toumba diakiteLes avocats d'un militaire guinéen détenu pour son rôle présumé dans le massacre de plus de 150 opposants en 2009 ont dénoncé jeudi des déclarations du président Alpha Condé se prononçant sur l'innocence de certains de ses coaccusés.

"Beaucoup de gens sont accusés à tort dans cette affaire. Certains n'étaient même pas à Conakry. On verra bien qui est coupable ou non lors du jugement", a déclaré le président guinéen dans une interview au quotidien français Libération lors d'une visite à Paris cette semaine.

M. Condé était interrogé sur le fait que certains membres de l'ex-junte du capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009), inculpés dans ce dossier, étaient non seulement en liberté, mais continuaient à exercer d'importantes fonctions officielles sous sa présidence.

"Le chef de l'Etat, en intervenant de la sorte, fait obstruction à la justice, influence les juges et bloque son fonctionnement", a déclaré à la presse Paul Yomba Kourouma, l'un des avocats d'Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba Diakité, écroué depuis son extradition en mars du Sénégal.

Par ces propos, M. Condé cherche à "soustraire à la sanction de droit" des dignitaires "qu'il a nommés à de hautes fonctions et qui sont inculpés également, comme mon client", a affirmé Me Kourouma.

L'avocat a également exigé une amélioration des conditions de détention de Toumba Diakité qui, selon lui, souffre notamment de la chaleur extrême de sa cellule, sous peine de cesser toute coopération avec les magistrats instructeurs.

"Nous avons donné deux semaines à l'Etat, à compter du 11 avril", a-t-il dit, exigeant "qu'on dote sa chambre d'un climatiseur, d'un bureau, d'un poste radio, d'une télévision et qu'on lui permette de faire du sport comme il l'a toujours fait".

Faute de quoi, passé ce délai, "la défense suspendra toute assistance à l'égard de l'inculpé et au même moment notre client observera le silence et s'abstiendra de déférer à toute convocation que le pool des juges d'instruction voudra bien lui adresser", a menacé Me Kourouma.

Le 28 septembre 2009, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes, dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d'opposants à la candidature à l'élection présidentielle de Moussa Dadis Camara, selon une commission internationale d'enquête de l'ONU.

Source AFP