rabiatou_seraOn le sait. Demain mardi 13 mai, le mouvement syndical guinéen menace de déclencher une « grève nationale illimitée des travailleurs de tous les secteurs : public, mixte, privé, informels et retraités de Guinée » s’il n’obtient pas, de la part du gouvernement, la « satisfaction totale de leurs revendications. »

Des négociations étaient en cours. Ce que les uns et les autres ignoraient, ce qu’à la même date du 13 mai, à 10h, heure locale, Hadja Rabiatou Sérah Diallo, ex-présidente du CNT (Conseil National de Transition) en Guinée est convoquée à la barre du Tribunal de première instance de Dixinn. Elle répondra ainsi à une plainte du juge d’instruction, Morlaye Soumah, pour « témoignage ». Quand vous lisez la plainte de M. Soumah, vous n’obtiendrez pas d’avantage d’explications. C’est du moins ce qu’a appris Guinee58 de sources confidentielles. Hadja Rabiatou Sérah aurait reçue ladite pliante depuis le 7 mai d’un Officier de Police Judiciaire, à son domicile de Taouyah, banlieue nord-est de Conakry.  

Répondra ? Ne répondra pas ? Dans une interview accordée le 9 mai, à un hebdomadaire satirique guinéen paru ce lundi matin à Conakry, Hadja Rabiatou Sérah Diallo a déclaré : « Oui, je répondrai à la convocation ! Je ne suis pas au-dessus de la loi. J’ai géré la loi, je la respecte. Je vais répondre à cette convocation du tribunal de première instance de Dixinn. Je suis convoquée pour témoigner, je ne sais pas sur quel sujet, ce n’est pas mentionné. C’est ce que je déplore. J’aurais souhaité savoir le sujet pour lequel je dois témoigner. Est-ce que c’est entre deux personnes ? Est-ce que c’est entre l’Etat et d’autres personnes ? Est-ce que c’est suite aux événements qu’on a connus ? Je ne sais pas encore, mais je vais répondre, je ne suis pas au-dessus de la loi », a martelé l’ex-présidente du CNT.

Vous savez quand même celui qui vous a convoquée, l’a questionné le confrère. Rabiatou Sérah Diallo a répondu : « Oui ! C’est le juge d’instruction. Je répondrai présente, le 13 mai, à 10 heures, au tribunal, devant le juge pour savoir de quoi on me reproche ou pourquoi je suis interpellée. »

Qui est le plaignant ? « Je ne sais pas encore. Je ne peux rien vous dire parce que c’est le juge d’instruction qui me demande de me présenter. Je ne sais rien. La convocation est très vague. Je suis citoyen, je dois donner le bon exemple. Je ne suis pas au-dessus de la loi, je dois plutôt la respecter. Je dois avoir confiance à la justice guinéenne, je ne me reproche de rien. »

Syndicaliste dans l’âme, vous êtes convoquée le jour même où la centrale syndicale menace d’aller en grève si leurs revendications ne trouvent pas satisfaction. Hadja Rabiatou paraît sereine avant d’être un peu évasive : « C’est leur droit, c’est le dernier recours des syndicats si les négociations n’ont pas abouti. Lorsqu’on accomplit son devoir et qu’on n’a pas son droit, la grève est le dernier recours. C’est un droit reconnu au syndicaliste. Pourvu qu’ils privilégient l’intérêt des travailleurs et de leurs familles. Qu’on ne se sert pas du syndicat mais qu’on sert le syndicat. Donc positiver les choses puisque le pays est encore fragile, la sous-région est encore fragile. Ne pas amener la violence qui puisse fragiliser le pays pendant ces moments difficiles, appauvrir encore beaucoup plus de personnes. Je pense qu’ils sont suffisamment mûrs, d’une très grande expérience, ils ont la formation requise pour avoir les techniques de négociation pour obtenir ce qu’ils veulent. Ils savent qu’ils peuvent demander 100 % et ne pas obtenir les 100 %. Les travailleurs ne souhaitent qu’avoir le bonheur et j’espère qu’on va lutter pour le bonheur des travailleurs. »

Le confrère la questionne en ces termes : Existerait-il un lien entre ce préavis et votre convocation ? « Non ! Je vous dis je suis l’avocat de ma personne. Ma bouche ne sera pas sous mes aisselles. Je pourrai me défendre. Je vous dis, ma conscience ne me reproche de rien », a répondu sèchement Hadja Rabiatou Sérah Diallo, avec un sourire aux coins des lèvres.

Mais ce lundi, 12 mai 2014, à 10h, Alpha Condé, le président guinéen, a convié au Palais présidentiel, Sékhoutoureya, tous les syndicalistes à une rencontre. C’est un manuscrit portant signature du Président Alpha Condé, déposé à la RTG, le samedi 10 mai. Quoi qu’il en soit, avec cette invitation des syndicalistes, des observateurs pensent qu’Alpha Condé voudrait bien empêcher Rabiatou Sérah Diallo à se rendre au TPI de Dixinn, demain 13 mai. A propos, rien n’est moins sûr. Par ailleurs, tout porte à croire qu’Alpha Condé a prêté une oreille attentive face au préavis de « grève nationale illimitée des travailleurs de tous les secteurs : public, mixte, privé, informels et retraités de Guinée.» Préavis réitéré au gouvernement le 1er mai dernier, signé par : Amadou Diallo (CNTG), Louis M'Bemba Soumah (USTG), El Hadj Yamodou Touré (ONSLG), El Hadj Abdoulaye Baldé (UDTG), Pascal Tazi Haba (CGSL), Fodié Souleymane Diallo (CGTG) et El Hadj Kandet Sankhon (UGTG).

La rencontre entre Alpha Condé et les syndicalistes vient de s’achever. Votre quotidien reviendra sur les dessous de ce tête-à-tête dans ses prochaines publications en ligne.

 

Moucky S. Diallo, www.guinee58.com