naitJ'ai suivi en différé l'émission « les 7 vérités », sur certains sites guinéens pour écouter Moustapha Naité (Ministre de la Jeunesse et de l'Emploi jeunes), dont les RPGistes disent le plus grand bien. Le simple fait de l'affirmer crée un doute chez moi, au vu de leurs critères de choix d'appréciation.

A l'issue de cette émission, j'ai découvert un autre bonimenteur, qui brasse du vent, ce qui d'une certaine manière est d'autant plus grave, qu'il est censé faire partie de ceux que l'on présente comme la relève du RPG, à l'instar d’Albert Damantang Camara, Kalifa Gassama Diaby, Cheick Sacko et bien d'autres encore. Moustapha Naïté venu pour communiquer, a surtout montré sa propension à délivrer des messages insipides et sans contenu. On peut facilement illustrer cette affirmation avec l'entretien réalisé par Ibrahima Sory Traoré (dont les questions figurent en italiques).

 

Intérêt d'une rencontre avec des jeunes

Ibrahima Sory Traoré (IST) : pourquoi avoir attendu tout ce temps pour faire un sondage vers les jeunes, où les jeunes expriment leurs besoins, et dont le gouvernement tiendra compte ensuite. Pourquoi maintenant ?

Moustapha Naïté (MN) : nous avons lancé ce projet le 25 Mai 2015, appelé « nos jeunes ont du talent » pour magnifier la jeunesse guinéenne, mais surtout l'objectif principal est d'exhorter la jeunesse à l'excellence et leur offrir une espérance. Mais le programme politique national mené depuis 2010 pour 10 ans prévoyait de faire un bilan à mi parcours [donc au bout de 5 ans], pour évaluer ce qui a été fait, voir quelles mesures apporter, quelles préconisations amener pour renforcer cette politique nationale.

Commentaires : dans l'axe 2 du programme du RPG, un petit paragraphe est consacré à la jeunesse, mais il est écrit que « ces groupements et associations [de jeunes] n’ont souvent pas le savoir faire pour aller de la simple intention à l’action concrète sur le terrain. Afin de remédier à ces insuffisances et atteindre des résultats louables, le RPG s’engage à soutenir les groupements et associations de jeunes, en mettant en place une institution capable d’assurer la formation des jeunes à l’élaboration des projets, à leur planification et à leur exécution, et le financement des projets des jeunes ».

On suppose donc que le bilan visait à vérifier si l'institution créée pour les jeunes (laquelle ?) était efficace et si les projets des jeunes étaient financés. Malheureusement à aucun moment de l'entretien, il ne sera fait allusion à cela et encore moins à un bilan quelconque. On perçoit donc déjà que la date de cette concertation avec les jeunes, n'a rien à voir avec une quelconque politique nationale définie au préalable.

 

IST : la critique qu'on peut formuler, est que si on attend 5 ans pour demander aux jeunes ce qu'ils veulent, cela signifie qu'il n'existait donc pas de politique au départ pour cette jeunesse.

 

MN : mauvaise lecture, car avant on invitait les présidents des associations de jeunesse, des experts spécialisés pour définir la politique nationale pour les jeunes. Nous, on attend 5 ans pour faire le diagnostic de ce qui a été fait, et voir comment réorienter la politique. Pour la première fois en Guinée, l'État décide de libérer la parole, donner la parole aux jeunes pour que les jeunes puissent exprimer leurs besoins actuels urgents et ceux de leur localité. C'est un problème de gouvernance publique, faire participer les jeunes à la démocratie, une dynamique participative et inclusive. Moi je ne suis là que depuis Janvier 2014, et il n'y avait pas meilleur moment que maintenant.

Commentaires : quel est justement le diagnostic de ce qui a été fait ? Que signifie libérer la parole, car les jeunes appartiennent justement à une catégorie qui s'exprime, même si les moyens utilisés ne sont pas toujours adéquats ?

Chacun remarquera la belle démagogie à indiquer qu'on n'interroge plus quelques personnes triées sur le volet (mais peut-être représentatives), mais tous les jeunes, c'est-à-dire environ 5 millions de personnes ? Comment fait-on concrètement ?

Chacun remarquera également le lapsus, consistant à dire que le meilleur moment de la consultation est avant les élections, car Naïté a déjà oublié le bilan à mi-parcours qu’il évoquait, pour évaluer ce qui a été fait.

