ac1J'ai lu sur certains sites l'hypocrisie chronique de certains PDGistes et/ou RPGistes qui prônent verbalement la réconciliation nationale. Dans leur esprit, il faut être clair, cela signifie qu'il faut pardonner – donc oublier - leurs crimes passés et présents.

Pour justifier leur démarche ils osent réaffirmer ce qu'ils nous serinent depuis des lustres, à savoir que les bourreaux sont devenus victimes et réciproquement. Autrement dit, puisqu'on peut mettre tout le monde dans le même sac, inutile de faire une fixation sur les crimes passés et passons à autre chose.

Certains osent même prétendre qu'Alpha Condé est un homme de paix puisqu'il est l'initiateur de cette idée de réconciliation nationale. C'est oublier un peu vite qu'il n'est lui-même qu'un vulgaire criminel, en tant que Ministre de la Défense, et que ce tour de passe-passe n'amuse que les simples d'esprit.

Je rappelle à ces écervelés qu'il n'y a pas eu, fort heureusement, de génocide en Guinée, et que les crimes collectifs n'ont de ce fait pas existé. Par conséquent en droit pénal, les crimes sont individuels, un crime étant au moins associé à un criminel. On ne peut donc pas affirmer que les bourreaux (de manière impersonnelle) sont devenus victimes et inversement. Un individu peut avoir été bourreau avant de devenir victime ou inversement, mais le cas de cet individu ne peut être généralisé à tout un groupe d'individus indifférenciés, voire même éventuellement à une communauté.

Il faut étudier chaque crime pour recenser et les victimes et les criminels de manière individuelle. Et si dans une famille, un père était bourreau sous la première république, et son enfant devenu victime sous la deuxième, il suffira de traiter les problèmes au cas par cas : sanction pour le criminel, réparation pour la victime. Car si un enfant n'est pas responsable des agissements de son père, son statut éventuel de victime - par un retournement de l'histoire – ne peut à l'inverse en aucun cas excuser les crimes du père.

En effet à force de tout mélanger volontairement, on veut masquer le fait que dans certaines familles il n'y a eu que des bourreaux, et dans d'autres que des victimes. Seule la justice peut permettre de réparer les crimes, avant ensuite d'évoquer la réconciliation.

Par ailleurs lorsque pour masquer des mots (meurtres, massacres, assassinats, viols…), on utilise des pirouettes de sémantique en évoquant de simples « problèmes », on se dit que le chemin est encore long.

Non aujourd'hui les victimes ne demandent pas seulement que la restitution du corps de leurs parents – ça c'est un minimum -, mais ils réclament la vérité (que s'est-il passé ?) et la justice (des sanctions contre les criminels et/ou des réparations morales, financières ou symboliques pour les victimes), afin que cela ne se reproduise plus. Tant que des individus s'imaginent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent parce qu'ils l'ont décidé, la société ne pourra pas avancer.

Enfin lorsque les membres de la Commission ne sont même pas capables de comprendre que la réconciliation n'est pas liée à la personnalité d'Alpha Condé (qu'il apprécie les peuls ou pas importe peu), mais est un processus de reconstruction de la société, indépendant de la vision de ses dirigeants, on voit que le chemin est encore long.

En effet, au-delà de la possibilité d'apaiser les consciences, le processus de réconciliation nationale vise à écrire un avenir commun, en refondant un pacte de société entre toutes les communautés.

Quant à ceux qui mélangent tout, à propos du 28 Septembre, osant parler de fait divers pour les massacres du stade du même nom en 2009, ils illustrent parfaitement le fait que la réconciliation a encore beaucoup de chemin à faire. Ce n'est que lorsque des révisionnistes de cet acabit seront « rééduqués » de la même façon qu'eux envisagent de le faire de nos esprits, qu'on pourra devenir sereins quant à la réussite d'un tel processus.

Les travaux de la Commission ont accouché d'une souris (un rapport de 300 pages), car ce gouvernement n'est expert qu'en paroles, et contrairement à ses supporters intéressés, ces recommandations ne déboucheront sur rien de concret...

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).