alpha_conde_sadakadjiLes négociations secrètes et l’entente de Diallo Sadakadji avec Alpha CONDE ont enregistré des réactions de toutes sortes. Souvent, l’émotion l’a emporté sur la raison. Les réactions subjectives, irrationnelles et émotives ont été à la dimension de l’évènement. Décidément l’homme est l’esclave de quelques personnes qui ont embrigadé la communauté. Ces personnes pensent à tort incarner l’intérêt général de cette communauté. Ils oublient qu’hier ils arpentaient villes et villages et demandaient aux élus locaux, leaders et populations d’accompagner le Président CONTE. De par leur volonté, l’homme de Popodara serait devenu subitement un non Peulh. Les inepties sont allées au-delà de l’inattendu. Cela se comprend lorsque l’on se met au niveau des personnes qui agissent ainsi : ils veulent en découdre avec Alpha et conquérir le pouvoir et tout de suite, quel qu’en soit le prix. Ils préfèrent mille fois ceux qui font semblant de combattre, qui se déchaussent, se déshabillent et rentrent dans le ring avec l’espoir que les victimes seront toujours les autres, convaincus qu’ils ne pourront jamais gagner frontalement. Un combat n’est pas nécessairement linéaire et la stratégie impose quelque fois la reculade. Reculer pour mieux sauter. Pourquoi continuer à avancer lorsque l’on est au bord du précipice ? « Luttons contre CONTE ». « Cellou qui combat BA Mamadou et Siradio, fut un traitre ». « Affrontons Dadis », « Ba Ousmane est un traitre ». « Ne reculons pas devant Alpha », « Sadakadji, héros d’hier, traitre d’aujourd’hui avec BA Ousmane et compagnies ». « Pas de demi-mesure, pas de compromis ». « C’est nous ou nous ». Cette politique exclusive a montré ses limites. On ne change pas une stratégie et une équipe qui gagnent. A contrario, tout homme doué de bon sens ne saurait soutenir le maintien d’une stratégie mal cousue et des hommes incapables de transformer le capital de confiance placé en eux.

Comment, avec autant des ressources humaines et financières l’UFDG a-t-elle perdu en 2010 ? Pour quelques raisons une stratégie qui a échoué et qui n’a fait l’objet d’aucune révision pourrait-elle gagner ? Que doit l’UFDG aux milliers de cadres, commerçants et autres qu’elle a exposés et n’a pas su protéger ? Autant d’intérêts doivent-ils être sacrifiés ? Cellou peut-il aujourd’hui pousser l’ultime sacrifice comme Bah Oury ou Ba Mamadou ? En d’autres termes, peut-il tirer la leçon et dire je m’efface pour un autre ?

Imaginer un seul instant, si l’UFDG était une entreprise privée, comment les gestionnaires auraient-ils pu justifier l’utilisation d’autant de ressources sans résultats concrets ? Sadakadji a mis des milliards à la disposition du parti. Lui-même a dépensé des milliards que l’on ne saurait compter : la plupart des offres, cadeaux, véhicules, motos, fonds de campagnes…. Juste après l’élection d’Alpha, il a préféré s’exiler. Peu de temps après, un terrain de plusieurs hectares qu’il a légalement acheté, titre foncier à l’appui, lui a été de nouveau retiré. Il a été accusé même d’être le financier d’un « complot », une manière très simple pour se débarrasser d’un adversaire. L’UFDG a-t-elle organisé une seule fois une marche pour protester contre la spoliation de ses droits ? Pourtant, l’un des volets affichés du programme de société de ce parti est l’instauration d’un Etat de droit ? L’Etat de droit au sens « ufdgien » du terme ne se limiterait-il qu’à une portion congrue des courtisans ? Hélas, au lieu de la reconnaissance et du respect pour sa contribution, Sadakadji a récolté indifférence et calomnie. Serait-il le serviteur et les autres ses maîtres ? Il fut un excellent commerçant tant qu’il contribuait à l’avancement de l’UFDG. Dès lors qu’il affirma son ambition de faire la politique en son nom, il devint l’homme à abattre. C’est vrai, en politique, tout est permis. Mais le peuple est bien placé également pour juger. Quelles places respectives occupent Dadis et Sadakadji aujourd’hui auprès de l’UFDG ? On sait le passé et la contribution de chacun d’entre eux à la situation actuelle au sein de l’UFDG. Hier, demander à l’UFDG de soutenir Dadis alors qu’il était au pouvoir et qu’il pouvait être utile au parti était considéré comme un crime de lèse-majesté. Aujourd’hui qu’il ne pèse que peu, on s’empresse enfin à Ouagadougou pour chercher une alliance. Hier quand il fallait combattre Alpha pour ses actes passés, on s’est retrouvé avec lui au sein des forces vives et lui-même qualifiait Cellou d’un bon garçon. Aujourd’hui qu’il a tous les leviers de l’Etat. Que pour une fois, tous les fils de la Guinée pouvaient se retrouver auprès de lui, l’accompagner et préparer sérieusement la période post Alpha, non on préfère s’engager dans un combat épique aux contours risqués. Pesant les forces et les faiblesses en présence, évaluant les menaces et opportunités, DIALLO Sadakadji estime, que l’on ne fait pas la politique avec le cœur, mais avec la raison. Cette simple phrase aurait pu l’épargner du courroux actuel. Oui, mon cœur ne vous abandonne pas, mais je refuse la politique du suicide, de la victimisation éternelle, de participation à la déchirure sociale, d’exclusion des uns ou des autres au développement économique et social. Oui, je préfère l’intérêt supérieur de la nation. Diantre, faut-il l’en vouloir pour un tel choix ? Que font ceux qui prétendent défendre une communauté pour celle-ci ? Participer à sa division hier lorsqu’ils n’étaient pas les porte-flambeaux, les embrigader aujourd’hui pour empêcher tout esprit critique en son sein. Autrefois, le sociologue Bano BARRY n’a-t-il dénoncé le clientélisme et l’esprit de copinage au sein du parti ? Quid de Mamadou Barry compagnon de BA Mamadou ? Récemment, un militant de l’UFDG de Telimilé, pour avoir simplement manifesté pour un projet routier dont cette préfecture a été privé des années durant ? On ne gère pas un parti avec le cœur, mais avec la raison. On ne saurait empêcher les militants de se réjouir qu’ils aient un peu plus d’électricité, d’eau et j’en passe. Par contre, ces militants aspirent toujours à mieux et si l’on sait les comprendre, en retour, doucement et sûrement ils participeront à la conquête du pouvoir.