 

IST : on n'a pas besoin de faire tout ce protocole pour savoir ce dont les jeunes ont besoin. Ils doivent se soigner, aller à l'école, jouer au foot, avoir un emploi.

MN : c'est justement l'erreur à ne pas commettre. Nous avons voulu libérer la parole pour que le jeune puisse s'exprimer, le jeune peut être force de propositions et c'est ce qu'on ignore souvent. Le gouvernement, les experts, on peut s'asseoir et définir une politique pour le jeune. Or les jeunes ont la capacité de proposer des projets d'envergure, qui impactent leur vie, leur vécu quotidien. Nous allons dans toutes les sous-préfectures notamment rurales, et ces jeunes n'ont pas les mêmes besoins que les jeunes urbains. Dans toutes les sous-préfectures visitées, aucun jeune ne m'a demandé un emploi. Ce qu'ils demandaient, c'est leur épanouissement culturel. C'est même le problème général de tous les Guinéens. Pourtant leurs besoins c'est peut-être d'avoir des machines agricoles, des choses leur permettant d'augmenter leur productivité et de participer au développement du pays et de leur épanouissement économique personnel. Il est extrêmement important de comprendre qu'à travers cette consultation, nous, mais également les gouvernements successifs, aurons des besoins spécifiques pour telle localité, mais aussi pour les partenaires publics et privés, qui sauront désormais comment agir dans telle ou telle zone. Cette fois-ci nous sommes rentrés dans une dynamique de confiance avec les jeunes. Notre rôle n'est pas seulement de trouver de l'emploi pour les jeunes, mais aussi, notre mission prépondérante et principale, c'est de cultiver la citoyenneté, les valeurs de la république, que nous pouvons inculquer à ces jeunes. La participation démocratique en est une expression.

Commentaires : on est heureux pour Naïté de constater que les jeunes ruraux ne veulent pas d'emploi (ouf !!!) - car on a rien à leur proposer de toute façon -, mais leur épanouissement culturel. S'il avait pu développer un peu l'idée, cela nous aurait rassuré. C'est même génial pour Naïté de découvrir que ne pas demander d'emplois, c'est même le souhait essentiel de tous les Guinéens, car ne rien donner aux Guinéens, c'est à la portée de ce régime.

 

Là encore un nouveau lapsus consistant à remplacer le terme « culturel » par « économique », ce qui correspond sans doute davantage à la réalité, car à vrai dire les jeunes souhaitent toujours pouvoir se loger, travailler et se marier. Mais motus.

De même, dire que le rôle de ce Ministère n'est pas seulement de trouver de l'emploi pour les jeunes - je croyais que les jeunes n'en voulaient pas !!! -, est contradictoire. De même avouer que la mission principale du Ministère - je croyais pourtant que c'était d'écouter les jeunes !!! -, c'est de cultiver la citoyenneté et les valeurs de la république, que nous pouvons inculquer à ces jeunes. Sommes-nous en train de découvrir finalement la motivation principale de ces rencontres ? Le but n'est donc pas une communication ascendante (des jeunes vers le gouvernement), mais descendante – comme d'habitude – du gouvernement vers les jeunes. Je fais semblant de vous écouter, mais en réalité c'est ce que je dis, qui est important, sic...

 

Et le projet ?

IST : mais vous êtes à quel niveau de développement de ce projet ?

MN : nous avons recruté des rapporteurs pour chaque sous-préfecture (305 CRD), 38 commissaires régionaux représentant les préfectures et 9 commissaires nationaux, et un choix fort avec une commissaire générale afin de mettre en valeur nos jeunes filles, afin qu'elles puissent s'exprimer. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui organisent les « focus group » [groupes de discussion], où les jeunes filles de 15 à 24 ans s'expriment, et où les jeunes filles de 25 à 35 ans s'expriment (même chose pour les garçons). Cette phase est bouclée où les doléances des jeunes ont été collectées, mais nous leur avons demandé de ne pas se mettre seulement en situation de doléances, mais d'être également forces de propositions, qu'ils libèrent leur talent, qu'ils libèrent leur intelligence, pour demander à l'État d'être des partenaires et des décideurs. Cette phase aussi est terminée. Par la suite avec des experts (Projeg), nous allons centraliser les différentes requêtes et doléances, pour en faire un Livre blanc (un cahier de doléances), qui sera présenté au PRG au plus tard le 10 Août. Voilà les doléances des jeunes de la Guinée.

