ballon_footAprès l'arrestation ce matin de 14 responsables de la Fifa, ces onze personnes ont été suspendus provisoirement «de toute activité liée au football» par la fédération internationale. L'UEFA demande le report d'ici six mois de l'élection du président de la Fifa.

«C'est un moment difficile pour le football et la Fifa», a reconnu le président de l'instance mondiale, Sepp Blatter, à la fin d'une folle journée. La police suisse a procédé à l'arrestation de 14 cadres de l'organisation mondiale dans un hôtel de Zurich ce matin. Selon les informations du New York Times, les policiers se sont rendus très tôt ce matin au sein du luxueux Baur au Lac avant d'interpeller les dirigeants dans leur chambre alors qu'ils étaient réunis à l'occasion de l'assemblée annuelle de la fédération internationale de football. Onze d'entre eux, dont l'un des vice-présidents, ont été suspendus provisoirement «de toute activité liée au football aux niveaux national et international» par la Fifa.

«Les chefs d'accusation sont d'une nature si grave et clairement liée au football qu'il est impératif de prendre des mesures rapides et immédiates. La procédure sera réalisée conformément aux dispositions du Code d'éthique de la FIFA», a déclaré le président de la Commission d'éthique de la Fifa, Hans-Joachim Eckert. «Nous continuerons à travailler avec les autorités compétentes et nous nous efforcerons avec vigueur, à l'intérieur de la Fifa, d'éradiquer tout comportement inapproprié, afin de regagner la confiance», a ajouté Sepp Blatter.

Une information qui intervient deux jours avant l'élection présidentielle de la Fifa lors de laquelle son actuel président Sepp Blatter briguera un cinquième président. Mais l'UEFA, dirigée par le Français Michel Platini qui soutient le concurrent de Blatter, a demandé le report de cette élection. «L'UEFA considère que le congrès de la Fifa devrait être reporté et que l'élection à la présidence devrait se dérouler dans les six mois», réclame Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA.

Les 14 inculpations «ne sont qu'un début, a déclaré le procureur fédéral de Brooklyn, Kelly Currie, au cours d'une conférence de presse à laquelle participait également la ministre américaine de la Justice. Loretta Lynch affirme que l'attribution de la Coupe du monde 2010 attribuée à l'Afrique du sud, a été corrompue. Selon le rapport d'accusation présenté par la justice américaine cet après-midi, l'un des dirigeants suspendus, Jack Warner, aurait touché un pot de vin concernant l'attribution du Mondial 1998, organisé en France. Les inculpés ont «corrompu les affaires du football mondial pour s'enrichir personnellement», accuse Loretta Lynch. «C'est la Coupe du monde de la fraude, a lâché Richard Weber, un responsable du fisc américain. Aujourd'hui, nous avons sorti le carton rouge».

D'après les sources judiciaires citées par le journal américain, les charges porteraient sur des opérations de blanchiment d'argent, du racket et de nombreux détournements de fonds commis sur les vingt-dernières années. Notamment dans le viseur, les conditions d'attribution des Coupe du monde 2018 et 2022 sont pointées, mais aussi des contrats de marketing et de droits de retransmission TV. Une enquête vient d'être ouverte en Suisse après la saisie de documents au siège à Zurich autour des attributions de Coupe du monde et des perquisitions sont actuellement en cours à Miami.

Le système se resserre autour de Sepp Blatter

Parmi les nombreux responsables inculpés à la demande du département de la justice américaine, on retrouve Jeffrey Webb, le président de la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) et vice-président du comité exécutif, Eugenio Figueredo, également membre du comité exécutif, ou encore Jack Warner (Trinité-et-Tobago), soupçonné de nombreuses violations éthiques. Le grand magnat Sepp Blatter, président indélogable de la FIFA depuis 1998 et en passe d'entamer un cinquième mandat consécutif, ne fait pas partie des haut fonctionnaires arrêtés.

Sur place, un représentant de force de l'ordre avoue «que ce système avait trop duré. Nous sommes frappés par sa puissance et par le fait qu'il touche toutes les parties de la Fifa. On est là dans un cas de corruption institutionnalisée». La justice américaine demande aujourd'hui l'extradition des responsables arrêtés afin de les juger devant la cour de justice. Les inculpations exactes devraient être rendues publiques dans la journée par le tribunal fédéral de Brooklyn, à New York.

Depuis de nombreuses années, la Fifa est l'objet d'investigations fouillées mettant en cause son opacité et son mode de gouvernance largement discuté. Les cas de pots-de-vins versés ont été nombreux lors de l'attribution des dernières Coupe du Monde, le manque de transparence sur la rémunération des dirigeants est souvent pointé alors que l'organisation enregistre des chiffres d'affaires exceptionnels (5,7 milliards de dollars entre 2011 et 2014). L'étiquette «d'empire byzantin impénétrable» souvent collée au dos de la Fifa pourrait être désormais très vite déchirée.

Dans un point presse tenu au siège de la Fifa mercredi matin, Walter De Gregorio, le directeur de la communication et des affaires publiques de l'institution, a confirmé que les élections pour la présidence de la fédération auraient bien lieu vendredi et que «Sepp Blatter et Jérôme Valcke, le secrétaire général, ne sont pas impliqués. La Fifa coopère pleinement avec la justice, elle est victime dans cette affaire».

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