electionLes sept candidats qui se présentent face à Alpha Condé lors de l’élection présidentielle prévue le 11 octobre prochain réclament le report du scrutin. Ils estiment que l’accord d’août dernier sur le processus électoral n’est pas respecté. Le parti présidentiel dénonce des « allégations mensongères ».

Les sept candidats qui se présentent à l’élection présidentielle en Guinée face à Alpha Condé, président sortant candidat à sa succession, ont fait front commun, ce jeudi 1er octobre, pour réclamer un report du scrutin au 18 octobre.

Ils pointent une accumulation de problèmes qui risquent d’entacher le processus électoral. Outre des retards et irrégularités dans l'émission et la distribution des cartes d'électeurs, les opposants pointent des anomalies persistantes dans le fichier électoral, qui comprendrait notamment beaucoup de doublons. Ils évoquent également des bureaux de vote trop éloignés du lieu d'habitation des électeurs. Autre sujet de préoccupation de l'opposition : le schéma de centralisation des procès-verbaux et le délai de publication des résultats provisoires.

L'opposition dénonce le « niveau d'impréparation de ce scrutin »

François Bourouno, représentant de Lansana Kouyaté, le candidat du PEDN, pointe le « niveau d’impréparation de ce scrutin ». Outre un processus de distribution des cartes d’électeurs « pas satisfaisant », il dit aussi l’inquiétude de l’opposition « par rapport à certaines sociétés locales d’imprimerie, auxquelles la Céni (la Commission électorale nationale indépendante, NDLR) a confié la mission d’impression des cartes électorales ».

Les sept candidats de l'opposition demandent donc un report du scrutin au 18 octobre. « Le report d’au moins une semaine serait une solution qui pourrait minimiser les dégâts. On sait qu’il est important d’aller à une élection où le processus est assez transparent pour promouvoir la quiétude et la paix sociale dans notre pays », expose François Bourono.

Une demande de report d’une semaine seulement qui s’explique par le fait que la fenêtre est réduite : légalement, l'élection présidentielle doit se tenir deux mois avant l'expiration du mandat du président sortant, soit le 21 octobre. « C'est faisable, s'il y a une volonté politique », estime François Bourono, qui souligne par ailleurs que déjà plusieurs délais légaux n'ont pas été respectés et que c'est surtout la fiabilité du scrutin qui importe.

« Des arguments qui ne tiennent pas la route », selon le parti présidentiel

Saramady Touré, secrétaire permanent du RPG-Arc en ciel, le parti d’Alpha Condé, se dit pour sa part « très surpris par ces arguments qui ne tiennent pas du tout la route ». Pour le parti présidentiel, tous les problèmes soulevés lors de la signature de l’accord politique d'août dernier ont été corrigés. « L’accord fait état d’un certain nombre de problèmes qui devaient être réglés avant le scrutin. Il s’agissait de la mise en place de 128 délégations spéciales. C’est fait. Egalement, la situation de la Céni, les deux postes vacants de la Céni, qui manquaient, ont été remplacés. On parlait d’anomalies dans le fichier électoral. Ces anomalies ont été corrigées par le comité de suivi qui a été mis en place, comprenant deux membres de l’opposition, deux représentants de la majorité présidentielle, deux représentants de la société civile, sous l’égide de la communauté internationale et du gouvernement », détaille Saramady Touré.

L'option du boycott « pas exclue » par les opposants

Selon lui, « le travail se fait depuis la signature de l’accord, et les travaux avancent normalement ». Il accuse l’opposition d’avoir joué là un coup très politique. « Nous avions des informations, depuis déjà deux semaines [sur le fait] que l’opposition était en train de se préparer à, peut-être, créer des problèmes ou à inventer des artifices pour soit se retirer du scrutin, soit faire des allégations mensongères. Voilà maintenant que cela se confirme ».

Dans le contexte tendu de cette campagne électorale, si la demande des sept candidats de l’opposition devait être rejetée, l'option du boycott du scrutin « n'est pas exclue », affirme François Bourouno. « Mais les sept candidats devront bien sûr se concerter avant de prendre toute décision », précise-t-il.

RFI