Alpha conde francois soudanL’article de François Soudan titré : « Élections en Guinée : la rue contre les urnes » dans les colonnes de Jeune Afrique, porte voix des dictateurs africains, a fait des vagues dans la diaspora guinéenne à Paris.

Une tripotée de jeunes diaspos très remontée contre la haine ethnique que cet article épande dans les quatre régions naturelles du bled, une poignée de diaspourris et une bagatelle de diasripoux outrés par les méthodes peu orthodoxes de François Soudan à monnayer ses écrits auprès des dictateurs sur le continent, se sont tous rassemblés sur la place du marché dans le 16ème arrondissement le samedi 24 février en criant leur rancœur à quelques mètres du siège de l’hebdomadaire. Cinq cars de CRS (compagnie républicaine de sécurité) et deux motards de la police se sont déployés et quadrillés les lieux. Voyant qu’elle n’a pas affaire à des énergumènes, à des « gangs  peuls », la flicaille, certainement intoxiquée par Jeune Afrique, a fini par débarrasser le plancher bien avant le début de la manifestation ne laissant sur place que deux à trois poulets en civil.

Les manifestants guinéens à Paris ont déroulé leurs trois grandes banderoles dont chacune marquée par le cri du cœur : « François Soudan, porte parole des dictateurs » ; « Jeune Afrique, porte parole des dictateurs africains » ; « La société civile guinéenne condamne les propos de François Soudan ».

Dans un froid polaire baptisé par les météorologues « Paris-Moscou », de jeunes diaspos, des diaspourris et des diasripoux caparaçonnés dans des parkas, des vestes, et des jackets ont scandé de façon saccadée : 

« Honte à Jeune Afrique ! François Soudan ne touche pas à mon peuple » ; « La République de Ratoma, non et non ! La République de Guinée, oui et oui !» ; « Pas la haine en Guinée. Ne touche pas au peuple guinéen » ; « Honte au journal Jeune Afrique ! le peuple de Guinée est uni. Pas de discours démagogique. Pas d’incitation à la haine » ; « Ne divise pas la Guinée. Honte à François Soudan ! Honte à Jeune Afrique ! » ; « Les Guinéens sont unis. Pas de discours démagogique comme Alpha Condé le fait » ; « Honte aux dictateurs africains. Pas de violence en Guinée » ; « La République de Ratoma n’existe pas. La République de Guinée, oui. Honte à François Soudan ! »

Après ces cris scandés, les paroliers se sont succédé au crachoir pour dénoncer François Soudan qui parle de « République de Ratoma » qui ne serait à ses yeux qu’un foyer de peuls. Les intervenants se sont défoulés en peul, soussou, malinké, français, anglais. Eux tous sont tombés dans la face de ce vioque journaliste alimentaire et corrompu de Jeune Afrique. Il faut dire au passage que celui-ci n’est pas à son premier coup d’essai. A un âge canonique, il est têtu comme un âne. En effet le 23 février dernier, il a encore persisté et signé dans sa réplique au droit de réponse de Souleymane  Bah, Secrétaire national chargé de l’information et de la communication de l’UFDG :

« Les faits sont têtus. Depuis huit ans, les actes de contestation violente du pouvoir en place proviennent tous, à Conakry, du même quartier de Ratoma où la proximité est établie entre les revendications de l’UFDG, celles des jeunes et la composition communautaire de la grande majorité des habitants. En quoi le fait de rappeler cette évidence équivaut-il à une quelconque stigmatisation de ladite communauté ? »

Franchement, François Soudan est décevant. A-t-il vraiment épluché les revendications de l’UFDG pour établir incontinent une proximité avec les désidérata des populaces de Ratoma ? Ce n’est pas une « évidence », c’est un mensonge politique. Et c’est malhonnête de poser la question en ces termes : « En quoi le fait de rappeler cette évidence équivaut-il à une quelconque stigmatisation de ladite communauté ? »

Le verbe « rappeler » dans cette question est malséant parce que cette « évidence » du monomane de Jeune Afrique est en vérité une manœuvre florentine qui vise surtout à couler l’opposant antagonique de Goby Condé qui trône au palais Gokhi Fokhè. Et l’on se sent tout chose quand on lit cette autre escroquerie politique de la part de François Soudan :

« La cartographie électorale de la Guinée est limpide. C’est dans le Fouta et à Ratoma, ses fiefs, que l’UFDG et son chef réalisent de très loin leurs meilleurs scores. Certes, lors des communales du 4 février, ce parti est arrivé à égalité avec la formation au pouvoir dans certaines villes de Basse Guinée, ce qui constitue un progrès. Mais il faudra m’expliquer pourquoi qualifier M. Dalein Diallo de leader de sa propre et très respectable communauté (ce que je maintiens) est « diffamatoire » – à moins de considérer qu’il s’agit là d’une tare. Aurais-je écrit le contraire que cela m’aurait aussi valu, de sa part, une volée de bois vert ! »

