jean-marie_dorJean-Marie Doré, chef d’orchestre de l’UPG et saltimbanque de la politicaillerie guinéenne, que le satirique guinéen, Le Lynx, a baptisé Lapin Doré, est en train d’engranger d’innombrables hommages vibrants et de témoignages on ne peut plus hypocrites à sa mémoire.

A l’annonce de sa mort, toutes nos pensées sont allées à la presse guinéenne, au groupe de presse Le Lynx-LA LANCE et particulièrement à Assan Abraham Keïta. Layatholynx appréciait beaucoup les interviews que Lapin Doré accordait aux intervieweurs dudit groupe de presse. Jean-Marie Doré possédait de grandes connaissances. Il avait la langue bien pendue, et était capable de réduire ses contradicteurs ou ses contempteurs à quia. On l’aimait surtout au Lynx parce que c’était un politicard qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Il était intelligent, sournois et retors.

Lapin Doré, parti, et la vérité sur la mort de Facinet Béavogui alors député du RPG ?

Jean-Marie Doré avait toujours suspecté la mort de Facinet Béavogui qu’on avait retrouvé sans vie, assis sur la chaise anglaise, dans les toilettes de son appartement à Abidjan. Il l’avait confié, dans une de ses interviews, ne pas du tout croire à la mort naturelle de Facinet Béavogui. Il croyait sûrement dans son for intérieur à une liquidation physique de celui-ci par des spadassins à qui Facinet Béavogui avait en effet ouvert sa porte en les invitant à s’installer au salon.

Que cela soit clair : la mort de Facinet Béavogui ne profitait pas au dictateur Lansana Conté. On a toujours soupçonné Goby Condé d’avoir commandité le meurtre de Facinet Béavogui pour le réduire à jamais au silence sur les entreprises de rebellions qu’il projetait contre la Guinée de Lansana Conté.

L’on croyait qu’après la fin du régime dictatorial de Fory Coco, le bateleur de l’UPG allait creuser pour en avoir le net sur l’assassinat de Facinet Béavogui. C’est ne pas connaître Jean-Marie Doré qui était versatile. Il s’est adapté aux régimes politiques qui se sont succédé en Guinée.

On le soupçonnait de moucharder à l’étranger les opposants guinéens au temps de la révolution sékoutouréenne. Ce qui reste incontestable ce qu’il avait des accointances avec le démagogue et sanguinaire Amadou Sékou Tidiane Touré. Jamais de jamais, il n’est arrivé à Jean-Marie Doré de dénoncer les brutalités, les sauvageries et les dérives de la Révolution.

Jean-Marie Doré a critiqué avec véhémence le régime de Lansana Conté dans la mise à mort des six ressortissants de la Forêt à Cosa dans Cona-crimes accusés à tort d’avoir voulu tuer le dictateur à l’aide d’une flèche empoisonnée. Mais Jean-Marie Doré n’a jamais voulu reconnaître la complicité de Charles Taylor, ex président du Libéria, dans les attaques rebelles qui ont massacré des centaines de citoyens guinéens à Guéckédou, Macenta, Nzérékoré, Kindia.

Lapin Doré était très informé de tout ce qui se tramait sur le territoire guinéen. Il savait que c’était Goby Condé, le gourou du palais Gokhi Fokhè, qui était le commanditaire de ces folies meurtrières en Guinée Forestière et en Guinée Maritime. Mais Jean-Marie Doré a toujours évité de mettre ouvertement en cause Goby dans ces massacres de Guinéens qui visaient à déstabiliser le régime de Lansana Conté et à pousser certains officiers dévoués à la cause du RPG à s’emparer du trône.

Lapin Doré était un politique singulier de la classe politique guinéenne. Certes il avait la verve mais il ne faisait pas souvent preuve de cohérence entre ses dires et ses actes politiques. N’empêche qu’on l’appréciait.

Jean-Marie Doré n’avait pas sa langue dans sa poche. Au micro de Mouctar Bah, le reporter historique de RFI à Cona-cris, Jean-Marie Doré martèle cette vérité :

« Aujourd’hui la plupart des chefs d’Etat qui gouvernent l’Afrique ont été fabriqués dans les officines en Europe. On les a aidés à devenir chef d’Etat pour faciliter l’exécution des ordres qui viennent du Nord. »

En disant ça, Lapin Doré pensait à coup sûr que Goby en était un. On lui donne entièrement raison au regard de l’élection présidentielle en Guinée du 11 octobre 2015 où on a vu la France, les Etats-Unis et l’union européenne se donner la main et cautionner le resquillage de cette présidentielle par Gobykhamé. Ce dernier ne doit rien aux militants de son club politique mais il doit tout à ces officines. C’est pourquoi Goby n’aura pas le front de contrer leurs intérêts en Guinée.

Considérant que « l’opposition guinéenne était la plus bête d’Afrique », Lapin Doré n’hésitait pas à se démarquer d’elle en oscillant tout de même entre opportunité politique et opportunisme politique. Contre vents et marées, il a accordé crédit au régime de Moussa Dadis Camara, l’ex pharaon du CNDD, qui cherchait à s’accrocher au pouvoir. Le bidasse Aboubacar Sidiki Toumba Diakité et ses hommes ont massacré plus de 157 manifestants pacifiques le 28 septembre 2009 au stade du 28 septembre de Cona-crimes et violé des dizaines de femmes. On n’a pas entendu Jean-Marie Doré dénoncer vé-hé-men-te-ment ce massacre et réclamer que justice soit rendue aux familles des victimes.

Le général Sékouba Konaté, ayant succédé à Dadis aux commandes du bled, fait une fleur à Lapin Doré par calcul politique en le sacrant premier ministre. Lapin Doré est parti, et il n’a pas dit toute la vérité sur le parachutage de Gobykhamé au trône en 2010.      

Nonobstant ce côté clinquant de Jean-Marie Doré, on s’accorde quand même sur une de ses qualités qui manque à certains de nos politicards qui ont les nerfs à fleur de peau. C’est qu’on pouvait ne pas être d’accord avec lui, le contredire publiquement en conférence de presse, sans courir le risque qu’il ne vous prenne en grippe pour autant. Jean-Marie Doré était tout le temps disponible à recevoir les journalistes, à leur accorder des interviews sans leur demander à connaître au préalable les questions. Il avait le bagou. Il va beaucoup manquer aux rédactions à Cona-cris.

A sa famille et à mes confrères guinéens, je présente mes condoléances.

Benn Pepito