militaire_burkinaPrès de deux semaines après l’éphémère coup d’Etat dirigé par le général Diendéré, les ex-putschistes rechignaient toujours à désarmer, mardi 29 septembre. Cinq jours après sa dissolution officielle par le conseil des ministres de vendredi, le régiment de sécurité présidentielle (RSP) était toujours dans sa caserne de Naaba Koom II, qui jouxte le palais présidentiel, à Ouagadougou. Après avoir renoncé au putsch, ses auteurs tentent de ralentir leur désarmement pour pouvoir mieux négocier.

En conséquence, le pouvoir a décidé d’adopter une attitude plus ferme. Des tirs d’armes lourdes ont été entendus en début de soirée autour de la caserne que l’armée avait encerclé dans la matinée. Elle avait placé des véhicules blindés, pick-up et hommes armés de mitrailleuses aux carrefours. Situé à proximité, l’aéroport a été fermé mardi jusqu’à nouvel ordre et tous les vols au départ et à l’arrivée ont été annulés.

La circulation était interdite dans ce secteur et le chef d’état-major, le général Pingrenoma Zagré, a, « pour des raisons de sécurité, invité les populations à éviter tout mouvement dans la zone de Ouaga 2000, quartier sud où se trouvent le palais présidentiel Kosyam et la caserne ». L’armée a également demandé aux journalistes de se tenir à l’écart et de ne rien révéler sur les positions des soldats, « afin de ne pas compromettre les opérations en cours ».

Diendéré appelle à « déposer les armes »

« Une dernière chance a été donnée à l’ex-garde de sécurité présidentielle. On leur donne encore une chance de se rendre pour éviter qu’il y ait un affrontement », a déclaré le lieutenant Aziz Ouedraogo, porte-parole militaire, au cours d’un point de presse dans la capitale du Burkina. « Malgré le nombre de ceux qui se sont rendus, il y a quand même quelques irréductibles, quelques éléments qui sont toujours retranchés dans le camp et qui prennent en otage d’autres soldats qui veulent se rendre », a-t-il ajouté.

Le général Gilbert Diendéré, chef des putschistes, a appelé ses troupes à « déposer les armes pour éviter un bain de sang ». Joint par Le Monde, il affirme être « en lieu sûr », et déclare n’avoir « aucune idée du nombre (de soldats) qui résiste » à la caserne. Lundi soir, il s’était défendu de mettre de l’huile sur le feux, déclarant : « Je joue au médiateur. Les hommes sont déterminés. Nous essayons de les calmer. »

La plupart des observateurs estiment que l’objectif de l’armée est de mettre la pression sur les hommes retranchés dans la caserne, prolongeant la bataille de communication engagée par les deux parties depuis la dissolution du régiment.

 

Le régime de transition a parallèlement procédé à l’arrestation, « en lien avec le putsch », de Djibrill Bassolé, ministre des affaires étrangères du président burkinabé Blaise Compaoré, qui souhaitait se présenter à l’élection présidentielle prévue le 11 octobre. Il fait partie des quatorze personnes dont les avoirs ont été gelés samedi par la justice, qui a bloqué aussi ceux de quatre partis, dont le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de M. Compaoré.

Un coup d’Etat à 75 millions d’euros

 Perpétré le 17 septembre par le RSP, le putsch a finalement échoué une semaine plus tard. Après une semaine de manifestations dans le pays et la médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’armée « loyaliste », sous l’impulsion de jeunes officiers, a convergé vers la capitale lundi dernier, forçant le RSP à renoncer à son projet.

Le gouvernement réinstallé a ordonné la dissolution de ce corps d’élite de 1 300 hommes, réclamée à plusieurs reprises par la société civile de ce pays sahélien de 17 millions d’habitants, à l’histoire jalonnée de coups d’Etat militaires depuis son indépendance, en 1960. Les violences liées au coup d’Etat ont fait dix morts et plus de cent blessés parmi les manifestants antiputschistes. La crise a coûté environ 50 milliards de francs CFA (75 millions d’euros), selon le conseil des ministres de lundi.

