Alpha_conde_francois_soudanExtrait de la définition (Wikipédia) de « publireportage », « méthode de promotion commerciale qui vise la publication dans la presse écrite d'une information, prônant l'usage d'une marque vendue par l'organisme qui finance cette information... Un publireportage n'est pas une information indépendante... La très grande majorité des médias écrits [mais pas tous] suivent la déontologie du journalisme en précisant de manière explicite que ce qu'ils diffusent est à caractère publicitaire, en ajoutant la mention publireportage1».

On est en droit de se demander si François Soudan fait des relations publiques ou n'est qu'un « publi reporter » ? En effet, dans un publireportage sur la Guinée2, intitulé «  le pays de tous les combats », il convient de revenir sur quelques-uns des articles – dont les titres de paragraphe de ce papier sont ceux des articles en question, chacun pouvant s'y reporter éventuellement - pour nuancer la propagande gouvernementale.

 

L'édito : raison et sentiments

Dans son édito, François Soudan ne peut s'empêcher de mentir en affirmant que le bilan d'Alpha Condé a été contrarié par l'opposition (qui n'a fait que des manifestations pour contester les violations constitutionnelles d'Alpha Condé) et par ébola (qui n'a fait que mettre à nu les priorités d'Alpha Condé, bien plus préoccupé par les mines, que par le système sanitaire). D'ailleurs déjà très faible (inférieur à 3% dans le budget en 2014), le budget de la santé a encore diminué en 2015, malgré ébola, preuve que cette tragédie n'empêche pas Alpha Condé de dormir, bien au contraire.

Lorsque François Soudan explique qu'un accord entre l'opposition et la mouvance avait prévu des élections législatives en Octobre 2015 et des communales en Mars 2016, il assène encore un nouveau mensonge.

François Soudan, qui écrit à la commande – sans vérifier la véracité de ce qu'il écrit – affirme que reporter l'élection présidentielle reviendrait à glisser dans l'illégalité constitutionnelle. Il fait semblant d'ignorer qu'Alpha Condé a régulièrement violé la constitution, y compris lors de la présidentielle de 2010, où le fait de faire passer le délai constitutionnel prévu, de 15 jours à 4 mois pour le deuxième tour, ne l'avait pas dérangé.

De même François Soudan ne voit pas des manifestants, mais des émeutiers, la poutre qu'il a dans l’œil lui interdisant de voir des criminels, déguisés en policiers ou en gendarmes. Depuis Avril 2011 en effet, 67 « manifestants », à vrai dire souvent des enfants, ont été tués, parfois chez eux, souvent le lendemain des marches pacifiques. Évidemment aucune enquête n'a jamais été réalisée pour constater ces crimes d'État.

Enfin François Soudan, considère que les problèmes de la Guinée ne sont pas liés à la gouvernance d'Alpha Condé, mais au climat de méfiance réciproque entre opposants. La mauvaise foi ne coûte rien.

 

 

Quel scénario choisiront-ils ?

Dans ce papier plus objectif de Christophe Boisbouvier (de RFI), il est dit que Cellou Dalein Diallo rappelle la participation frauduleuse des délégations spéciales nommées par le pouvoir, notamment à Conakry. À cette affirmation Alpha Condé a répliqué que « le nouveau Code électoral a exclu toute participation des maires ou délégations au processus électoral ». L'ennui c'est que le Code électoral n'est pas nouveau, puisqu'il date de 2010 et n'a donc pas empêché les fraudes lors des législatives de Septembre 2013. En outre, il faut faire la différence entre ce qui est écrit, et ce qui est fait, Alpha Condé étant spécialiste des violations constitutionnelles.

 

Le pessimisme, c'est contagieux

Alain Faujas est un journaliste « économique3 », ce qui lui permet de ne pas s'aventurer dans des considérations politiques et de se limiter aux faits. Son analyse repose sur quelques constats :

  • la récession semble inévitable en Guinée en 2015, et comme la croissance démographique est supérieure à la croissance économique, la Guinée s'appauvrit,
  • les carences du système sanitaire guinéen sont largement responsables de la propagation d'ébola,
  • les infrastructures routières sont en piteux état,
  • le climat des affaires décourage l'investissement (on se rappelle la nationalisation d'entreprises privées, l'absence de liberté du commerce pour les agriculteurs, l'annulation de baux et de contrats par décret présidentiel, les marchés de gré à gré, la répression criminelle contre l'opposition…).

Le journaliste redoute que le budget dérape pour satisfaire la population en cette période électorale, ce qui compliquera inévitablement le futur. Il rappelle que le FMI s'inquiète de la démagogie qui a commencé à faire son œuvre (augmentation salariale dans le secteur public, diminution du prix de l'essence) et qui risque de laisser la Guinée sous perfusion.

 

Interview d'Ibrahima Kassory Fofana

Les actes et mesures prises par ce régime – voir ci-dessus – pour améliorer le climat des affaires (mission qui doublonne avec l'APIP), ont définitivement découragé les entrepreneurs. Seules des entreprises publiques de pays comme la Chine ou des multinationales, peuvent se permettre d'investir en Guinée, sans considération du climat des affaires. C'est donc une mission impossible – est-ce un hasard ? - qui est confiée à l'ancien Ministre des finances de Lansana Conté.

Ses mesures sont certes utiles dans un pays normal (prêts bonifiés, accès au crédit facilité, priorité des PME aux marchés publics…), mais qui va emprunter pour être incapable de rembourser ensuite, faute de demande ? Que signifie prêt bonifié avec un taux d'inflation, qui s'il a baissé considérablement, n'en reste pas moins dissuasif, notamment si on le compare aux taux négatifs de l'Union Européenne ? Quant à la priorité aux PME, on connaît bizarrement par avance, celles qui sont susceptibles de gagner ces marchés publics.

