collectif_adpA propos du calendrier électoral et de la répression meurtrière des forces de l’ordre contre les militants de l’opposition en Guinée.

Depuis l’avènement de Monsieur Alpha Condé au pouvoir en République de Guinée, précisément en décembre 2010, le repli identitaire doublé de la dilapidation du denier public ont été savamment et incongrument érigés en méthode de gouvernance, avec pour corollaires la récurrence des crises sociopolitiques, économiques, sanitaires et sécuritaires, tel qu’un malheur qui s’abat sur notre pays dont les citoyens ont été privés, l’année dernière de leur droit d’effectuer le pèlerinage à la Mecque, consécutivement à la crise sanitaire à virus Ebola qui sévit dans le pays depuis un peu plus d’un an, avec à la clé un bilan bien macabre.

Justement, c’est bel et bien cette maladie à virus Ebola que Monsieur Alpha Condé voulait malencontreusement utiliser comme subterfuge pour tenter de repousser toutes les élections prévues en 2015. Mais, trois fois hélas ! Il s‘est malheureusement heurté aux contraignantes dispositions de la Nouvelle Constitution Guinéenne qui dispose qu’une Structure Transitoire, excluant la participation du Président sortant, soit mise en place en cas d’expiration du mandat de celui-ci sans que la consultation électorale consacrant sa succession ne soit organisée, pour quelque motif que ce soit, afin de conduire les destinées de l’Etat avant la prochaine élection présidentielle. Alors, si l’élection présidentielle n’est pas organisée en Guinée avant le 21 octobre 2015, c’est-à-dire 90 jours au maximum et 60 jours au minimum avant l’expiration du mandat du Président en exercice, Monsieur Alpha Condé perdrait toute légitimité.

Les stigmates de la mal gouvernance de Monsieur Alpha Condé sont légion : la mise à rude épreuve des services sociaux de base (eau-électricité-éducation-santé- routes-panier de la ménagère), le clientélisme, l’exclusion sociale, le bradage des ressources minières, la fermeture de la première usine d’alumine en terre africaine de Guinée à Fria et celle de la Sotelgui, assorties de la perte de plus de 1.200 emplois directs et 2.500 emplois indirects, la caporalisation de l’administration, l’instauration d’un système dictatorial opaque et sanglant, la mise en place d’une justice aux ordres et à sens unique, les atrocités totalisant plus de 400 morts impunément commises respectivement à Zogota, Galapaye, Saoro, Siguiri, N’Zérékoré, Womey et Conakry, les assassinats ciblés de personnes jugées encombrantes pour le régime, la confiscation des libertés fondamentales, le bâillonnement de la presse à travers une chasse aux hommes de médias et le rejet de l’accréditation du Correspondant de RFI, les transactions de fonds très controversées portant sur les 25 millions de dollars de Palladhino, les 150 millions de dollars du gouvernement angolais, les 750 millions de dollars de Rio Tinto et les mallettes de devises notamment saisies à l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor de Dakar, le tout sur fond de crise politique accentuée, ayant entraîné 60 morts dans les rangs des pauvres militants de l’opposition dont le « crime » aura été d’avoir fait valoir le droit de manifestation pacifique que leur confère la Constitution Guinéenne.

Pire, à la faveur de la dernière manifestation de l’opposition en date du 20 avril 2015, tous les leaders de cette obédience politique ont été séquestrés et aspergés de gaz lacrymogènes à leur domicile par un armada d’hommes en uniforme armés jusqu’aux dents, les empêchant de jouir de leur droit constitutionnel de manifester pour réclamer le respect de la Loi et du Code électoral, lesquels viennent d’être foulés au sol par la Commission Electorale Nationale Indépendante via le chronogramme électoral qui transgresse les règles élémentaires régissant la transparence d’un processus électoral continument phagocyté par Monsieur Alpha Condé et sa CENI dont l’indépendance n’est que synonyme de formalisme et de stratégie d’exécution à répétition d’un hold-up électoral, tant et si bien qu’elle prend ses ordres directement au Palais Sèkhoutouréya. Sinon, comment comprendre que le Président de la République puisse affirmer haut et fort, avec un ton menaçant, que l’agenda établi par la CENI ne sera jamais modifié ?

