qu’un pas que certains ont franchi pour répondre par l’affirmative. Après la suspension de participation de l’opposition à l’Assemblée nationale jusqu’à nouvel ordre suivi de la menace de reprendre les manifestations de rue, la colère du FMI contre les canulars du pouvoir sur ses prétendues performances économiques de 2013, ce sont les populations de Siguiri qui en rajoutent aux soucis d’Alpha Condé et de  son gouvernement. Depuis la fin de semaine dernière, le pouvoir d’Alpha Condé est à couteaux tiré avec ce qui semble être la pire crise que son parti (il n’a pas encore démissionné du RPG-arc-en-ciel) fait face dans son fief de Siguiri, préfecture située à près de 800 kilomètres à l’extrême Est de Conakry.

Exaspérés par les agissements sur les populations de Siguiri de Sékou Savané, l’ex-secrétaire fédéral du RPG à Siguiri, aujourd’hui député uninominal, des centaines de jeunes de cette ville ont battu le macadam avec des slogans : « A bas Savané ». Décidés à mettre fin à leur colère et à leur désillusion après l’investiture de leur « enfant chéri » depuis 2010, ils ont saccagé le siège du RPG, déchiré les portraits d’Alpha Condé qui l’ornaient. Comme si cela ne suffisait pas, ils ont mis le feu sur tout ce qui semble être bien du parti. Les jeunes en colère ont calciné une case et une 4×4 du RPG. Et ce n’est pas tout. La concession de Daye Kamissoko, un des membres de l’Association des Jeunes pour l’emploi à Siguiri (AJPES), ainsi que d’autres cases appartenant à ses collègues ont été calcinées. S’y ajoute le siège de l’AJPES parti en fumée.


Il y a quelques années, le prédicateur le plus voyant ne pouvait annoncer pareille manifestation des partisans d’Alpha Condé contre le pouvoir actuel. Aux dernières nouvelles, les locaux administratifs sont protégés par une meute d’hommes en treillis militaires de l’armée guinéenne pour parer au pire.

Genèse de la manifestation


Honorable Sékou Savané plus des anciens du RPG-Siguiri en veulent à mort, selon des témoignages de jeunes Siguirikas, à Aboubacar Sidiki Traoré, nouveau maire de la ville, depuis sa récente prise de fonction. Rappelons de passage que M. Traoré a pris ses fonctions le 20 mai dernier, après son élection par les conseillers communaux, suite au décès, le 19 novembre 2013, de Nanamoudou Magassouba, alors maire de Siguiri.

Toujours est-il que les jeunes qui soutiennent Savané et compagnie en complicité avec d’autres férus du RPG tapis à l’ombre à Conakry, accusent M. Traoré d’être un transfuge du PUP (Parti de l’Unité et du Progrès) du défunt Général Lansana Conté. Pour eux, il ne peut occuper la tête de la mairie de Siguiri.

En fin de semaine passée, précisément le 6 juin, les « forces vives » de Siguiri ont organisé une marche pacifique pour sommer l’installation du maire élu. L’autorité préfectorale y a opposé un niet. Des marcheurs ont été arrêtés, frappés à sang par des jeunes acquis à la solde de l’honorable Sékou Savané, nous rapporte un Siguirika au téléphone. Parmi les victimes, on parle d’un certain Blasco Magassouba, partisan inconditionnel au maire Traoré. Il aurait été enlevé par des jeunes du clan de Savané et consorts, déporté à une quinzaine de kilomètres de la ville, déshabillé, tendu et sérieusement chicoté. Ses bourreaux pourraient avoir l’âge de ses enfants, dit un confrère qui a contacté une autre source de Siguiri. Malheureusement, l’un des auteurs a filmé cette scène répréhensible. La vidéo passe entre les téléphones par Bluetooth avant d’être postée sur les réseaux sociaux : face-book et You-tube, notamment.

On y observe un homme, la cinquantaine tendu par quatre gaillards, maltraité par un certain Moussa Sacko alias « Donadoni ». Mais la mésaventure de Magassouba ne s’est pas arrêtée là. Le pauvre et d’autres interpellés ont été mis au gnouf à Kankan, capitale de la Haute-Guinée, à environ 135 kilomètres à l’ouest de Siguiri. D’où les accusations contre les auteurs de ces « tortures » infligées à Magassouba et à ses malheureux compagnons. Il se dit à Siguiri, selon nos sources, qu’ils seraient de mèche avec l’autorité préfectorale et de Siguiri et de Kankan.  Il se dit également que personne ne risque de critiquer à Siguiri, Sékou Savané, (député, malvoyant). Même que ceux qui le critiquaient seraient sur une liste des jeunes « botteurs de fesse », pour être kidnappés et copieusement rossés.

Par ailleurs, selon d’autres témoignages, après la scène de pillage vécue à Siguiri ce 9 juin, ces « intouchables » ont pris la jambe au cou pour des destinations inconnues du public.

Les manifestants, selon un autre témoin, attendent la réaction du Président Alpha Condé pour voir s’ils vont baisser leur ardeur ou bien continuer leur rage contre l’administration locale à la solde du pouvoir et à l’AJPES qui serait la seule association de jeunesse reconnue par l’administration préfectorale. « La population attend la réponse que le Président Alpha Condé va donner à cette affaire de Savané. Parce qu’on ne veut plus de lui à Siguiri. Donc, il va falloir que le Président fasse le choix entre Siguiri et Sékou Savané », a déclaré un des manifestants joint par une radio privée de Conakry.

Le changement illégal des élus locaux par Alpha Condé au lendemain de son investiture risque lui être une pilule dure à avaler. Qui sème le vent, récolte la tempête, dit l’adage. Alpha ne regrettera rien. Sauf qu’à Siguiri, tout le monde sait que « les Magassouba » sont les fondateurs de la ville, et donc les « plus écoutés par tous les pouvoirs », avertit un habitant de Siguiri.

Dernière info


Selon les dernières informations en provenance de Siguiri, le gouverneur de Kankan, Nawa Damey a lui-même conduit Blasco Magassouba et ses compagnons d’infortune pour tenter d’apaiser les ardeurs. Les heures, jours ou mois à venir nous édifierons.

Aliou Diallo , www.guinee58.com