La conquête du pouvoir, Sadakadji et les militants n’y renonceront jamais. Ce qui le différencie des ténors actuels de l’opposition sont l’horizon temporel de cette conquête et la stratégie. Pour ce qui est du 1er, il s’engage à accompagner Alpha pour cette législature. Pour la seconde, il préfère prendre le pouvoir dans le consensus. Il n’entend pas conquérir un pouvoir de type communautaire ou à rallent ethnique. Il préfère un pouvoir consensuel, issu de toutes les communautés. Il s’agit rien d’autres que de l’émergence d’une société post-ethnique à laquelle il appelle de tous ses vœux. C’est dans ce cadre que s’inscrit sa négociation avec Alpha.

A Alpha, il a sollicité, entre autres :

  1. 1.La libération des prisonniers issus des manifestations et à l’attaque contre sa;
  2. 2.La liberté de commerce pour les opérateurs é;
  3. 3.L’entente minimale autour des élections présidentielles de 2020.

N’ayant pas eu le temps d’implanter son parti et convaincu que l’opposition avec sa méthode classique n’a aucune chance de gagner les élections, le soutien de Elhadj Amadou Oury à Alpha est la meilleure stratégie. Ce soutien bouleversera, à n’en point douter, le paysage politique de la Guinée. Et cela pour quelques raisons :

  • Depuis l’annonce de l’entrée en politique de Elhadj Amadou Oury, plusieurs leaders s’apprêtent et attendent que cela se matérialise afin d’adhérer au parti. Certes, il est vrai, le soutien d’Alpha pourrait être une pilule amère. Mais 2010 est loin. Les uns et les autres ont fini par percevoir les limites de la politique de l’opposition. Dès lors que le parti démarrera, les adhésions pourraient être massives ;
  • L’axe Bambeto-Cosa-Wanidara commence à s’essouffler. Les jeunes peuvent être réceptifs à des projets d’emplois jeunes, à la création d’entreprises, etc. Elhadj Amadou Oury peut contribuer, comme il l’a toujours fait, à soulager les souffrances des uns et des autres. Aidé par le Chef de l’Etat, plusieurs entreprises peuvent être lancées pour les jeunes du secteur ;
  • La plupart des leaders tant communautaires que religieux de toutes les régions et plus particulièrement du fief de l’opposition sont plus réceptifs à la parole d’Elhadj Amadou Oury qu’à ceux qui tentent de le discréditer.
  • Au cas où Alpha libèrerait les prisonniers, Elhadj Amadou Oury sera perçu immédiatement comme l’homme capable de défendre la communauté.

Et en toutes circonstances, il faut savoir raison garder. Le train a démarré. Bonne chance à ceux qui accepteront de l’emprunter. Et bientôt, les contacts du parti seront accessibles à toutes les personnes intéressées.

Thierno BARRY