Là-dessus faut-il préciser que le refus catégorique de Monsieur Alpha Condé de respecter l’ordre normal de l’organisation des élections locales et présidentielles s’explique par le fait qu’en cas d’inversion de l’ordre établi par la CENI, les élections communales et communautaires qui sont des élections de proximité risquent de sonner le glas du pouvoir de l’actuel Président de la République dont la formation politique n’est à même de l’emporter que dans cinq communes sur les trente-huit que compte le pays. Aussi, convient-il de préciser que les mandats des maires sont échus depuis cinq ans et 28 communes sont pilotées par des délégations spéciales composées d’activistes du parti présidentiel.

Or, il n’est un secret pour personne que le Code électoral confère un rôle prépondérant à ces administrateurs communaux et communautaires dans le déroulement du processus électoral. Alors, en acceptant d’organiser les élections locales avant la joute présidentielle, Alpha Condé est bel et bien conscient de sa défaite cuisante à toutes ces consultations électorales. Voilà le nœud gordien de la crise qui met dos à dos le pouvoir et l’opposition, chacun défendant ses intérêts quand bien même la démarche de l’opposition sied avec la logique et la Loi électorale guinéenne. Sans compter que les accords du 3 juillet 2013 signés par les parties en conflit sous la médiation de la Communauté Internationale prévoient clairement que les élections communales précèdent la Présidentielle.

A présent, le gouvernement et son mentor Monsieur Alpha Condé nient et rejettent en bloc, avec un revers fracassant de la main, toutes les clauses des accords supra-mentionnés. Alors, comment peut-on encore prétendre aller à une énième table de négociations lorsqu’on sait d’avance que les décisions qui en découleront ne seront pas respectées par une des parties signataires ?

C’est justement dans la perspective d’un hold-up électoral que la CENI a unilatéralement et délibérément décidé, sur injonctions du Président de la République, de fixer la date de la prochaine élection présidentielle au 11 octobre 2015, tandis que les élections communales sont renvoyées pour se tenir au courant du premier trimestre 2016.

Ce dernier développement de la crise politique qui secoue notre pays a le mérite de lever définitivement le doute que certains pouvaient avoir sur la vraie nature de cette institution en charge de l’organisation des élections en Guinée, en lieu et place du Ministère de l’Administration territoriale.

 

De WAYMARK à GEMALTO, le système très sophistiqué permettant de fabriquer des résultats électoraux pour le pouvoir est resté le même et s’est d’ailleurs peaufiné. Ce système fait de manipulation des listes électorales, de bureaux de vote fictifs, de bourrage des urnes, de brouillage des bureaux de vote et de diktat de l’Administration, a prouvé sa redoutable efficacité lors des dernières élections présidentielles de 2010 et des législatives de 2013.

 

Nous, Fédérations des Partis Politiques de l’Opposition Républicaine au Sénégal, adhérons avec vigueur et détermination à la déclaration faite par nos leaders, approuvons et soutenons cette déclaration officielle de nos leaders qui s’articulent sur quatre points essentiels :

Premièrement, ils ont regretté que la liste des victimes décédées s'allonge et comprend désormais : Souleymane Bah, restaurateur, 30 ans, Oumar Bella Barry, cordonnier, 25 ans, Ousmane Bah, vingt-sept ans, maçon de son état, froidement abattu à Labé à coups de matraque lors de la dernière manifestation de l’Opposition Républicaine, et enfin une fillette non encore identifiée, faisant au total 60 civils tués depuis 2011.

 

« Ce bilan particulièrement lourd s'explique par la violence de la répression des manifestations pacifiques de l’opposition par les forces de sécurité qui exécutent des opérations de maintien d'ordre avec des armes de guerre, assurées de bénéficier d'une impunité absolue de la part des autorités publiques ».