On va te l’expliquer en peu de maux parce que tu ne sembles pas ferré sur la situation politique guinéenne. Les Guinéens souffrent de tribalisme, de l’ethnocentrisme, de régionalisme depuis la révolution sékoutouréenne. Et Goby Condé, depuis son arrivée au pouvoir en 2010, n’a cesse d’attiser la haine ethnique dans la contrée pour régner. Nous te renvoyons à tous ses propos sordides sur le sujet. Et nous autres qui aspirons à bâtir une nation guinéenne dans laquelle chaque individu, disons chaque citoyen guinéen, sera jugé, apprécié selon ses insignes capacités personnelles et non en fonction de ses relations parentales avec tel ou tel boyard du régime en place pour décrocher un travail et vivre dignement à la sueur de son front, nous bataillons contre l’exclusion, l’ostracisme, l’ethnisme et l’ethnicisme, le clanisme, le tribalisme. C’est en cela que le Sénégal de Léopold Sédar Senghor a vraiment réussi. Au Sénégal la valeur de l’individu ne rime pas en fonction de son nom de famille. Au pays de la teranga, le citoyen sénégalais est égal partout chez lui sur le territoire national. Mais en Guinée, le 13 février dernier, l’ostrogoth au palais Gokhi Fokhè, qui se cache souvent derrière un masque pour détourner l’attention et dire du mal, emprunte le nom peul, Algassimou-Korbhe-Diallo, et se permet encore cette scabreuse incartade :

« Personne ne quitte sa région pour aller faire fortune au Fouta mais à l’opposé on trouve dans tous les petits villages de toutes les régions de la Guinée des peulhs qui cherchent à faire fortune. Quand les autres vous acceptent, essayez de les respecter tout au moins. » Pouah !

Le régime de Goby Condé va-t-il instituer un visa et une carte de séjour entre les quatre régions naturelles de la Guinée pour renflouer les caisses de l’Etat ? Afakoudou ! tous les Guinéens deviendront alors des funambules. Blague à part ! c’est irresponsable, imbécile d’écrire cela. C’est un gros mensonge politique de dire ça. C’est haineux et grave de tenir un tel propos. C’est un propos qui met en situation de danger de mort les Guinéens en Guinée même : Goby les monte les uns contre les autres et il s’étonne qu’on lui tombe sur le poil. Les « Battrénaa nafikhis » croient arriver à tout par la manipulation.  

C’est possible de réussir ce pari social gagné au Sénégal en Guinée. Nous y croyons dur comme fer. Et c’est pourquoi nous nous alarmons de tous ces écrits inconsidérés dans les colonnes de Jeune Afrique qui se prête au jeu politique de Goby Condé en accentuant la division ethnique dans le bled.

Dans une certaine mesure ce n’est ni « diffamatoire » « de qualifier M. Dalein Diallo de leader de sa propre et très respectable communauté » et c’est encore « moins de considérer qu’il s’agit là d’une tare. » C’est d’abord une insulte, un manque de respect, d’égard à la communauté peule et à toutes les autres communautés de la Guinée. Ensuite le fait de tomber dans les égouts d’une telle qualification prouve la légèreté, le manque de sérieux de la part de François Soudan à analyser le débat politique en Guinée.

Franchement en lisant François Soudan, on est déçu. L’on n’est pas dans une attaque ad personam. On est plutôt dans l’argumentum ad hominem. Relisez ses écrits ! Voyez-vous ! Il est trop léger. Comment un journaliste de son renom peut écrire sans prendre de la hauteur ? C’est vraiment un journaliste alimentaire pour ne pas dire « journaliste bordel », une expression de l’ancien Pharaon du CNDD, Moussa Dadis Camara, à l’adresse de cet autre envoyé spécial de Jeune Afrique qui quêtait un publi-reportage auprès de la junte d’alors au pouvoir à Cona-cris.

Ecoute, François Soudan ! les Guinéens, toutes communautés confondues, sont plus que jamais engagés dans la bataille contre le pouvoir absolu et pour la démocratie. Et Thomas Mann écrit justement dans son roman, « La montagne magique » ceci :

« La Démocratie n’a pas d’autre sens que celui d’un correctif individualiste de tout absolutisme de l’Etat. »

Nous sommes sûrs que si nous gagnons la bataille démocratique, nous gagnerons la bataille du développement. Nous avons besoin d’institutions fortes qui donneront crédit au fait que « La Vérité et la Justice sont les insignes royaux de la morale individuelle, et en cas de conflit contre l’intérêt de l’Etat elles peuvent même prendre l’apparence de puissances hostiles à l’Etat, alors qu’en réalité elles tendent au bien supérieur, disons-le : au bien terrestre de l’Etat. » Comme le dit Thomas Mann.

Tu vois, François Soudan ! Jeune Afrique ne survivra pas à son fondateur, Béchir Ben Yahmed. Pourquoi ? Parce que les Africains en ont marre des dictatures, des pouvoirs absolus qui sont la sève nourricière de Jeune Afrique. Vous soutenez nos dictateurs. Nous les combattons pour survivre et vivre. Vous soutenez Goby Condé qui grenouille à rester au trône au delà de 2020. Nous estimons que l’alternance au pouvoir est un gage du développement et de paix sociale sur le continent. Nous exigeons le respect de la constitution qui interdit à Gobykhamé de briguer un 3ème mandat successif. Cette exigence n’est nullement sous-jacente à telle ou telle communauté en Guinée. Lève la tête et essaie de réfléchir plus loin que le bout ton nez et tu comprendras l’engagement de tous ces jeunes diapos, de ces diaspourris et diasripoux qui ont bravé le froid polaire dit « Paris-Moscou » pour manifester contre tes écrits communautaristes sources de tension sociale en Guinée. La manifestation s’est terminée dans le calme et la discipline aux environs de 18h. Rideau !

Benn Pepito