Le pouvoir de Conakry et le FMI ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Et pour cause ? Le 26 mai dernier, une mission du Fonds monétaire international conduite par un certain Harry Snoek séjourne à Conakry. Pour parler de la facilité élargie de crédit que le Conseil d’Administration du FMI a approuvé le 24 février 2012, pour un montant de 128,52 millions de DTS (Droits de Tirages spéciaux), soit 198 millions de dollars américains. Au terme de sa mission, l’hebdomadaire satirique guinéen « Le Lynx » paru ce lundi 9 juin titre en page interne : « Facilité élargie de crédit Guinée-FMI/Une croissance économique contestée. »
De toute évidence, rapporte le confrère, M. Snoek n’était pas disposé à recommander le décaissement des 28 millions de dollars au titre de cette cinquième revue. Le chef de la mission du FMI n’a pu quitter Conakry le 6 juin comme prévu. Il a quitté hier dimanche, 8 juin, selon nos sources.
Et le journal de poursuivre que « la nuit du 6 au 7 juin a été, selon plusieurs témoignages, un véritable cauchemar pour le Président Alpha Condé. Qui n’aurait pas manqué de secouer ses lobbyistes et de multiplier “ les c’est-à-dire ” auprès de toutes ses connaissances au sein du Conseil d’administration du FMI. Qui réussiront à ramener le camarade Snoek à des meilleurs sentiments. Afin d’accorder une dernière chance à la Guinée en retardant son départ pour Washington. Faute d’accord » rapporte le satirique. Qui précise aussi que les missionnaires du FMI et le gouvernement guinéen n’ont pas animé leur traditionnelle conférence de presse conjointe, également prévue le 6 juin, alors que les cadres guinéens avaient rédigé un projet de communiqué que M. Snoek aurait trouvé, dans un premier temps, inapproprié. « Les entretiens que Snoek a eus avaient été centrés sur les développements économiques récents et les perspectives de croissance, la mise en œuvre du programme FEC en 2013 et les politiques macroéconomiques pour 2014. »
Par ailleurs indique le confrère, les deux partenaires n’émettent pas sur la même longueur d’onde pour parler du taux de croissance annoncé par la Guinée. Ils ne sont pas parvenus à un accord conjoint sur la croissance économique. Selon nos informations, le FMI a eu « la désagréable surprise de découvrir que le taux de croissance réel de 2013 est de 2%. Toute chose que le gouvernement a contesté. Après moult vérifications doublées de négociations, ce taux a été revu à 2,3%. L’on rapporte que le taux de croissance prévisionnel 2014 a été fixé par le FMI à 3,2%. Au regard des contestations formulées par la Guinée, le FMI aurait décidé d’accepter une croissance prévisionnelle négociée de 3,5%. »
Toujours selon le satirique, le 3 juin, la Direction nationale du Plan et de la Prospective a formulé des observations et recommandations qui ont fâché les délégués du FMI. Il s’agit de la non prise en compte de certaines productions agricoles dans les estimations, par manque de données. La croissance des produits d’exportation a baissé de 7,5% à 5,5% pour 2010. Dans cette dégringolade de la performance guinéenne, le ministère du Plan note que l’arrêt de la raffinerie de Friguia a baissé la croissance du secteur minier en 2013. Au fond, les données du Bureau national d’expertise des matières précieuses n’ont point rassuré les missionnaires du Fonds.
Aussi, les observations du ministère du Plan notent la baisse drastique de la consommation définie par les importations et la production locale, qui n’ont pas permis d’aller au-delà de 8,5% malgré la prise en compte des efforts des investissements publics. Il est aussi reproché au FMI, l’utilisation de la moyenne du secteur primaire et secondaire excepté l’énergie, pour évaluer le commerce et le transport pratiqués par les précédentes missions du Fonds. Ce qui pourrait permettre de passer de 2,5% de croissance à 3,6% en 2013 et 4,1% en 2014 contre 3% retenu par le FMI. La Guinée accuse le FMI d’avoir fait une surestimation de l’impact de l’épidémie Ebola en 2014. La Guinée a souhaité une prise en compte de l’effet multiplicateur des investissements précédents, des nouveaux investissements et les mesures d’accompagnement prévues en 2014. La Guinée d’Alpha Condé, poursuit le journal, estime que cela pourrait améliorer le rendement et accroître la superficie de la principale spéculation agricole (riz) pour atteindre un taux de croissance de l’agriculture de 6,5% contre 5,2% retenu par le FMI. C’est dans cette logique que le gouvernement guinéen a revendiqué une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,5% contre 2,3% retenu par le FMI pour 2013 et 4,0% contre 3,5% décidé par l’équipe de Harry Snoek.
Vers une augmentation du prix du litre de carburant
Parant de la situation sociopolitique difficile du pays et le ralentissement de l’activité dans le secteur minier, l’équipe de M. Snoek a déploré le déficit budgétaire 2014 d’environs 1000 milliards de Francs guinéens. Les discussions budgétaires se sont focalisées sur les perspectives du budget pour le reste de 2014. La mission a encouragé l’adoption rapide d’un code des investissements pour réduire l’incertitude et promouvoir les investissements. Elle appelle de tous ses vœux la finalisation des textes d’application du code des marchés publics et du code minier, indique l’hebdomadaire satirique du lundi. Selon le communiqué diffusé par les parties prenantes, en 2013, l’économie guinéenne a subi une situation sociopolitique difficile et un ralentissement de l’activité dans le secteur minier. En conséquence, la croissance a été estimée à 2,3% seulement avec une inflation de 13% en 2012 contre une prévision de 10% en 2014.
« La revue à la hausse des prix des produits pétroliers, au plus tard le 30 juin, a été souhaitée par le FMI conformément aux recommandations de l’Union patronale des pétroliers de Guinée », rapporte le journal. Guinee58 n’a pu toutefois joindre le Président de l’Association nationale des transports pétroliers, Nana Kéïta alias « Nana Télico » pour confirmer la nouvelle. La dernière augmentation du prix du litre de carburant qui a passé de 9 500 à 10 000 francs guinéens date du 31 janvier 2014. Si cette mesure avait légèrement affecté les tarifs de transport, celle qui est en vue risque de les affecter, avec des conséquences imprévisibles.
La rédaction de www.guinee58.com