 

Deuxièmement, ils appellent leurs partisans à compter du lundi 20 avril 2015, date de la dernière manifestation, conformément à leur engagement, de s'inscrire désormais dans un cycle ininterrompu de manifestations jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. Mais dans l'entre-temps, ils invitent les populations de Conakry à reprendre leurs activités normales à compter du mercredi 15 avril.

 

Troisièmement, ils mettent en garde les Forces de l'ordre contre tout acte de violence à l'endroit de manifestants qui ne font qu'exercer des droits et jouir de libertés consacrées par la Constitution et leur rappelle que " nul n'est tenu d'exécuter un ordre manifestement illégal ".

 

Quatrièmement, ils informent que les appels actuels au Dialogue du Gouvernement sont plus destinés à tromper l'opinion nationale et internationale qu'à exprimer une réelle volonté d'ouverture.

 

En tout état de cause, ils ne participeront à une autre concertation qu'à la condition que la Commission électorale gèle ses activités et annule le chronogramme inversant l'ordre des futures élections.

Au regard de cette triste réalité, l’on est bien en droit de marteler que notre pays va mal, très mal d’ailleurs. C’est pour cette raison que nous, Fédérations des Partis Politiques de l’Opposition Républicaine Guinéenne du Sénégal, rejoignons nos leaders pour exhorter l’Union Européenne, les USA, l’Union Africaine, la CEDAO, les Organisations des droits de l’Homme, la France et le Sénégal d’aider la Guinée et les Guinéens pour que ce régime dictatorial de Monsieur Alpha Condé observe le respect de la Constitution, via l’organisation indispensable et nécessaire des élections communales avant la présidentielle avec des garanties d’équité et de transparence pour éviter que le pays sombre dans la violence ethnique aux conséquences imprévisibles.

 

Aussi, lançons-nous un appel pressant à toutes les structures des partis politiques de l’Opposition Républicaine fixées à l’extérieur de la Guinée d’enclencher dans leur pays respectif des actions d’envergure à l’image de la nôtre pour dénoncer, sans détours ni contours les dérives dictatoriales de Monsieur Alpha Condé et de son gouvernement.

 

Enfin, les Fédérations des Partis Politiques de l’Opposition Républicaine Guinéenne du Sénégal, dans un élan patriotique, se réservent le droit d’organiser dans les tout prochains jours, à Dakar, sous le sceau du respect scrupuleux des lois et règles en vigueur dans notre pays d’accueil, une marche pacifique et un meeting de protestation contre le calendrier électoral élaboré par la CENI et la répression sanglante des forces de l’ordre impunément perpétrées contre de paisibles et pauvres citoyens guinéens qui ne font que réclamer leur droit Constitutionnel dans les règles de l’art. Notre engagement et notre détermination sans faille pour la défense de la Patrie ne faibliront jamais !

Vive l’Unité nationale

Vive la Coopération Internationale

Vive l’Intégration Africaine et Sous-régionale

Vive le vaillant Peuple frère du Sénégal

Vive la République de Guinée

Que Dieu protège la Guinée et les Guinéens !

 

Fait à Dakar le 26 Avril 2015

Les partis signataires :

UFDG

UFR

PEDN

PUP

Ampliations :

Ambassade de Guinée au Sénégal.

Coordinations des 4 régions naturelles de la Guinée

CEDEAO

UE

UN

L’Etat du Sénégal

Ambassade de France

Ambassade des Etats-Unis

Ambassades des pays de la sous-région

Ambassade de l’Allemagne

Ambassade de la Grande Bretagne

Ambassade de l’Afrique du Sud

Ambassade d’Italie

Ambassade du Portugal

Ambassade d’Espagne

Ambassade de l’Angola

Ambassade du Brésil

Ambassade de L’Arabie Saoudite

Ambassade du Maroc

RADDHO

Amnesty International

HRW

Le Khalife Général des Mourides

Le Khalife Général des Tidianes

L’Archevêque de Dakar