pottal fii bhantalSuite aux élections locales du 4 février 2018 en Guinée, Mr. François Soudan, directeur de la rédaction de « Jeune Afrique » a écrit un article au titre alléchant, mais fait surtout d’allégations fausses à plusieurs égards et dangereuses quant à leur portée sur l’avenir d’une nation comme la Guinée - en proie à des tensions artificiellement entretenues depuis des décennies.

Depuis le début de l’administration de Mr. Condé, le groupe Jeune Afrique a fait des reportages irresponsables sur la Guinée. Tranchant avec la déontologie du métier d’informer, ces reportages piétinent allègrement les règles les plus élémentaires du journalisme. Ils sont principalement le fait de Mr. François Soudan qui se targue d’une amitié de longue date avec le président guinéen. Ses articles sur la Guinée reflètent un parti-pris flagrant fait d’amalgames, d’affirmations gratuites et hors-contexte social et historique ainsi que d’omission volontaires. Ils constituent un faisceau cohérent de propagande déguisée et de soutien aveugle au régime de Mr. Alpha Condé. Trop évidents pour tromper, et fastidieux à étayer, ces reportages révèlent des faillites nombreuses du groupe Jeune Afrique, et surtout de Mr. François Soudan qui prétend avoir une connaissance profonde de la politique guinéenne.

En 2010, Jeune Afrique ne jugea pas utile de faire un reportage sur les violences et les pogroms en Haute-Guinée contre des guinéens de l’ethnie peule – suite à des rumeurs du RPG sur de l’eau empoisonnée - qui marquèrent le deuxième tour des élections et l’annonce de la victoire surprise de Alpha Condé.

Durant les huit dernières années, aucune région de la Guinée n’a été épargnée par la violence que Mr. Alpha Condé déchaine à la moindre manifestation contre son régime. Le climat social du pays a été marqué par des assassinats routiniers d’innocents par des expéditions punitives contre de citoyens – certains dans leur sommeil. Tel fut le cas à Saoro, à Zogota et à Galapaye. Les manifestations légales de l’opposition ou des syndicats, ont été des occasions pour les forces de l’ordre d’assassiner des enfants - certains dans leurs domiciles. A ce jour, on compte plus de 80 morts. Les assassinats ont aussi frappé des hauts cadres tels que Mme Aissatou Boiro (Directrice du trésor national), Mr Diaouné Aliou (ancien ministre) ainsi que des militants des partis de l’opposition tel que Elhadj Amadou Oury Diallo, Président de la Section motards de l’UFDG. Des centaines de guinéens aujourd’hui survivent avec des blessures et de traumas. Tel est le cas de Mamadou Rachid Diallo qui vit avec six balles dans son corps. A cela s’ajoute des conflits domaniaux créés de toutes pièces par l’état avec destructions de maisons sans compensation. En outre, des cheptels sont décimés impunément par des bandes organisées par le régime de Mr. Alpha Condé. Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique ne semble pas être troublé par le fait que tous ces assassinats et destructions de biens ne sont suivis d’aucune enquête, même quand les auteurs sont identifiés par des témoignages crédibles.

La rédaction de Jeune Afrique n’a pas jugé nécessaire de détacher un seul reporter auprès d’une seule victime quand, à la tête de l’Union Africaine, Mr. Alpha Condé a été interpellé par des organisations de victimes et des droits de l’homme sur la présence dans son gouvernement d’officiers accusés de crimes contre l’humanité suite aux massacres de 2009. Les déclarations provocatives de Mr. Alpha Condé à chaque fois qu’il est lui demandé de donner une date pour les procès des accusés sont une présomption forte de complicité entre le président du pays avec des criminels de l’armée. Cette opinion est largement partagée par les guinéens. Mais elle ne semble pas être digne d’intérêt pour Jeune Afrique, le magazine qui se prétend se spécialiser dans les affaires de l’Afrique.

L’administration guinéenne est aujourd’hui fortement tribalisée au profit de cadres originaires de la Haute-Guinée dont Mr. Alpha Condé se dit originaire. L’appareil judiciaire est soumis à la pression de l’exécutif et gangrenée par la corruption à tous les échelons. L’exploitation des richesses naturelles de la Guinée est un bradage éhonté avec des contrats ombrageux, sans un droit de regard de l’assemblée nationale. Des régions comme Boké ainsi que certaines zones aurifères voient une destruction massive de l’environnement. En même temps, les forêts de la Guinée disparaissent à une allure alarmante. Cela aussi a échappé à l’attention de la rédaction de Jeune Afrique.

