gbagboLe procès de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de son ex-ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé, s’est ouvert jeudi 28 janvier à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour crimes contre l’humanité.

A l’ouverture de l’audience, le juge italien Cuno Jako Tarkusser a déclaré :

« C’est un procès pénal, pas une manifestation politique, pas un jeu où une partie veut prévaloir sur l’autre. Ce n’est pas un procès à la Côte d’Ivoire ou même au peuple ivoirien mais à deux personnes accusées de crimes par le bureau du procureur ».

Les deux accusés ont ensuite plaidé non coupable de meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.

A la mi-journée, la procureure Fatou Bensouda, elle, a accusé Laurent Gbagbo de s’être accroché au pouvoir « par tous les moyens ».

« Lorsqu’il a compris que la présidence allait lui échapper, Laurent Gbagbo, en concertation avec des membres d’un cercle privés de proches, a commencé à mener une campagne de violences orchestrées contre ceux considérés comme ses opposants »

Elle a par exemple évoqué le bombardement d’un marché dans le quartier d’Abobo à Abidjan, le viol d’une femme dans un poste de police ou la répression sanglante de manifestations. La procureure compte présenter plus de 5 300 éléments de preuve.

Elle-même accusée de pratiquer une « justice des vainqueurs », Mme Bensouda a affirmé devant les juges : « Nous enquêtons sur les deux côtés du conflit (…) cela prend du temps et nous demandons de la patience ».

L’accusation continuera vendredi 29 janvier sa déclaration d’ouverture. La défense aura la parole à partir de lundi.

M. Gbagbo, 70 ans, est le premier ex-chef d’Etat poursuivi par la CPI. Son procès pour crimes contre l’humanité, qui devrait durer près de quatre ans, est un test majeur pour la Cour, créée en 2002 après l’entrée en vigueur du Statut de Rome, signé à ce jour par 123 pays les 193 États membres de l’ONU. L’ex-président et son co-accusé Charles Blé Goudé, 44 ans, ancien chef de milice, sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur notamment par les Etats-Unis et l’Union européenne de l’élection présidentielle de fin 2010. La crise aurait fait 3 000 morts, des deux côtés.

AFP