bambetoLe calme est revenu à Conakry, mercredi 15 avril, après deux jours de manifestations et d’affrontements entre les forces de l’ordre et l’opposition. Celle-ci a accepté une trêve de son mouvement jusqu’à lundi prochain après que le gouvernement a proposé d’engager un dialogue pour parvenir à un « consensus autour des échéances électorales ». Le bilan s’établit à « au moins trois morts et une cinquantaine de blessés dont une douzaine par balles », selon elle. Le gouvernement qui dément que les forces de police ont utilisé des armes à feu contre les manifestants a ordonné l’ouverture d’une enquête.

« Nous avons décidé de suspendre les manifestations pour les reprendre lundi, afin de permettre à nos militants et à la population de souffler », a déclaré l’ex-premier ministre Cellou Dalein Diallo. La police et la gendarmerie restaient toutefois déployées en force mercredi, notamment sur l’autoroute Le Prince, menant de la périphérie au centre de la capitale, principal théâtre des affrontements, encore jonchée de morceaux de bois, pierres, tables et poubelles fumantes. Le siège du parti du président Alpha Condé dans le quartier populaire de Hamdallaye était également gardé. De nombreux commerces étaient fermés, y compris le grand marché de Madina. En revanche, sur la presqu’île de Kaloum, quartier administratif et des affaires, les activités fonctionnaient normalement.

Préoccupation internationale

 

L’opposition avait appelé à manifester le 13 avril à travers Conakry contre l’insécurité, et le 16 contre l’inversion du calendrier électoral par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui a encore repoussé, à mars 2016, soit après la présidentielle fixée à octobre 2015, les élections locales.

 

Selon Vincent Foucher, spécialiste de la Guinée au groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), cette dernière confrontation « pourrait bien n’être qu’une escarmouche préliminaire ». « L’opposition a réussi à attirer ainsi un peu l’attention internationale sur ses revendications. Mais la discussion pourrait prendre du temps », estime-t-il, rappelant qu’il avait « fallu presque trois ans, toute une série de manifestations et plus de 50 morts pour atteindre un accord sur les législatives » de 2013, aux résultats contestés.

 

« Les acteurs internationaux marquent un peu plus leur préoccupation sur le processus en Guinée », a -t-il ajouté, considérant qu’« une implication des Nations unies et de l’Union européenne auprès de la Commission électorale, sous une forme ou une autre, semble indispensable ».

 

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