 

http://www.lemonde.fr

Près de deux semaines après l’éphémère coup d’Etat dirigé par le général Diendéré, les ex-putschistes rechignaient toujours à désarmer, mardi 29 septembre. Cinq jours après sa dissolution officielle par le conseil des ministres de vendredi, le régiment de sécurité présidentielle (RSP) était toujours dans sa caserne de Naaba Koom II, qui jouxte le palais présidentiel, à Ouagadougou. Après avoir renoncé au putsch, ses auteurs tentent de ralentir leur désarmement pour pouvoir mieux négocier.

 

En conséquence, le pouvoir a décidé d’adopter une attitude plus ferme. Des tirs d’armes lourdes ont été entendus en début de soirée autour de la caserne que l’armée avait encerclé dans la matinée. Elle avait placé des véhicules blindés, pick-up et hommes armés de mitrailleuses aux carrefours. Situé à proximité, l’aéroport a été fermé mardi jusqu’à nouvel ordre et tous les vols au départ et à l’arrivée ont été annulés.

 

La circulation était interdite dans ce secteur et le chef d’état-major, le général Pingrenoma Zagré, a, « pour des raisons de sécurité, invité les populations à éviter tout mouvement dans la zone de Ouaga 2000, quartier sud où se trouvent le palais présidentiel Kosyam et la caserne ». L’armée a également demandé aux journalistes de se tenir à l’écart et de ne rien révéler sur les positions des soldats, « afin de ne pas compromettre les opérations en cours ».

Diendéré appelle à « déposer les armes »

 

« Une dernière chance a été donnée à l’ex-garde de sécurité présidentielle. On leur donne encore une chance de se rendre pour éviter qu’il y ait un affrontement », a déclaré le lieutenant Aziz Ouedraogo, porte-parole militaire, au cours d’un point de presse dans la capitale du Burkina. « Malgré le nombre de ceux qui se sont rendus, il y a quand même quelques irréductibles, quelques éléments qui sont toujours retranchés dans le camp et qui prennent en otage d’autres soldats qui veulent se rendre », a-t-il ajouté.

 

Le général Gilbert Diendéré, chef des putschistes, a appelé ses troupes à « déposer les armes pour éviter un bain de sang ». Joint par Le Monde, il affirme être « en lieu sûr », et déclare n’avoir « aucune idée du nombre (de soldats) qui résiste » à la caserne. Lundi soir, il s’était défendu de mettre de l’huile sur le feux, déclarant : « Je joue au médiateur. Les hommes sont déterminés. Nous essayons de les calmer. »

 

La plupart des observateurs estiment que l’objectif de l’armée est de mettre la pression sur les hommes retranchés dans la caserne, prolongeant la bataille de communication engagée par les deux parties depuis la dissolution du régiment.

 

Le régime de transition a parallèlement procédé à l’arrestation, « en lien avec le putsch », de Djibrill Bassolé, ministre des affaires étrangères du président burkinabé Blaise Compaoré, qui souhaitait se présenter à l’élection présidentielle prévue le 11 octobre. Il fait partie des quatorze personnes dont les avoirs ont été gelés samedi par la justice, qui a bloqué aussi ceux de quatre partis, dont le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de M. Compaoré.

Un coup d’Etat à 75 millions d’euros

 

Perpétré le 17 septembre par le RSP, le putsch a finalement échoué une semaine plus tard. Après une semaine de manifestations dans le pays et la médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’armée « loyaliste », sous l’impulsion de jeunes officiers, a convergé vers la capitale lundi dernier, forçant le RSP à renoncer à son projet.

 

Le gouvernement réinstallé a ordonné la dissolution de ce corps d’élite de 1 300 hommes, réclamée à plusieurs reprises par la société civile de ce pays sahélien de 17 millions d’habitants, à l’histoire jalonnée de coups d’Etat militaires depuis son indépendance, en 1960. Les violences liées au coup d’Etat ont fait dix morts et plus de cent blessés parmi les manifestants antiputschistes. La crise a coûté environ 50 milliards de francs CFA (75 millions d’euros), selon le conseil des ministres de lundi.

 

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