map_1st_roundL’histoire d’une nation est caractérisée par la succession d’évènements majeurs qui la marquent et la forgent. Comme en 1958, 1984, 1985, 1993, 1996, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2013, 2014 et aujourd’hui en 2015, la Guinée est de nouveau à la croisée des chemins.

Les élections présidentielles et législatives que nous avons vécues, ont, dans leur préparation, leur exécution et la proclamation des résultats, créé une profonde brèche dans le tissu social et les relations inter-ethniques dans notre pays. Cette brèche, résultat de tant d’années d’injustice, de frustration étouffée et d’exclusion tout au long des différents régimes qu’a connu notre pays, s’est grandement ouverte.

Les violences nées de cette situation sociale, aggravées par l’épidémie d’Ebola de ces derniers mois, la mal gouvernance, la corruption, le népotisme et le clientélisme, sont le résultat de la méconnaissance de nos dirigeants, de l’aspiration réelle de notre peuple dans toutes ses composantes, à vouloir vivre dans la paix et l’harmonie. Contrairement au slogan creux, démagogique et sans fondement réel « la Guinée est une famille », je persiste à croire et à penser que la Guinée est une nation en devenir, dans sa diversité qui reste une de ses richesses inestimables. Pourquoi ce n’est qu’en Guinée que l’on entend : pays = famille et nulle part ailleurs ?? Parce que simplement nous nous plaisons à instrumentaliser cette diversité et en faire une arme politique au risque d’embraser le pays. Je dis non !!! Le peuple de Guinée n’est pas une famille, mais le résumé des peuples de la sous-région et nous devrions voir cela comme une fierté, un avantage et une richesse au lieu d’en souffrir.

La nation américaine, la plus grande démocratie au monde, n’est pas une famille ; la multitude raciale qui la compose, a fait d’elle la première nation développée au monde. Chaque groupe ethnique de notre pays est fier de sa culture, de sa langue et souhaite partager son bonheur avec les autres groupes dans un esprit de complémentarité féconde, n’eurent été les manipulations malsaines de certains de nos compatriotes en mal d’arguments politiques d’accession et/ou de conservation d’un pouvoir qui ne dure qu’un moment. Le rôle de chaque guinéenne et de chaque guinéen, est d’œuvrer à nous unir et non à nous diviser ; à regarder ensemble, dans la même direction.

Ceux qui me connaissent, savent pour qui bat mon cœur, et dans les joutes électorales que nous venons de traverser, pour qui mon cœur a battu. Mais dans cette phase critique de notre histoire récente, j’ôte ma casquette de partisan pour la troquer contre celle d’un nationaliste, d’un citoyen guinéen aspirant à une Guinée meilleure pour tous et vite.

Nous sommes à la croisée des chemins encore une fois et dans une totale impasse; à la fin d’une transition militaire et à l’aube d’une transition démocratique. Selon les résultats des dernières élections (présidentielles et législatives) publiés, l’opposition et la mouvance présidentielle se sont partagé quasi équitablement les suffrages des guinéens et dans les conditions actuelles, la mouvance présidentielle ne pourra jamais, seule, gouverner ce pays

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dans la paix et amorcer son développement harmonieux, pour le bonheur de tous les Guinéens, sans raviver les rancœurs entretenues, instrumentalisées et exacerbées à dessein ces trois dernières années, et relancées après ‘’le chronogramme de la discorde’’.

C’est pourquoi, je leur lance un appel urgent et patriotique, à eux, aux politiciens de tout bord et à la nation guinéenne toute entière, pour l’élaboration d’un projet de gestion commune des affaires de l’état et de la nation, seul gage d’une paix durable et d’un avenir radieux pour notre nation, qui a tant besoin de stabilité, de justice sociale pour amorcer son développement et sceller définitivement son unité, si souvent éprouvée.

Pour cela, et c’est mon avis, le partage du pouvoir est indispensable, incontournable, obligatoire et passe inéluctablement, pour la paix, la sécurité nationale et la quiétude sociale, par :

