Alors que les discussions entre le pouvoir guinéen et l'opposition sont au point mort, les mobilisations massives paralysent aussi l'économie du pays. Les chefs d'entreprises s'inquiètent de la situation. Reportage.
La Guinée s’enfonce chaque jour un peu plus dans l'impasse. Depuis des semaines, le dialogue est au point mort entre pouvoir et opposition. Cette dernière multiplie les appels à manifester pour protester contre le calendrier électoral, qui selon elle, favorise des fraudes au profit du président Alpha Condé, élu en 2010.
Une situation désastreuse pour l’économie du pays déjà fragilisée par l'épidémie Ebola. Chérif Abdallah, président des hommes d'affaire de Guinée, a une vision très sombre de la situation. "Déjà il y a Ebola ! Les opérateurs économiques sont en faillite. Et maintenant les mouvements politiques qui s'ajoutent à ça. C'est une catastrophe pour les opérateurs économiques guinéens. Ils sont déjà dans le rouge. Si le pouvoir et l'opposition ne s'entendent pas et que ces mouvements continuent, c'est extrêmement grave pour les activités économiques dans notre pays."
"On ne peut pas tenir comme ça longtemps"
Même amertume pour Papa Malé, ferrailleur dans la banlieue de Conakry. "Dans mon atelier, j'ai 15 apprentis mais depuis deux semaines à peu près, nous ne travaillons pas. Donc ces mouvements là ont un impact négatif sur notre entreprise, nos affaires", assure le chef d’entreprise. On ne peut pas tenir comme ça longtemps".
Et de poursuivre, "si c'est comme ça, nous allons tomber tous. Les jeunes que je forme ici vont y perdre. Moi, je vais y perdre. Je nourris ma famille grâce à ça."
À Conakry, l'essentiel des commerces ferment leurs portes par peur des violences et des pillages à chaque manifestation. L'opposition guinéenne appelle à nouveau ses partisans à descendre dans la rue jeudi pour protester.