Même si la rédaction de Jeune Afrique a décidé de voir autre chose, la corruption généralisée de l’appareil de l’état guinéen est trop évidente. Cette corruption est la source des manifestations et de l’agitation sociale. Celles-ci ne procèdent pas d’une « Bipolarisation forte » entre peuls et malinkés comme veut le faire croire François Soudan. Les manifestations ne sont pas ourdies par ceux que François Soudan qualifie d’insurgés permanents du « ghetto » peul. François Soudan veut masquer par sa formule lapidaire et péjorative le fait que le RPG et son leader ont un bilan catastrophique. Les frustrations sociales qui résultent ne peuvent être attribuées à l’opposition, encore moins à une ethnie. Mais l’arme ethnique dont François Soudan se fait le chantre dans ses reportages a prouvé être une méthode de diversion efficace. Elle a permis de fragiliser la société guinéenne face aux dictatures qui ont essaimé l’histoire du pays. Elle est à présent mise en œuvre pour prolonger le régime de Mr. Alpha Condé au-delà des limites constitutionnelles. Les reportages de François Soudan font partie de l’arsenal pour légitimer cette entreprise. Tout en relatant les tragédies des élection locales, Mr. Soudan mentionne que ‘ le véritable test étant à ses yeux [Alpha Condé] sont les législatives prévues pour la fin de cette année’. En effet, c’est une évidence répétée dans toute la guinée qu’une majorité absolue du RPG dans la future assemblée nationale est l’un des moyens envisagés pour une modification constitutionnelle et un mandat présidentiel supplémentaire pour Alpha Condé. Pour cadrer la crise sans précédents que cette entreprise hasardeuse va provoquer, François Soudan de Jeune Afrique a été recruté pour présenter le problème guinéen en termes simplistes d’animosité ethnique entre Peuls et malinkés.

Mr. François Soudan a été qualifié par le quotidien Le Monde de « journalise et Bel-Ami des présidents africains ». Ceci n’est pas un hasard. En effet, face à la prolifération des sources d’information, Jeune Afrique n’a pas su faire les mutations nécessaires pour maintenir son leadership sur le marché des media africains. La direction a plutôt choisi comme niche marketing, la voie du patronage par des dictateurs africains en quête de renom ou pour redorer leur blason. Ce choix est immoral de nature. Mais, pour le cas de la Guinée, quand il consiste à enflammer des sentiments de divisions ethniques et à surtout indexer les peuls de la nation, la démarche est simplement criminelle.

Mr. François Soudan et son groupe ont suffisamment montré une propension sans limite de pousser l’ignominie, sans égard aux conséquences humanitaires de leurs « reportages ». Il appartient aux guinéens et aux africains de mettre un terme à leurs macabres manœuvres. Pottal-Fii-Bhantal Foutah-Djallon invite tous les guinéens à boycotter activement le magazine : version papier et version électronique. Nous invitons les guinéens à user des media sociaux pour sensibiliser tous les africains sur les manigances criminelles de Jeune Afrique.

Nous demandons aux guinéens résidants en France d’organiser une marche de protestation devant le siège de Jeune Afrique. Nous les invitons en même temps à mettre en place une commission ad hoc pour saisir le Conseil de l'ordre des Journalistes sur les graves dangers que des journalistes comme François Soudan font peser sur la stabilité d’un pays comme la Guinée. En même temps, nous invitons tous les guinéens à saisir les médias internationaux pour attirer l’attention de l’opinion sur les conséquences graves qui résulteraient d’une Guinée déstabilisée - au cœur de l’Afrique de l’Ouest théâtre de groupes extrémistes opérant sur le terrain fertile des frustrations sociales.

Enfin, notre organisation exhorte encore une fois les citoyens guinéens. La faillite de notre nation dont profitent aujourd’hui des journalistes mus par la veulerie n’est pas une fatalité. Ensemble et par un engagement sans faille pour l’éradication de l’impunité dans notre pays, nous pouvons mettre fin au chaos de la nation et la remettre sur la voie de la rédemption et du progrès.

La commission centrale de Pottal-Fii-Bhantal Foutah-Djallon