alpha_conde_9Ce vendredi matin, à 48 heures du premier tour de l’élection présidentielle en Guinée, le président Alpha Condé, candidat à sa succession, est l'invité de RFI.

RFI : Monsieur le président, cinq ans que vous dirigez la Guinée, dans quel état d’esprit est le candidat ?

Alpha Condé : D’abord je suis président avant d’être candidat. Je continue à diriger les affaires de l’Etat. La preuve, vous voyez : j’inaugure, je reçois les hommes d’affaires ...
Comment vous sentez vos militants, vos partisans ?
Pour le moment je laisse les autres – et vous les journalistes – apprécier. Je ne fais pas d’appréciation, je fais mon boulot.

Mais vous profitez de ces instants de liesse qu’on n’a pas forcément quand on est président ?

Oh ! Est-ce que j’ai le temps ? Je ne sors pas, je ne regarde même pas la télévision. C’est pour dire, je ne suis même pas la campagne à la télévision. Parce que l’Etat guinéen ne s’arrête pas ! Les élections vont passer, mais il y a des gros dossiers qui doivent être prêts. Nous devons commencer le barrage de Souapiti. Il faut qu’on fasse tout pour que tout soit fini en décembre, pour que le barrage démarre en décembre ou en janvier. Je laisse à mes équipes le soin de s’occuper de la campagne et de suivre. Moi, je continue à gérer l’Etat.

Vous espérez être élu au premier tour ? C’est votre slogan principal : ‘Un coup ko’ ?

C’est le slogan de mes militants à moi. Moi, je ne fais pas d’appréciation, je fais mon travail. C’est le peuple guinéen qui décidera.

C’est vous qui avez choisi ce slogan ?

Non...

Mais ce n’est pas vous qui avez demandé à ce que ce slogan soit sur les affiches où on vous voit ?

D’abord premièrement je n’ai pas vu mes affiches. C’est mes équipes… La plupart des affiches je ne les ai même pas vues. Moi je ne m’occupe pas tellement de la campagne. J’ai des équipes pour ça. Moi je gère l’Etat.

Mais être élu au premier tour ça vous permet justement, d’être dans la continuité de l’Etat.

Je ne fais pas de commentaire sur le premier ou le deuxième tour. Pour le moment chacun n’a qu’à faire son travail.

Pour vous cette élection doit se tenir ce dimanche. Il n’y a pas de problème ? L’opposition à un moment a appelé peut-être à un report ?

C’est la Céni qui organise les élections. A partir du moment où la Céni est techniquement prête, en aucun cas on ne touche à cela. C’est la Céni qui décide. Si la Céni décide d’un report on reporte. A partir du moment où la Céni dit qu’elle est prête, l’élection aura effectivement lieu le 11 octobre. Effectivement.

Justement, si vous êtes réélu quelles seront vos premières grandes décisions ?

Je crois qu’on ne fera que continuer le programme que l’Ebola nous a empêchés de continuer. C'est-à-dire l’énergie, les infrastructures, l’agro-alimentaire, la transformation de matières premières désormais sur place et aussi le renforcement de la politique agricole.

Ensuite permettre les meilleures conditions pour le développement du tourisme où l’on peut faire un beau coup, alors que la Guinée est un pays excellemment touristique : nous avons la mer comme le Sénégal, la forêt comme la Côte d’Ivoire, la savane comme le Mali. Nous avons en plus des hauts-plateaux comme le Kenya ou la Tanzanie. Donc c’est permettre à toutes ces activités de se développer. Il reste à renforcer les routes.
L’épidémie d’Ebola a pour vous vraiment été un coup d’arrêt à tous vos projets ?
Evidemment, l’Ebola est venue au moment où nous venions de signer des contrats pour 25 milliards de dollars, où toute l’économie allait repartir sérieusement. C’est à ce moment que l’Ebola est venue, évidemment a mis tous nos efforts à terre. Mais aussi nous allons tirer des leçons d’Ebola. J’ai dit que nous pouvons transformer ce malheur en une opportunité pour la Guinée.

Comment ?

Mais d’abord l’Ebola nous a fatigués parce qu’on n’avait pas de bons hôpitaux, donc on a commencé le nouveau centre de l’hôpital de Danka, on a commencé à construire des centres de santé en milieu rural, dans les sous-préfectures. L’Ebola nous a fatigués parce qu’on n’avait pas de routes, donc on a commencé à faire les infrastructures, tant sur le budget national qu’avec la BAD. L’Ebola nous a fatigués parce que les entreprises étrangères sont parties. Nous allons maintenant faire la promotion des entreprises guinéennes par le partenariat public privé et africain. Donc vous voyez, en quelque sorte Ebola nous a amenés à réfléchir, à revoir complètement notre politique de développement.

Pour vous cette épidémie est terminée ?

Demandez aux médecins ! Ce sont eux qui sont les mieux placés.

L’opposition critique tout le bilan d’Alpha Condé, autant l’administration que votre bilan économique. Qu’est-ce que vous leur répondez ?

Regardez la Guinée à la mort de Sékou Touré : on avait plus de cent usines. Quand je suis venu est-ce qu’il y avait une seule usine ? La Guinée a été le premier pays d’Afrique noire après l’Ethiopie à avoir des commandants de bord et une compagnie aérienne. Est-ce que j’ai trouvé une compagnie aérienne ? Qu’est-ce que j’ai trouvé ? Rien ! Les usines ont été bazardées, l’agriculture était à terre, les paysans ne conservaient même pas dix mille tonnes d’engrais. Si c’était des gens qui n’avaient jamais gouverné je les aurais pris au sérieux...

La population craint les violences. Quel message vous voulez adresser aux Guinéennes et aux Guinéens ?

D’aller tranquillement voter dans la paix et la tranquillité. Nous allons faire respecter la loi. Il y a une loi. Si les gens violent la loi, la loi sera désormais appliquée. Je demande aux populations de ne pas répondre aux provocations et de ne pas insulter, d’aller tranquillement voter…

RFI