alpha conde 2Les diaspos sont vraiment décidés à faire du foin à l’étranger à travers une série de manifestations autour du régime autocratique de Goby Condé qui trône au palais Gokhi Fokhè.

Une grappe de jeunes diaspos, très remontés contre ce pouvoir qui massacre sans sourciller de jeunes manifestants qui ont l’outrecuidance de réclamer de meilleures condition de vie, de l’eau potable et de l’électricité, de bons enseignants et des études de qualités, du travail, s’est déployée dans l’après midi d’avant hier avec des banderoles sur le « terre-plein n°3 » situé à quelques empans de l’Assemblée nationale française en agonissant Goby Condé et son régime policier de reproches, de récriminations.

« Alpha Condé 8 ans au pouvoir, 94 morts. Ça suffit ! ». « A bas Alpha Condé ! Le pillage de la Guinée, ça suffit ! ». « La Guinée se meurt dans l’indifférence de la communauté internationale ! » Et sur deux grandes banderoles, curieux, passants et flics ont pu lire : « Un pays, un peuple, zéro gouvernance », « Ne touche pas à ma constitution ». Diaspourris et diasripoux ont brillé par leur désertion. Un seul diaspourri chenu a été repéré sur ce « terre-plein n°3 ». Et pourtant !... Et pourtant !... L’après midi était ensoleillé avec un bon 20°. Le temps était propice pour sortir de chez soi et aller grognasser, agonir Gobykhamé de merde, de reproches. Mais néanmoins seuls quelques jeunes diaspos étaient là à pousser des griefs d’une voix mollasse, groupés derrière la banderole de l’horreur montrant des photos horribles de jeunes manifestants massacrés au bled par le pouvoir barbare de Goby. Pour rendre justice à toutes ces jeunes personnes fauchées par les balles de la police et de la gendarmerie guinéennes, il ne faut justement pas faiblir dans la mobilisation d’autant plus que nous nous rapprochons chaque jour que Dieu fait de 2020. L’opposition doit garder la pression à tous crins sur ce pouvoir autoritaire tant en Guinée qu’à l’étranger pour obvier Goby à s’embringuer dans le tripatouillage de la constitution guinéenne en vue de garder le trône pour lui et les siens.

Et il faut effectivement s’offusquer de cette incartade diplomatique de l’ambassadeur Russe à Cona-cris, Alexandre Brégaszé qui, sur le plateau de la télé bidon guinéenne, a le toupet de donner des leçons de démocratie à l’opposition guinéenne :

« Il faut que l’opposition soit quand même plus responsable. Si vous appelez les gens à manifester, c’est vous qui êtes responsable de leur sécurité au moment de la manifestation… Ceux qui jettent des pierres, détruisent des magasins, détruisent des voitures et qui détruisent les biens des autres, ce n’est pas bon ça. Et surtout, il ne faut pas appeler telle ou telle manifestation ville morte, ça attire toujours la mort. Pourquoi ville morte ? Ville paisible, ville apaisée, ville de paix c’est surtout la paix, pas de morts, pas de ville morte. » Diantre ! L’ambassadeur Alexandre Brégaszé a beau jeu de tirer les marrons du feu pour Goby Condé.

Le développement économique des populations guinéennes, la valeur et la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves et étudiants guinéens, la formation des médecins et de tout le personnel qui travaille dans les hôpitaux et dispensaires du pays, la bataille contre le chômage et le bon traitement salarial des fonctionnaires et travailleurs guinéens traverse furtivement l’esprit de ce vénal diplomate mais ne s’y fixe pas.

Prenant les dehors d’un diplomate à Cona-cris, Alexandre Brégaszé est un oligarque du dangereux pouvoir de Vladimir Poutine accusé en 2001 d’avoir fait empoisonner au polonium-210 Alexandre Litvinenko. L’ex-agent russe avait ingurgité cette substance radioactive toxique à tire-larigot dans sa tasse de thé. Il en est mort.

Le samedi 23 mars 2013, c’est le milliardaire russe Boris Berezovsky qu’on retrouve mort en Grande Bretagne dans des circonstances troublantes. Et tout accuse Poutine dans la mort de ceux qui le contrent dans ses velléités à régner sans partage en Russie.

Et voilà l’empoisonnement de trop toujours au pays de Agatha Christie et qui horrifie tout le gouvernement anglais ! Le dimanche 1er mars 2018, l’ancien espion russe à la retraite Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, sont empoisonnés à Salisbury, une bourgade en Angleterre. C’est cet empoisonnement de cet ancien colonel russe à une substance inconnue et dangereuse qui a fini par empoisonner les relations entre Londres et Moscou au point que les autorités anglaises ont décidé à juste raison de renvoyer des diplomates russes et de boycotter le mondial de football de 2018 en Russie.

"Je confirme qu'aucun ministre, ou membre de la famille royale, n'assistera à la Coupe du monde de football", a déclaré la Première ministre Theresa May devant le parlement britannique.

