2015_04_23_Ousmane_BahL’atmosphère était morose à Labé, capitale du Foutah Djallon, a-t-on appris de sources locales ce 24 avril. Suite aux obsèques du jeune militant de l’opposition, Ousmane Bah, lors de la manifestation que celle-ci a organisée en Guinée, le 23 avril. Pour réclamer entre autres, l’annulation du « chronogramme de la discorde » de la CENI.

Juste après l’annonce de la mort du jeune manifestant, l’Union des forces démocratiques de Guinée, de Cellou Dalein Diallo, s’est réunie pour appeler à une journée ville-morte à Labé ce 24 avril. Dans un communiqué radiodiffusé, le parti a demandé à ses militants de cesser « toute activité »  à Labé ce vendredi, pour se consacrer aux obsèques de Ousmane Bah qui aurait été tué par « bastonnade » de la part des agents de force de sécurité.


La journée de ce vendredi aura été donc marquée par le deuil à Labé, l’un des principaux fiefs de l’Ufdg de Cellou Dalein Diallo. Boutiques et magasins et autres kiosques ont baissé les rideaux. Seuls de groupes de personnes étaient visibles par endroits, nous a rapporté une source de la Cité de Karamoko Alpha Mo Labé. Selon un confrère, les portes d’entrées au marché central ont été ouvertes dans les premières heures de la matinée. Des commerçants accusent, Mamadou Tély Bah, administrateur du marché local, d’avoir ordonné l’ouverture de certains commerces. Ce que ce dernier a nié. Selon lui, ce sont les vigiles chargés de la sécurité du marché qui détiennent les clés des entrées du marché central de Labé. « Les portes d’accès au marché central sont ouvertes, mais aucun commerçant n’est venu. Ceux qui m’accusent d’ouvrir le marché m’en veulent à tort », s’est-il confié à un correspondant local.

D’autres habitants indiquent par ailleurs que les banques commerciales ont ouvert leurs portes, mais les clients se comptaient au compte goutte, au niveau des guichets. Les principaux axes routiers sont également restés déserts, nous a-t-on indiqué.

L’après-midi du vendredi a été consacré aux obsèques de Ousmane Bah. Le jeune tué le 23 avril, par des gendarmes ou des policiers (les deux corps se rejettent la responsabilité), a été entrée par une foule nombreuse, au cimetière de Bowloko, après la prière du vendredi à la grande mosquée Karamoko Alfa mo Labé.


Sueur froide pour le député uninominal

Selon des sources locales, peu après l’inhumation de Ousmane Bah, des jeunes ont manifesté leur colère, mettant ainsi à la ville-morte. Ils avaient décidé de marcher du cimetière Bowloko jusque devant les locaux du gouvernorat et de la préfecture. Pour protester contre le meurtre d’un des leurs. Mais des sages les en ont empêché. Non sans être frustrés, les militants révoltés ont réclamé à Cellou Tata Baldé, député uninominal de l’Ufdg, de marcher avec eux jusqu’aux locaux administratifs. Obligé, le député a fait le sport 11 jusqu’au siège de son parti, avant de faire volte-face. Pour lui, s’il marchait encore, il va conduire les jeunes « à l’abattoir ». Mais les manifestants en colère ont barricadé le siège de l’Ufdg qui se trouve au secteur Tripano du quartier Kouroula. Une médiation entamée par des âmes sensibles ont permis de calmer les jeunes qui ont toutefois investi le rond-point Hoggo Mbouro et la devanture de l’hôpital régional. Pour y brûler des pneus, avant d’être dispersés par les agents des forces de sécurité, à la gâchette souvent facile.


Selon des habitants de Labé, l’atmosphère est restée tendue dans le quartier Kouroula qui abrite le siège du parti du chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo.

Soulignons qu’après la manifestation du 23 avril, les opposants décident de se réunir demain à Conakry dans une plénière. Ils décideront, nous dit-on, de la suite à donner aux séries de manifestation qu’elle a initiées et qu’elle dit ne pas abandonner tant que ses revendications ne seront pas satisfaites par le pouvoir d’Alpha Condé. Les revendications de l’opposition sont entre autres liées au gel des activités de la CENI et à l’annulation du chronogramme que celle-ci a annoncé le 10 mars denier. Ledit chronogramme prévoit l’élection présidentielle en octobre 2015, avant les élections communales et communautaires. L’opposition voit dans cette inversion de l’ordre des élections une « volonté manifeste d’Alpha Condé de vouloir frauder » lors de l’élection présidentielle attendue cette année. Alpha Condé avait remplacé les élus locaux par des délégations spéciales dès après son investiture. Le mandat des élus locaux est expiré il y a 10 maintenant.

 

Aliou Diallo pour www.guinee58.com