moutonA quelques jours de la fête de Tabaski, l’on assiste à une flambée généralisée des prix sur le marché à bétails. Une inflation qui, du coup, vient alourdir les charges du guinéen lambda qui tire le diable par la queue pour assurer le quotidien de la famille.

Ces prix varient entre six cent milles 600.000 GNF (70 euros) et un millions deux cent mille 1.200.000 GNF (plus de 100 euros). Une hausse que les vendeurs imputent au transport du bétail et l'augmentation de la taxe.

Bien que les différents parcs à bétail soient remplis, l'on constate que la clientèle se fait rare pour l'instant. Une situation qui préoccupe les vendeurs qui se plaignent en premier lieu. Comme le témoigne Moustapha Barry  vendeur au parc de l'aéroport: « Cette année nous avons moins de clients et je vends moins que d'habitude. Certains viennent demander et repartent sans acheter. A telle allure nous risquons de nous retrouver avec beaucoup d'invendus. ».

Cette flambée du prix des petits ruminants n'affecte pas que les vendeurs, c'est aussi une préoccupation pour plus d'un guinéen qui n'hésite pas à faire savoir toutes les peines qu'ils rencontrent pour se procurer d'un mouton.

« J'ai acheté un mouton à 900.000 GNF (100 euros) après une longue discussion avec le vendeur. Son premier prix était un million deux cent 1.200.000 GNF. Pourtant l'année dernière j'ai acheté un mouton avec un même gabarit à six cent mille. Tout cela c'est pour vous dire que cette année le mouton coûte très cher », déplore Amadou Cissé.

Si la hausse des frais de transport et la taxe sont évoqués comme raisons de la flambée des prix des petits ruminants par les vendeurs, l'état dégradé des routes, l'entretien des animaux n'est pas en reste du lot de plainte. Selon leurs dires, rares sont les transporteurs qui acceptent actuellement d'aller dans les zones éloignées.

  « Toutes nos routes sont dégradées. Certains chauffeurs n’acceptent pas d’aller à l’intérieur du pays à cause du mauvais état de la route. Ceux qui acceptent d’y aller, nous font payer cher. Ce qui fait une fois, on achemine les moutons à Conakry, nous ne pouvons pas les vendre moins chers. Il faut vendre au double ou au triple pour faire un peu de bénéfices. », explique Moussa Sow avant de soulever une autre difficulté, celle liée au transport du bétail de certains pays voisins vers la Guinée.

« Les moutons du Sahel sont les plus prisés sur le marché, mais ils coûtent très chers. Au Mali, on nous vend un mouton entre trente mille à trente-cinq mille francs CFA. On dépense beaucoup pour les faire parvenir à Conakry. Donc, si on calcule tous les frais, on ne pourra pas vendre les moutons du Sahel moins d’un million deux cent mille francs guinéens. », se justifie-t-il.

L’une des spécificités de cette fête, c’est l’immolation des  moutons, béliers ou bœufs selon les possibilités financières de chacun. Avec la conjoncture économique actuelle du pays, il apparaît pour l'heure que nombre de guinéens vont s'abstenir cette année.

Aguibou Barry pour www.guinee58.com