manifestants_6Une vingtaine de personnes ont été blessées lundi à Conakry lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre guinéennes déployées en masse dans la capitale pour empêcher une nouvelle mobilisation contre le calendrier électoral, selon l'opposition.

Le gouvernement du président Alpha Condé a de son côté fait état de deux personnes blessées dans des accidents de la circulation provoqués, d'après lui, par les protestataires.

 

L'activité a été également perturbée dans plusieurs localités favorables à l'opposition, qui ont pris des allures de villes mortes, comme N'Zérékoré (sud-est), Labé (centre-nord), Mamou, Pita et Dalaba (centre), d'après des habitants et des médias privés locaux.

 

A la mi-journée, le gouvernement a fait état de manifestations autorisées qui se sont déroulées sans heurts dans certaines villes de province comme Labé, Pita et Tougué (centre-nord).

 

Dans la capitale, la résidence de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l'opposition, était cernée par un cordon de police et de gendarmerie depuis les premières heures de la matinée, a indiqué M. Diallo à quelques journalistes.

 

Un déploiement similaire entourait les domiciles de Sidya Touré et de Baïdy Aribot, deux autres responsables de l'opposition, selon leur parti et leurs proches.

 

Nous allons porter plainte contre les forces de l'ordre pour séquestration devant les tribunaux, a affirmé le porte-parole de l'opposition, Aboubacar Sylla.

 

Après une journée ville morte à Conakry début avril puis des manifestations non autorisées - avec plusieurs morts et au moins une vingtaine de blessés - l'opposition cherche depuis le 23 avril à étendre sa contestation à l'ensemble du territoire.

Disant craindre des fraudes de la part des exécutifs communaux désignés par le pouvoir (faute de scrutin à cet échelon depuis 2005), elle exige la révision du calendrier renvoyant les élections locales après la présidentielle d'octobre, ce qu'a catégoriquement exclu M. Condé.

 

Lundi après-midi, l'opposition a enregistré 26 blessés dont une dizaine par balles, a affirmé son porte-parole adjoint, Mamadou Mouctar Diallo, joint par téléphone par l'AFP.

 

Il a accusé des membres des forces de l'ordre d'être entrés dans des domiciles privés pour piller et jeter du gaz lacrymogène.

 

Le gouvernement a dénombré pour sa part deux civils blessés dans des accidents dans la banlieue de Conakry, provoqués par certains partisans (de l'opposition) qui barricadent les voies et déversent de l'huile de moteur sur la chaussée.

 

Le grand marché de Madina, poumon économique de Conakry, était fermé, ainsi que la plupart des commerces sur les marchés de Koloma, Cosa et Gbessia, quartiers de banlieue proches de l'aéroport, selon le journaliste de l'AFP.

 

Des échauffourées ont opposé des jeunes aux forces de l'ordre à Wanidara (banlieue), selon des résidents, ainsi qu'à Koloma, d'après le journaliste de l'AFP. A Koloma, des manifestants ont brûlé des pneus et jeté des cailloux sur les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.

 

A Kaloum, quartier administratif et des affaires, des manifestantes - quelques centaines de femmes selon des témoins et des journalistes, une centaine selon la police - ont tenté de marcher en criant des slogans hostiles à Alpha Condé. Elles ont été dispersées par les forces de l'ordre.

 

Une dizaine d'entre elles ont été arrêtées, selon les témoins, ce qu'a confirmé un policier, arguant d'une interdiction de manifester.

 

Policiers et gendarmes étaient présents en masse sur les principaux axes de la banlieue. Des véhicules blindés, camions et pick-ups, avec des agents arborant casques, matraques et lance-grenades lacrymogènes, stationnaient aux endroits stratégiques.

AFP