img_20150626_145801Le dialogue politique inter-guinéen est de nouveau dans l'impasse. C'est du moins ce que nous avons vécu ce 26 juin au Palais du peuple de Conakry, cadre dudit dialogue. Après leur désaccord sur les délégations spéciales (illégalement nommées par Alpha Condé en 2011), sur le calendrier électoral par rapport aux élections communales et communautaires, sur le fichier électoral, les principaux acteurs au dialogue (mouvance présidentielle et opposition) ont laissé éclater leur divergence ce vendredi, autour de "la refonte" de la Commission électorale nationale indépendante, CENI. Après plusieurs heures de discussions sur la question, ils se sont quittés à queue de poisson.

A la fin des discussions, à 14h 55 mn, heure locale, Aboubacar Sylla, le porte-parole de l'opposition a annoncé à la presse : " L'opposition républicaine a décidé ce vendredi 26 juin 2015 de suspendre sa participation au dialogue. Parce que ce dialogue, pratiquement n'en est pas un. Nous avons épuisé quatre points de l'ordre du jour. Des points comme la question des délégations spéciales, le calendrier électoral des communales, la question du fichier électoral et celle de la CENI, aucun consensus n'a pu être trouvé sur aucun des points. Pire la mouvance présidentielle ne fait que faire de l'obstruction, du blocage, rejette systématiquement nos demandes, refuse parfois même qu'il y ait un débat sérieux autour de nos revendications et de nos propositions; elle va même jusqu'à les tourner en dérision. Donc le niveau du dialogue s'en est ressenti. " Il ajoute que la mouvance présidentielle fait preuve "d'une arrogance et d'un mépris souverain." C'est pourquoi, dit le porte-parole, l'opposition a "décidé de quitter la table de discussion, parce qu'il ne s'agit pas d'un dialogue." L'opposition attend de la mouvance présidentielle des "signaux forts" attestant sa volonté réelle d'aller au dialogue. Selon Aboubacar Sylla, il n'est pas exclu que l'opposition reprend les manifestations et meetings sur les places et les voies publiques.

img_20150626_150046Le ministre Cheick Sako, président du cadre du dialogue, est confiant. Il déclare que le week-end sera utilisé pour "rapprocher les points de vue." Il assure que le dialogue est suspendu jusqu'à lundi, 29juin, à 14h, heures locale. Il reconnaît qu'il y a eu "un blocage malheureusement en milieu d'après-midi aujourd'hui. Il y a eu un long débat sur la question de la CENI. Les propositions de l'opposition n'ont pas été acceptées par la mouvance présidentielle. La majorité présidentielle a fait une proposition en indiquant que toute réforme de la CENI au visa de la loi organique 016, se fera à l'Assemblée nationale. L'opposition a proposé, à maxima, la réforme totale de la CENI et à minima, la recomposition de la CENI parce que les commissaires qu'ils ont désignés ont changé de veste. Cela nous mettait devant une situation de blocage." Cheick Sako et ses collègues du gouvernement (notamment Abdoul Kabélé Camara ministre délégué à la Défense et Boureima Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation) ont essayé de "rapprocher les point de vue", mais "on n'y est pas arrivé", souligne-t-il avant de conclure: "Donc, j'ai suspendu la séance pour une reprise lundi 29 juin à 14h, en espérant qu'auparavant, en présence de la communauté internationale qui a eu un entretien avec les deux parties, que les points de vue se rapprocheront." Le ministre est monté au créneau pour marteler: "On est condamné à dialoguer dans ce pays, il faut que cela soit clair pour tout le monde. Tant pis pour les apprentis sorciers", peste-t-il.

La mouvance présidentielle a eu un tête-à-tête avec la communauté internationale de plus d'une heure. Sorti à 16h 08mn, Amadou Damaro Camara, leur porte-parole dans le dialogue, s'est contenté de faire un résumé des huit jours de dialogue. Se livrant dans une narration sur les revendications de l'opposition, il soutient que la "volonté de la mouvance présidentielle est d'avoir des élections transparentes." Il dit ne pas comprendre comment la CENI peut organiser des élections communales le 30 août, comme le propose l'opposition, "sans liste, sans révision, sans logistique etc." Damaro d'enchaîner que pour "quelqu'un qui a l'amour du pays, on n'y a pas accédé."

A l'allure où va le quatrième dialogue, il risque de ne pas enregistrer un accord. Il ne ressemblera pas ainsi aux trois précédents qui ont connu des accords...non respectés en intégralité.

Aliou Diallo pour www.guinee58.com