Commentaires : on découvre (pléonasme) la réalité de ce projet. En fait il ne s'agit pas d'écouter des présidents d'associations (élus par les jeunes, donc représentatifs), mais « d'écouter » environ 350 personnes nommées par ce gouvernement (les fameux rapporteurs et commissaires), dont on imagine bien qu'ils ne seront que la courroie de transmission du gouvernement, qui leur fera dire ce qu'il a envie (dont entre autres, qu'ils ne veulent pas d'emplois). Cela ressemble étrangement, même si c'est dans un autre domaine, au remplacement d'élus par des délégations spéciales, la marque personnelle d'Alpha Condé, qui ne supporte pas la contradiction. Finalement on met en avant que c'est une femme qui parlera au nom de tous. J'avais cru naïvement que c'étaient les 5 millions de jeunes qui devaient s'exprimer, et non pas la seule commissaire générale !!!

Qui peut m'expliquer cette phrase, qui sonne creux, en termes d'actes concrets ? : « nous leur avons demandé de ne pas se mettre seulement en situation de doléances, mais d'être également forces de propositions (???), qu'ils libèrent leur talent (???), qu'ils libèrent leur intelligence (???) ».

Accessoirement on rappelle quand même la présence d'experts (le Projeg). Sans doute ont-ils déjà acté les conclusions du Livre blanc, qui doit être publié rapidement (en 15 jours). Cela permettra de valider a posteriori le contenu, alors que les différentes phases de la consultation - la phase préfectorale, la centralisation et la synthèse, les dernières retouches et la publication -, sont loin d'être terminées !!!

IST : quelles garanties vous pouvez donner, que ce Livre blanc ne soit pas aussi rangé dans les tiroirs ?

MN : nous pensons que ce sont des informations importantes, dont pourront se servir les gouvernements et les différents partenaires techniques et financiers, pour dire voilà ce que veulent tels districts et/ou telles sous-préfectures. Sur tous les plans, c'est un processus qui va accoucher d'un produit extrêmement important pour les politiques publiques à mener par l'État.

Commentaires : il est clair que l'information selon laquelle les jeunes ne veulent pas d'emplois, est une découverte. Le contenu du Livre blanc est important, mais le gouvernement pourra agir (ce n'est donc pas une obligation), en fonction de ce document.

 

Et la politique ?

IST : on va changer de sujet pour parler de jeunesse dans la politique. Notre pays a énormément souffert des revendications politiques de l'opposition. Le constat c'est que ce sont les jeunes qui sont dans la rue, on peut penser que c'est parce qu'ils sont désœuvrés. En tant que Ministre de la jeunesse, ne vous sentez pas un peu coupable de cette situation ?

MN : les parents et les gouvernants ont une part de responsabilité dans ce que nous vivons, même si ce n'est pas spécifique à la Guinée. Mais c'est une responsabilité partagée, chacun de nous a sa partition à jouer. Quand nous voyons que ces jeunes sont manipulés, moi j'appelle ça du terrorisme politique. Car quand vous envoyez des jeunes enfants qui n'ont aucune connaissance de ce pourquoi ils revendiquent, des enfants qui ne sont même pas en âge de voter, et nous voyons que chaque fois qu'il y a des manifestations cela se solde par des dégâts extraordinaires, ce qu'aucun de nous, en tant que parent, responsable ou Guinéen, ne souhaitons dans notre pays. Il y va de la responsabilité des uns et des autres de savoir que ces jeunes sont nos enfants, représentent l'avenir de la Guinée, que nous devons tout faire pour les protéger, et en leur donnant les valeurs importantes de la république, le respect de la loi. Tous les jours on le dit. Nous gouvernons aujourd'hui et nous nous devons de respecter la loi. Celui ou celle qui aspire à gouverner demain, se doit de respecter la loi. Seule la loi garantit la liberté des uns et des autres.

Commentaires : Naïté se plaint que des enfants non en âge de voter ne puissent pas s'exprimer, mais dans ses groupes de discussion figurent des mineurs de 15 à 18 ans non révolus. Lorsqu'il évoque en faux-cul, des dégâts extraordinaires, on ne sait pas s'il veut parler de dégâts matériels ou humains. Par ailleurs en indiquant qu'il faut protéger nos enfants, il ne mentionne pas le fait que son gouvernement a choisi de le faire, en tuant ces mêmes enfants à protéger.

