alhousseny_makanera_kakeC’est l’affaire qui défraie la chronique à Conakry. Le talentueux et très respecté journaliste Amadou Diouldé Diallo (Diouldé pour les intimes et collègues) est depuis plusieurs semaines sous l’acharnement du nouveau ministre de la communication Alhousseiny Makanéra.

A l’instar de ses confrères, Amadou Diouldé Diallo a brillamment participé à la couverture médiatique de la visite royale de Mohamed VI. En félin journaliste, il a découvert un gros mensonge proféré par le président Alpha Condé qui se félicitait d’avoir reconstruit le Palais des nations rebaptisé « palais Mohamed VI » en un an grâce à la dextérité et au savoir-faire d’une société marocaine. Déclaration mensongère du président Condé qui est passée sous les mailles du filet de nombreux journaleux qui ne se contentent que de commenter l’actualité sans jamais aller aux fonds des évènements.

amadou_dioulde_dialloQuelques jours après le départ de Mohamed VI, Amadou Diouldé Diallo a profité de son passage à l’émission Grandes Gueules pour apporter un cinglant démenti à la parole présidentielle. « J’ai suivi le Président de la République Alpha Condé. Il faut que l’on cesse de mentir dans notre pays. Malheureusement, les grands Hommes du pays sont les plus grands menteurs. Le Président Alpha Condé vient de mentir en public. Alpha Condé a menti en disant lors du dîner qu’il a offert à sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc ici à Conakry » a-t-il précisé. L’homme libre a poursuivi ses invectives. « Ce n’est pas vrai. Le Général Lansana Conté a débuté les travaux de reconstruction de ce Palais et les a exécutés à 80% avant de mourir. Alpha Condé ment. Il faut qu’Alpha Condé arrête de mentir » a insisté le journaliste.

Voilà ce qui a provoqué l’ire du ministre de la communication M. Makanéra qui l’a démis de ses fonctions. Pour justifier cette décision, M. Makanéra fait des déclarations non moins troublantes et qui laissent à désirer. « En tant que journaliste, Amadou Djouldé Diallo a des obligations de réserve conformément aux principes du statut de la fonction publique » justifie Alhousseine Makanera dans une interview accordée à nos confrères de Lynx Fm. On peut tout de même se demander, si M. le ministre connait bien le rôle et la mission d’un journaliste qu’il soit de la presse privée ou publique. Il serait intéressant que le ministre nous précise le rôle d’un journaliste, si ce n’est d’informer et d’apporter les contrevérités dans le débat public. Nous inviterons à M. Makanéra de regarder les débats houleux entre les ministres ou le président de la République et les journalistes des médias publics français. Sans faire la publicité à France 2, les émissions « à vous de juger », « des paroles et les actes » ou « les mots croisés » permettraient surement à M. Makanéra de s’initier sur le rôle d’un journaliste de médias public.

Ce n’est pas étonnant comme M. Makanéra se targue d’être juriste. Son attitude belliqueuse prouve à juste titre que sa nomination à ce très exposé poste de ministre de la Communication n’est qu’un accident de parcours qui n’est possible que dans la République bananière d’Alpha Condé. M. Makanéra devrait savoir qu’il est ministre de la communication mais NON ministre de l’information. Son rôle est de donner les moyens aux médias publics mais non de s’immiscer dans leurs rédactions ni interdire aux journalistes de jouer pleinement leur mission d’informateur et de contradicteur en toute indépendance.

Alhousseiny Makanéra, un ministre incompétent sans vision

S’il y a un secteur que répugnent nos compatriotes, c’est bien le secteur de l’audiovisuel public. Ce n’est pas le président Condé qui dira le contraire. Lors de ses vœux de nouvel an 2013, le président Condé avait déclaré que le travail de la RTG Guinéenne était une honte pour la nation.

Ces aveux présidentiels auraient permis dans une nation normale à un changement profond de la méthode de travail des médias publics. Mais, rien n’y fait. L’audiovisuel public de notre pays n’est que l’ombre de lui-même, à tel point que nos compatriotes se tournent exclusivement vers les médias privés pour s’informer.

Nommé ministre de la Communication lors du dernier remaniement ministériel dans le gouvernement qu’Alpha Condé qualifiait de mission et de combat, on s’attendait à une nouvelle impulsion des médias publics qui passe nécessairement par des grandes réformes et une plus grande liberté de ton et d’action des journalistes qui y travaillent. Mais décidemment, le ministre Makanéra a la tête ailleurs. En lieu et place de favoriser cette grande liberté à l’audiovisuel public, il a accentué la main mise sur l’information. La RTG est plus que jamais une caisse de résonnance du RPG arc en ciel. Les interventions de l’opposition et de la société civile sont censurées. Les journalistes sont réduits au simple rôle de propagande en faveur d’Alpha Condé et de son régime.

Alhousseiny Makanéra, un anti-peuhl primaire

Le discours anti-peuhl est malheureusement le seul secteur où excelle le ministre Alhousseiny Makanéra. Sa foulaphobie est sans limite. D’ailleurs, de sources bien infirmées nous précisent qu’il ne devrait sa nomination qu’à la radicalisation de son discours contre les peuhls qu’il accuse à tort d’être les seuls opposants au régime dictatorial d’Alpha Condé. On se rappelle que lors des manifestations pacifiques pour la réforme de la CENI et contre Way-Mark qui paralysaient tout le pays, M. Makanéra affirmait sans sourciller «  qu’il n’y a qu’une seule ethnie dans la rue ». Entendez bien : « qu’il n’y a que l’ethnie peuhle qui manifestait ». Ce qui du coup était une insulte pour les autres ethnies qui manifestaient sur l’ensemble du territoire national. Les manifestations à Zogota, Fria, Dinguiraye, Kérouané, Kindia etc sont, à ne pas en parler. Décidemment, pour Monsieur Makanéra le seul problème de la Guinée se résume aux peuhls. Le manque d’eau et d’électricité, le chômage en masse des jeunes, l’effondrement du système sanitaire et scolaire, l’insécurité galopante, la cherté de la vie, la déliquescence du système judiciaire etc ne sont pour Monsieur Makanéra que des épiphénomènes autant dire que l’homme est limité et fermé dans ses pensées.

Le plus ahurissant dans cette bévue de M. Alhousseiny Makanéra est le silence assourdissant des journalistes des médias privés qui n’ont apporté aucun soutien à notre confrère Amadou Diouldé Diallo. Pire, d’autres journalistes vont jusqu’à essayer de donner raison à M. Alhousseiny Makanéra dans sa tentative de musellement de la presse.

Aux dernières nouvelles, on apprend que l’incompétent et ethno-stratège Alhousseiny Makanéra aurait engagé une procédure de radiation de la fonction publique du talentueux journaliste Amadou Diouldé Diallo pour avoir mis à nu les mensonges d’Alpha Condé. Cette volonté de radiation rentre dans la stratégie du régime d’Alpha Condé de l’épuration des cadres peuhls dans la fonction publique et dans l’armée. De là à dire qu’il s’acharne contre Amadou Diouldé Diallo parce qu’il est peuhl, il n’y a qu’un pas à franchir.

Affaire à suivre

Hassane Sow, www.guinee58.com, Conakry