pottal_fii_bhantalAprès la récente conférence de presse lors de laquelle il a laissé flotter l’intention d’une suppression de  la limitation constitutionnelle des mandats présidentiels, Alpha Condé a été informé par les services de renseignements sur l’opposition de cadres du RPG à son ambition de pérenniser son pouvoir au-delà de 2020. Sa réaction ne s’est fait pas attendre.

Lors du soit disant anniversaire de son retour « héroïque » d’exil en Guinée, il se lance dans ses tirades habituelles dont l’une contre «les cadres Malinkés» qu’il traite d’opportunistes et «des cadres les plus malhonnêtes de la Guinée ». En réaction, à cette bourde calculée, qui figurément et comme à l’accoutumé s’attaque à toute une communauté, un groupe de parlementaires du RPG a riposté par une lettre ouverte au président de la république.

Notre organisation condamne fermement les injures d’Alpha Condé contre la communauté mandingue. En même temps, nous notons que les cadres qui ont signé la lettre à Mr. Alpha Condé font preuve d’une myopie politique et d’un ethnocentrisme aussi ruineux que celui du président. Dans un aveu maladroit qui fera histoire, ils rappellent que sans la loyauté indéfectible des leurs, Alpha Condé n’aurait jamais pu se hisser à la magistrature suprême de notre pays. Ils se font les porte-paroles offensés de la communauté Malinké «dont les valeurs cardinales sont le courage, l’honnêteté et la fidélité à la parole donnée» qu’Alpha Condé aurait insultées. Ces caciques politiques devraient savoir que ces valeurs sont partagées et revendiquées par toutes les communautés humaines.

Plus que la forme légère de la lettre, ce sont ses motivations qui amènent Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon à y répondre. Le président Alpha Condé a habitué les guinéens à des discours d’apparence incohérente et anachronique. Ces discours sont toujours teintés de provocations personnelles ou d’insultes à caractère ethnique qui ne font jamais la distinction entre un adversaire politique et son ethnie. Le but de ces provocations est de créer la confusion et des dissensions dans les rangs des guinéens afin d’échapper à la vigilance citoyenne et ainsi créer les conditions d’un règne à vie. Leur conséquence inévitable c’est la misère qui, par ricochet, absorbe les citoyens dans des efforts de survie qui noyautent la volonté de changement politique.

Les injures faites aux cadres Malinkés par Alpha Condé font partie de cette logique. Elles s’inscrivent aussi dans une longue série d’insultes aux autres ethnies. Les auteurs de la lettre rappellent qu’aucun politicien n'a le droit de s’attaquer à une ethnie. Toutefois, sur les injures passées de Mr. Alpha Condé, ciblant d’autres ethnies comme les forestiers et les peuls, on n’a entendu aucune réaction des parlementaires et cadres du RPG. L’indignation de ces cadres au nom de l’ethnie Malinké est d’autant plus inacceptable qu’ils ont été des complices actifs d’Alpha Condé dans son entreprise de division et de violence politique pour s’emparer et garder le pouvoir. Certains membres de cette ligue sont de ceux qui ont créé et entretenu une mythologie autour de Mr. Alpha Condé, en dépit de son incurie avérée et de son passé sombre, connu de beaucoup. Par des calculs bassement ethniques, ils l’ont affublé d’un titre universitaire mensonger de professeur. Ils lui ont créé une terre natale dans une région d’adoption dont il ne connait ni les contours géographiques, ni les us et les coutumes, avec une attache conjugale à la clé. Durant les six dernières années de son règne, aucun de ses cadres n’a trouvé matière à objection aux agissements de Mr. Alpha Condé.

Ils ne font pas la moindre allusion aux pogroms de 2010 contre les citoyens peuls en Haute-Guinée, suite aux rumeurs d’empoisonnement d’eau dont ils connaissent les commanditaires, s’ils ne furent pas parmi les initiateurs. Il en est de même des assassinats de dizaines de citoyens exerçant leur droit de membre de l’opposition ou de hauts-fonctionnaires qui auront marqué leur réticence contre les politiques du gouvernement. Durant les massacres de Zogota, de Womey, le kidnapping et l’assassinat de jeunes dans un camp militaire à Soronkoni etc., ces cadres aujourd’hui offusqués d’être traités d’opportunistes et de corrompus, auront observé un mutisme coupable, s’ils n’ont pas accusés ceux qui élevèrent la voix de «jouer la carte de la victimisation» ou d’être des «saboteurs» de la politique de leur leader. Ils se sont accommodés de la présence de militaires accusés de crimes contre l’humanité dans le gouvernement alors que des victimes guinéennes souffrent dans l’anonymat. Ils sont restés sourds aux doléances de citoyens et les plaidoyers des ONG pour des enquêtes sérieuses sur ces crimes dont l’ombre compromet toute chance de sortie de crise de notre pays. Plutôt, ils ont suscité des associations concurrentes, des infiltrations d’agents et des campagnes de dénigrement pour saborder et noyauter toutes les associations qui, comme Pottal-Fii-Bhantal, travaillent à éradiquer l’impunité dans notre pays.

Qu’est ce qui explique alors les réactions de ces parlementaires qui ont toujours brillés par leur complicité active avec Alpha Condé ? Plus que les injures, c’est le second ballon d’essai de modifier la limite des mandats présidentiels qui contrarie les ambitions de maints caciques politiques tapis dans les rangs du RPG et ses alliances. Cette perspective explique leurs réactions courroucées. Elle met en question des calculs de plusieurs années par lesquels ces réseaux de cadres de l’administration veulent garder la haute-main sur les affaires du pays, par la discrimination ethnique.

Le camouflage des politiques de règne par la misère et la division, créées et soutenues par certains des signataires de cette lettre, derrière des valeurs d’une communauté nationale est une insulte à l’ethnie Malinké. Contre cette conspiration permanente qui maintient notre pays dans l’ornière de la faillite, il n’y a que l’engagement sans faille dans le combat contre l’impunité et l’état de droit. Cet à quoi nous invitons tous les citoyens à travers notre programme JUSTICE IN GUINEA.

 

La commission centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon