militaireUn militant de l’opposition a été tué à Labé, dans le centre-nord du pays, lors des nouvelles manifestations organisées contre le président Alpha Condé, jeudi 23 avril. L’homme âgé de 25 ans est mort sous les coups de matraque des forces de l’ordre, selon les déclarations d’une source hospitalière, sous couvert d’anonymat. Le corps a été conduit à la morgue de l’hôpital régional par les manifestants aux cris de « Allahou akbar » (Dieu est le plus grand) et « Mort aux dictateurs », selon des témoins.

 

Le climat était très tendu entre manifestants et forces de l’ordre en début d’après-midi dans la ville située à quelque 400 km de la capitale et fief du chef de file de l’opposition, l’ex-premier ministre Cellou Dalein Diallo. Le marché central et les écoles étaient fermés, ainsi que des stations-service.

 

A Kindia, à 130 km à l’est de Conakry, où se déroulait également une marche de protestation, l’opposition a fait état de plusieurs dizaines d’arrestations.

 

Par ailleurs, à Conakry, les forces de l’ordre ont barré au moyen de véhicules l’accès aux domiciles de deux dirigeants de l’opposition, les anciens premiers ministres Diallo et Sidya Touré, a-t-on appris auprès des intéressés. « J’ai appris qu’ils [les policiers] ont barricadé toutes les issues, seuls ceux qui veulent rentrer peuvent le faire, mais pour sortir c’est non », a déclaré à l’AFP Cellou Dalein Diallo.

Barricades à Conakry

 

« Les forces de l’ordre ont érigé des barricades en plaçant plusieurs de leurs véhicules aux entrées et sorties de mon domicile, toutes les ruelles qui mènent chez moi sont barricadées », a affirmé M. Touré. « C’est la preuve que nous sommes dans un état de siège ici en Guinée, on bastonne les militants par-ci, on tue les autres par-là », a-t-il ajouté.

 

Après une journée « ville morte » à Conakry au début du mois puis des manifestations non autorisées mi-avril et en début de semaine, avec plusieurs morts et des blessés, l’opposition cherchait jeudi à étendre son mouvement à l’ensemble du pays. Elle demande le respect du calendrier électoral avec la tenue rapide du scrutin local jusqu’ici différé par le chef de l’Etat. En visite officielle à Paris, Alpha Condé a réaffirmé que l’élection présidentielle serait organisée en octobre 2015 sans évoquer la requête de l’opposition.

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