Kassory Fofana a quand même la lucidité de constater que la Guinée va avoir du mal à s'en remettre (y compris si l'opposition était au pouvoir), car l'image négative du pays – largement amplifiée par ébola - va persister durablement.

 

La turbine met le turbo

Le projet de Kaleta financé à hauteur de 400 millions d'€ dont 75% par la Chine (le reste par la Guinée ???) semble opérationnel. Il aurait été construit par 600 Chinois et 2500 Guinéens, 24h/24 et sera géré par la China International Water & Electric Corporation (CWE), sans doute pour être garantie dans son remboursement.

 

Ils ont craqué pour Conakry

Dans cet article, on nous présente quelques cadres qui auraient quitté l'étranger pour s'installer en Guinée, mais les exemples sont particulièrement mal choisis. Gabriel Curtis est devenu Directeur général de l'Agence pour la promotion des investissements privés (APIP-Guinée). Quelles relations professionnelles a t-il avec le Ministre Kassory Fofana, dont l'une des missions doublonne avec celle de l'Agence ?

Il y a de fortes chances que n'importe quel cadre guinéen de l'extérieur accepte ce genre de job quasiment sans risque, puisque rattaché à la présidence de la république, ce qui nécessite néanmoins des prédispositions à la courtisanerie. Lorsqu'un bilan a été sollicité en Avril 2015 pour le premier anniversaire de la prise de fonction de Gabriel Curtis, celui-ci a été incapable de le faire4, préférant divertir son interlocuteur avec la lutte de l'Agence contre ébola.

Bintou Diabaté a choisi de travailler en Guinée, mais pour une multinationale française. N'importe quel Guinéen acceptera ce cas de figure, mais qu'est-ce que cela rapporte à la Guinée ? Là encore n'importe quel cadre guinéen de l'extérieur acceptera ce genre de job quasiment sans risque, mais les places sont rares. On se rappelle même qu'Alpha Condé est intervenu auprès d'entreprises privées – mais liées à l'État - pour décourager l'embauche de cadres d'une « certaine communauté ». Personne n'a oublié.

Le dernier exemple est plus intéressant. Certes le parcours universitaire de Mountaga Keita est très nébuleux, opaque à vrai dire, si on excepte le fameux stage d'un mois à Cambridge (Massachussets) payé très cher5, mais qui permet néanmoins d'obtenir un parchemin estampillé Harvard (d'autres Guinéens sont passés par là). Mais lui au moins s'est lancé à son compte, et ça c'est une vraie prouesse, même s'il a un nom, qui facilite les démarches.

 

Les gros trichent, les petits trinquent

La Guinée a encouragé la surpêche en 2013, elle a été avertie par l'UE, mais depuis Mars 2014, la Guinée a vu le marché européen du poisson se fermer, pour son manque d'engagement dans la lutte contre la pêche illicite (notamment chinoise), et notamment l'absence de recouvrement des amendes infligées aux navires, qui ont commis des infractions dans la zone. C'est au même moment (Mars 2014), que Louncény Camara avait été nommé (jusqu'en Avril 2015). Est-il étonnant que le problème ne soit toujours pas résolu ?

 

Coquette capitale

Conakry est pour l'essentiel un bidonville, jonché de détritus, et d'odeurs pestilentielles. Oser dire que la ville devient coquette parce une petite cité de 180 000 m² s'est construite à Kipé, constitue un mensonge éhonté. Si la cité dispose de tout ce qu'il faut en équipements, on ne peut pas dire qu'elle s'insère dans un environnement socio-économique6 et architectural africain. En outre quel intérêt pour les entreprises de BTP guinéennes en termes de valeur ajoutée, de transfert de technologie ? Quelle est la part de la main-d’œuvre locale et des matériaux de construction7 ? Bref de la poudre aux yeux. Gare à ceux qui voudront s'y installer, car ils auront à justifier les moyens de leur achat.

 

Les barons du ballon

J'ai beau aimé le foot (Horoya en Guinée), je trouve scandaleux que des hommes d'affaires complètement dépendants de l'État (des « hommes-champignons8 ») subventionnent des clubs de foot. Bien entendu l'argent améliore le sort de ces 3 clubs (Horoya, Hafia et AS Kaloum), et donc leur niveau sportif, mais au détriment des autres clubs… et avec l'argent de l'État.

De la même façon, si j'apprécie personnellement Luis Fernandez, je trouve scandaleux les conditions de son contrat. Ce n'est pas en embauchant systématiquement des entraîneurs étrangers, que l'on développera le niveau de nos entraîneurs nationaux. Mais avec le complexé Alpha Condé, qui ne compte que sur l'extérieur pour développer la Guinée, ce n'est pas une surprise.

 

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).

 

1 Nulle part dans le numéro cette mention n'est citée.

2 Jeune Afrique n°2838 du 31 Mai 2015, pages 57 à 100.

3 Au journal Le Monde de 1968 à 2014, avant de collaborer à Jeune Afrique.

4 http://guineesignal.com/?p=12042

5 De 5 à 10 000$ pour 7 semaines pour des stages linguistiques par exemple.

6 De 0,65 à 1,3 million d'€ pour une villa, de 130 à 400 000€ pour un appartement, qui pour acheter ?

7 90% viennent de Chine.

8 Antonio Souaré, Aboubacar Sampil et Kerfalla Person Camara.