« La démocratie ! En Russie, c’est un mot qui fait rire. Vous connaissez l’histoire drôle la plus courte qui soit : Poutine est un démocrate… » écrit Svetlana Alexievitch à la page 340 de son célèbre livre : « La Fin de l’homme rouge » édité et traduit chez ACTES SUD en 2013.

L’ambassadeur Alexandre Brégaszé à Cona-cris est un représentant typique du pouvoir du « petit tsar » qu’est Poutine qui s’est octroyé le 4 mars dernier un troisième mandat en dépit d’une opposition qui le décrie par des manifestations de rue. Comme le dit si bien Svetlana Alexievitch, « on veut des dirigeants révocables. » On ne veut plus en Guinée d’un président de la République immuable, inamovible. Nous nous battons pour la liberté, la justice, la démocratie et le développement des Guinéens. Depuis 1958 jusqu’à nos jours, les Guinéens ferraillent pour survivre et non pour vivre. Depuis 1958, on nous gargarise de slogans creux, on nous enfume, on nous oppose les uns aux autres pour mieux régner. Depuis 1958, les contempteurs des différents régimes qui se sont succédé au pouvoir sont présentés à la télé bidon nationale et vilipendés dans les colonnes du journal Horoya et les ondes de la radio nationale comme des pestiférés, des diables avec des queues, des cornes et des sabots, de maudits ennemis à abattre pour faire place aux vénaux dirigeants qui passent pour des saints, des thaumaturges.

La ferme, Alexandre Brégaszé ! La ferme ! Face au régime barbare de Goby Condé, l’opposition guinéenne n’a pas autre moyen de se faire entendre que d’enclencher des villes mortes. Peut-être que cela gêne les activités interlopes de la mafia russe à Cona-cris. C’est vrai que les affaires ne prospèrent que s’il y a la paix. C’est vrai que les affairistes ne débarqueront dans le bled que si leur sécurité est garantie. La paix n’a de sens que pour ces affairistes mais pas pour les populaces guinéennes qui se démènent dans la mouise et l’extrême pauvreté. Le seul moyen pacifique pour elles de se faire entendre sur ses desiderata c’est de descendre dans la rue.  

S.E Alexandre Brégaszé ! Quels sont les indicateurs pour dire qu’une population est développée ? Parlant de son pays justement, Svetlana Alexievitch rapporte :

« On a été les premiers à voler dans l’espace… On fabriquait les meilleurs tanks du monde, mais on n’avait pas de lessive ni de papier toilette. »  

Ce paradoxe soviétique se rapproche du paradoxe guinéen. La Guinée est le château d’eau d’Afrique et son sous sol regorge des ressources les plus prisées dans le monde occidental, en Russie et en Chine. Mais on n’a pas d’eau potable en Guinée, ni d’électricité. Et Cona-cris est la capitale la plus sale de l’Afrique. Cona-cris croule sous des montagnes de saletés et charrie des odeurs nauséabondes.

La Guinée et la Russie ont beaucoup de points communs surtout dans le traitement réservé aux opposants politiques ou aux opposants tout court. Vers fin février 2012 dans une cathédrale en Russie, trois jeunes chanteuses, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, avaient appelé dans une « prière punk » adressée à la Vierge Marie à « Chasser Poutine » du pouvoir. Pour cela elles avaient écopé d’une peine de prison de deux ans. A Cona-cris aussi, les chanteurs qui ne supportent pas Goby Condé ont maille à partir avec le régime.

A-t-il été une seule fois possible pour l’opposition russe de manifester dans les rues en Russie sans se faire tirer dessus par la police de l’Etat ? Qui tue les opposants en Russie ? Qui tue les manifestants en Guinée ? C’est la police de Poutine. C’est la police de Goby.

A Paris aussi, il y a souvent des débordements pendant les manifestations politiques ou syndicales. Mais ce n’est pas pour autant que la police française, qui encadre les manifestants, tire à balle réelle sur ceux-ci parce qu’ils cassent les vitres des magasins, brûlent des voitures, s’en prennent à des édifices publics. Hier, c’est un mannequin à l’effigie d’Emmanuel Macron qui a été pendue et brûlée par des manifestants à Nantes. Vous voyez avec quelle violence s’expriment les étudiants en France contre les réformes universitaires engagées par Emmanuel Macron ?

S.E Alexandre Brégaszé ! Cette opposition guinéenne est bel et bien responsable quand elle appelle à descendre dans la rue. C’est votre propos qui est irresponsable et inélégant pour un diplomate, immature politiquement parlant. Vous avez fauté en posant sur le petit écran et en dégoisant ainsi ces âneries politique. Faites gaffes ! L’opposition guinéenne a certes suspendu ses défoulements dans le patelin mais elle n’a pas donné de mot d’ordre à ses supporteurs à Paris. Parce que le samedi prochain à Place de la République, ils projettent de pousser encore des jérémiades bien senties pour ameuter la communauté internationale sur la velléité de Goby Condé à s’octroyer brutalement un troisième mandat…

Benn Pepito