Quant à indiquer que ce gouvernement respecte la loi, il est tellement ridicule, que je n'insisterai pas sur ce mensonge éhonté. Quant à accuser l'opposition de ne pas respecter la loi, je ne connais pas d'instance judiciaire où le gouvernement poursuit l'opposition sur cette base.

 

IST : par rapport à la jeunesse, le politique qui manipule le jeune se met dans une faille parce que justement le jeune n'est pas occupé, le plus souvent il est désœuvré.

MN : ça va au-delà de l'occupation et du désœuvrement, l'expression de la pauvreté c'est l'ignorance. C'est pourquoi nous devons nous battre davantage pour éduquer nos jeunes. Si nous mettions l'éducation au cœur de notre politique, de notre développement, pour avoir une jeunesse consciente, éveillée et qui sache ce pourquoi elle revendique. La plus grande pauvreté c'est d'abord l'ignorance. Si nous combattons l'ignorance, nous irons très loin, et ces manifestations, si elles sont autorisées, pourront se faire dans la plus grande discipline et dans le respect de nos lois.

Commentaires : Naïté reconnaît que l'éducation n'est donc pas une priorité pour ce gouvernement. Mais était-ce utile de le préciser ? Dès lors il ne faut pas s'étonner de la mauvaise, voire de l'absence d'éducation de nos jeunes. Où en est l'instruction civique obligatoire à l'école par exemple ?

 

IST : on voit que le PRG s'intéresse de plus en plus à la jeunesse. Est-ce que c'est parce que les élections arrivent ? On voit qu'il a un compte Facebook, un compte Twitter, une page web, il rencontre les étudiants, pourquoi maintenant ?

MN : (après hésitation), c'est un procès d'intention, car le PRG a dédié son mandat aux jeunes et aux femmes, donc c'est tout à fait normal de voir qu'au cœur de sa politique va figurer la question de la jeunesse. Pour lui, la jeunesse c'est l'avenir de la Guinée. Le fait de se mettre sur Twitter ou Facebook, c'est une mise à jour (???), c'est tout à fait naturel. De plus en plus de jeunes utilisent ces médias, et c'est à l'arrivée du PRG que la technologie s'est davantage démocratisée dans notre pays. On ne peut nier cela, la fibre optique c'est sous le mandat d'Alpha Condé. Aujourd'hui tous les Smartphones que nous avons par ci, par là, c'est à l'arrivée d'Alpha Condé (???), donc les ruraux et les urbains ont des Smartphones. Le PRG veut aller à leur rencontre, où qu'ils se trouvent, pour leur demander de libérer la parole, afin qu'il puisse s'exprimer et échanger avec cette jeunesse.

Commentaires : on a vu précédemment ce que le RPG réservait à sa jeunesse, qui constitue pourtant la majorité de la population. Concernant les femmes, c'est encore pire, et elles sont loin d'être prioritaires, faisant l'objet de l'Axe 9 du programme du RPG (seuls les 5 premiers le sont). Les femmes constituent surtout « une couche vulnérable par excellence ». Le RPG prévoit de « promouvoir les activités en faveur des femmes (couture, coiffure, teinture, petit commerce, maraîchage, fumage de poisson, etc.) », mais également « assurer la prise en charge des femmes enceintes et appliquer effectivement la gratuité de la césarienne ». Tout est dit sur la place qu'on leur réserve.

 

IST : dernière question : vous êtes aussi un homme politique, parce membre du parti au pouvoir. Quel regard portez-vous sur le dialogue qui coince, qui reprend entre le pouvoir et l'opposition ?

MN : je pense que c'est assez regrettable que nous soyons encore à ce niveau après 5 années de démocratie dans notre pays. Chacun de nous s'est battu pour que nous ayons un président démocratiquement élu, nous nous sommes battus pour que nous ayons des législateurs, qui en principe doivent être les garants de nos lois. Que l'on mette toujours de côté les valeurs de la république, les lois que nous avons votées, pour se retrouver et discuter des choses qui normalement ont été réglées par la loi. Quand je vois le débat sur la CENI, j'ai mal pour mon pays, car je me dis quelles valeurs nous donnons à cette jeunesse, quelles leçons nous donnons à cette jeunesse, que nous votions nous-mêmes des lois que nous ne voulons pas respecter. La CENI a été mise en place par une loi organique. Nous avons décidé librement d'avoir une CENI paritaire 10/10, et aujourd'hui on veut...

