dust_ladyLe nom de Marcy Borders ne vous dit peut-être rien. Pourtant, le cliché de cette femme hagarde, couverte de cendres et de poussière, a fait le tour du monde. Surnommée la « Dust Lady » (« dame de poussière »), elle est l'une de ces figures qui continueront à incarner l'horreur des attentats qui ont touché le Word Trade Center, à New York, le 11 septembre 2001. Quatorze ans après, Marcy Borders est morte, lundi 24 août, d'un cancer de l'estomac, à l'âge de 42 ans.

Âgée de 28 ans au moment des attentats, Marcy Borders était employée depuis un mois en tant qu'assistante juridique à la Bank of America. Le 11 septembre 2001, au moment où les deux avions s'abattent sur les Twin Towers, elle réussit à s'extraire du bâtiment en feu pour rejoindre le hall d'un immeuble voisin. C'est à ce moment-là que Stan Honda, photographe à l'Agence France-Presse (AFP), déclenche son appareil pour immortaliser cet instant.

Selon la BBC, elle n'était pas au courant qu'elle avait été photographiée jusqu'à ce que sa mère la voie dans la presse. Un cliché classé dans les 25 images les plus puissantes par le Time Magazine.

Citée par le Daily Mail en 2011, elle expliquait :

"Je ramassais le courrier non distribué sur mon bureau, prête à commencer la journée. C'est à ce moment que l'avion a frappé la tour. Le bâtiment a alors commencé à trembler et à se balancer. J'ai perdu tout contrôle et j'ai cherché un moyen pour sortir de là à tout prix. Des centaines de personnes ont essayé de s'enfuir, mais il y avait énormément de blessés. (...) Ce que j'ai vu était un carnage, et j'ai pensé : Mon Dieu, je vais mourir d'une façon ou d'une autre."

Une « survivante » plutôt qu'une victime

Lorsqu'on lui avait demandé si elle regardait régulièrement cette photo, elle avait assuré le faire le moins possible. « Je cherche à ne plus me prendre pour une victime, mais pour une survivante. Je ne veux pas être une victime », expliquait-t-elle.

Interviewée par le New York Post en 2011, Marcy Borders a raconté comment ce drame avait bouleversé sa vie. Entre une paranoïa devenue maladive et des addictions multiples, elle s'était exprimée là-dessus un mois après être entrée en cure de désintoxication :

« J’ai perdu le contrôle sur ma vie. Je n’ai pas travaillé un seul jour en presque dix ans, et arrivée en 2011, j’étais une loque. J’étais convaincue qu’Oussama Ben Laden préparait d’autres attaques. Je paniquais à chaque fois que je voyais un avion. Si je voyais un homme dans un immeuble, je pensais qu’il allait me tirer dessus. J’ai commencé à beaucoup boire. Puis, j’ai commencé à boire encore plus. Je ne supportais pas ma vie, donc j’ai commencé à prendre de la drogue. J’ai commencé à fumer du crack parce que je ne voulais plus vivre. »

Dans sa descente aux enfers, Marcy Borders a perdu la garde de ses deux enfants. Sa cure de désintoxication terminée, elle ne boira plus jamais d'alcool. Mieux, lorsqu'elle apprend la mort d'Ousama Ben Laden, le 2 mai 2011, sa vie reprend enfin un sens. « Sa mort a été un bonus. Je ne dormais plus, je faisais des cauchemars où Ben Laden faisait exploser ma maison, mais maintenant j'ai l'esprit en paix », assurait-elle au New York Post. Mais en août 2014, les médecins lui diagnostiquent un cancer de l'estomac auquel elle ne survivra pas.

 

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