  • La nomination d’un Premier Ministre Chef du Gouvernement issu de l’opposition, pour une cohabitation transitoire de 18 mois, sans délai.
  • La formation d’un gouvernement d’Union Nationale, issu de la Mouvance présidentielle (50%), de l’Opposition (30 %), et de la Société civile (20 %), sans délai.
  • La dissolution de la CENI et le transfert de l’organisation des élections et du dialogue politique inter-guinéen au MATD qui va être rebaptisé MATAP sans délai.
  • L’organisation des élections communales et communautaires en octobre 2015 par le MATAP sous le contrôle de la CEDEAO
  • La prolongation du mandat du Président de la République jusqu’en Novembre 2016 (loi organique à voter et à promulguer ou référendum pendant les locales)
  • L’organisation en Novembre 2016 d’élections générales par le MATAP (Présidentielles, et Législatives) sous le contrôle de l’ONU, de l’UE, de l’UA, de la CEDEAO et sous la surveillance des jeunes diplômés sans emploi (devoir citoyen), déployés sur toute l’étendue du territoire national, dans tous les bureaux de vote, après dissolution de l’actuelle Assemblée Nationale (loi organique à voter et à promulguer ou référendum pendant les locales).
  • L’organisation d’une conférence ‘’Vérité, Justice et Réconciliation’’, après les élections sous les auspices des trois Chefs religieux (Musulman, Catholique et Protestant), le Ministre de l’Administration du Territoire et des Affaires Politiques et le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, du nouveau gouvernement.
  • La réforme totale et l’implication de l’armée, outre sa mission républicaine, dans les grands chantiers (agriculture, infrastructures, épidémies, catastrophes etc) pour

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l’occuper, à travers le génie militaire, ainsi que la formation civique de la Police et de la Gendarmerie qui doivent servir la Nation qui, seule, demeure.

  • La conservation des cinq formations politiques les mieux placées en termes d’électorat pour la transition démocratique des 10 prochaines années, en vu d’un débat constructif dans le seul intérêt de la Nation guinéenne, et l’amélioration des conditions de vie de ses enfants, dans l’unité et le respect de l’autre.
  • La satisfaction, planifiée, équitable, rapide, évolutive et durable, des besoins sociaux de base (eau, électricité, santé, éducation, cadre de vie).
  • La Relance du renforcement de l’état de droit (coordination inter-ministérielle).
  • La création d’un Comité National de veille Sanitaire pour élaborer un plan de surveillance et de gestion des épidémies et catastrophes naturelles.
  • Le classement de la malgouvernance, la corruption, les détournements, l’ethnocentrisme, et le régionalisme comme crimes graves, imprescriptibles, passibles des plus lourdes peines de notre code.

Je suis conscient que c’est un projet audacieux et difficile à mener ; mais ne dit-on pas ‘’aux grands maux, les grands remèdes’’ et la volonté n’a pas de limites ; ‘’qui veut, peut’’.

C’est à mon humble avis, après de longs mois de réflexion et d’analyse de la situation socio-politique en Guinée, l’unique moyen de dépasser la crise et l’impasse que nous vivons, de réparer le tissu social lourdement éprouvé et d’amener les guinéennes et les guinéens de tout bord politique, à se donner la main pour créer enfin, ensemble, sans aucune exclusion, les bases d’un développement socio-économique durable dans lequel toutes et tous, se sentiraient initiateurs, artisans et défenseurs.

 

Les raisons de cette analyse :

 

  • Le fossé s’ouvre de plus en plus entre l’Opposition et le pouvoir
  • A quand le Dialogue salvateur ?
  • Le Médiateur de la République est silencieux
  • Les Leaders religieux sont absents
  • Les institutions internationales et les Ambassades occidentales ferment les yeux
  • Le Peuple ne sait plus à quel saint se vouer, et quel sera son avenir immédiat
  • Les coordinations régionales sont muettes
  • Les tensions de part et d’autre sont perceptibles
  • Ne laissons pas notre pays brûler sans rien faire pour l’éviter
  • Soyons proactifs et non passifs, anticipons !! cf : Libéria, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Mali, Burkina Faso
  • La solution ne peut venir que de nous : guinéens, patriotes et responsables
  • Ceci, est ma modeste contribution

 

 

 

 

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En espérant que ce projet suscitera un large débat au niveau des structures politiques, administratives et militaires, chez les jeunes et les femmes, et sera traduit dans toutes nos langues et dialectes, véhiculé et diffusé, de Kanfarandé à Kégnéwoula, de Foulamory à Maréla, de St. Alexis à Sérédou et de Gnagassola à Lola, je prie Dieu le tout puissant, qu’il entende et transmette mon appel, ce cri de cœur d’un patriote, pour l’émergence, enfin en Guinée, d’une Nation unie, forte, solidaire et prospère. AMINA !!!

 

 

 

 

Conakry le 09. 05. 2015                                                     Dr. Barry Thierno Ibrahima

                                                                                               Chirurgien Orthopédiste

                                                                                                      Praticien Privé

                                                                                           

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