Commentaires : l'Assemblée Nationale vote la loi, c'est au PRG d'être garant du respect de cette loi, sic… Et on s'étonne que nos ministres mélangent tout. S'ils savent pourquoi ils sont là, en revanche ils ne savent pas pour quoi faire, en dehors des mamayas ?

Pour une fois, Naïté a été habile en évoquant la CENI, car c'est le seul point où on ne peut le mettre en défaut. Cela lui permet de ne pas évoquer toutes les violations de la loi, dont son gouvernement est l'auteur.

 

IST : il y a aussi les délégations spéciales ?

MN : les délégations spéciales, c'est étonnant, je rappelle que l'article 5 du Code des Collectivités locales, précise très bien que les présidents des délégations spéciales peuvent être nommés, s'il y a les conditions qu'il faut, et ces présidents nommés ou élus peuvent et doivent rester en place, tant qu'il n'y a pas une nouvelle élection et si l'impossibilité de tenir des élections est avérée. Nous sommes dans ce cas, et naturellement cette impossibilité doit être constatée par l'institution qui a la légitimité de la faire. Mais nous avons tous voulu faire une lecture partielle des choses, comme si nous n'étions pas capables de prendre la loi et de la lire de façon très claire. Ça c'est la première des choses.

La revendication était sur les 28 délégations spéciales, la mouvance a accepté à l'aune des élections législatives de recomposer ces 28 délégations spéciales pour garantir une représentativité dans ce qui pouvait être un problème pour nos amis de l'opposition. Mais aujourd'hui ce qui est grave et dramatique, c'est que comment quelqu'un qui aspire à gouverner demain, peut demander qu'on change, à 2 mois des élections présidentielles, non seulement les 28 délégations spéciales, mais aussi l'ensemble des CRD et les quartiers de tout le pays, donc avoir plus de 5 000 personnes à réélire ou à changer en un mois. C'est quand même affaiblir l'État, et quand on aspire à gouverner demain on doit tout faire pour que l'État reste solide, pour ne pas affaiblir l'État. C'est important pour le développement, un État faible, pas de développement possible.

Commentaires : personne ne demande à Naïté de connaître le Code des Collectivités locales, c'est pourquoi il faut se limiter à citer le Code et non un article en particulier, car l'article 5 dispose que « les collectivités locales financent par priorité les projets relevant des domaines de compétence qui leur ont été dévolus par la loi ». Sans doute voulait-il parlé des articles 77 et 80 du même code. C'est bien de rappeler qu’il n'est « pas capable de prendre la loi et de la lire de façon très claire ».

C'est dommage que Naïté n'ait pas développé ce qu'il appelle « les conditions qu'il faut », car cela l'aurait obligé à rappeler des violations de la loi (articles 89, 100 et 105). Cela l'empêche sans doute – mais rien n'est moins sûr – de comprendre pourquoi l'opposition conteste la légalité des délégations spéciales. Cela lui permettrait également de comprendre – mais là encore, rien n'est moins sûr – pourquoi l'opposition conteste la légalité des CRD, sachant que les articles 79 et 102 du même Code, permettent aux préfets – et ils ne s'en sont pas privés – de remplacer des élus locaux, sans la publicité présidentielle.

De même, l'ensemble des élus locaux représente environ 40 000 et non 5 000 personnes. Enfin si les élus locaux ne participent pas aux élections comme le serine la mouvance, on ne comprend pas en quoi cela affaiblira l'État.

 

 

Conclusion

La consultation des jeunes, managée par Moustapha Naïté est une nouvelle opération propagandiste, dont les tenants et aboutissants sont devenus clairs à l'issue de cet entretien. L'opération « les jeunes ont du talent » - imagine t-on de dire que les jeunes sont nuls ? - ne l'a pas démontré par des exemples de réussite.

On ne fait rien pendant 5 ans pour les jeunes, puis ensuite on communique un maximum (on brasse de l'air en réalité), juste avant les élections, comme l'a bien relevé Ibrahima Sory Traoré (il a plusieurs fois insisté sur cet aspect), non coupable de complaisance envers ce régime, pour dire à tous (environ 5 millions de jeunes) qu'on va s'occuper d'eux. Comment ? Ils verront bien… mais après les élections. En attendant ils ont des « représentants » au garde à vous.

 

 

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).