amara_camaraMardi 3 mars dernier, une délégation de l’opposition et de la société civile guinéennes a rencontré l’ambassadeur de Guinée à Paris, M. Amara Camara. L’objet de la rencontre était de transmettre à l’ambassadeur un message à destination d’Alpha Condé. Très vite, la rencontre vire au règlement de comptes entre l’ambassadeur et le porte-parole de la délégation, Lancéi Konaté.

Lancéi Konaté étant le doyen parmi tous les membres de la délégation, l’honneur lui a été donné de s’exprimer au nom du groupe. M. Konaté prendra très au sérieux son rôle de porte-parole. Après les salamalecs d’usage, il annonce à l’ambassadeur les griefs de l’opposition contre Alpha Condé. «Les Guinéens sont indignés de l’indifférence des autorités guinéennes face aux violences dont sont victimes les guinéens vivant en Angola. Le gouvernement de Conakry ne porte pas secours à nos compatriotes dans la détresse» explique Lancéi Konaté.

Le porte-parole poursuit ses récriminations : « L’insécurité bat son plein en Guinée. L’assassinat de Thierno Aliou Diaoune en est un exemple frappant. Personne ne se sent en sécurité dans le pays» Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux de l’ambassadeur.

A son tour, M. Amara Camara se lance dans un sévère réquisitoire contre le régime de Sékou Touré. Il se met à égrener les crimes et les travers du régime révolutionnaire du Fama de Faranah. «Au temps du premier régime, la milice politique rentrait dans les maisons pour arrêter des innocents et les conduisait au camp Boiro. Moi, mon propre frère a fait 8 ans de prison. Est-ce qu’il y avait aussi la sécurité au temps de Sékou Touré?» assène le diplomate-militant.

Sans arguments, M. Camara tente de noyer le poisson. Il ferait mieux d’apporter des arguments valables pour défendre le bilan de son mentor Alpha Condé. Mais, puisque le bilan est indéfendable, tous les moyens sont bons pour éviter d’en parler.

Amara Camara doit savoir que les crimes du premier régime sont imputables à Sékou Touré et ceux d’aujourd’hui à Alpha Condé. C’est obscène sa tentative de justification de la criminalité du pouvoir actuel puisqu’on n’absout pas un crime par un autre. Même si Lancéi Konaté est membre du PDG-RDA, il est dans son droit de critiquer le régime d’Alpha Condé.

Encore, faut-il rappeler à Amara que son frère avait eu la chance de sortir vivant du camp Boiro. Il a même pu reprendre une vie normale puisqu’il était devenu ambassadeur et avait occupé des postes importants sous Lansana Condé. Beaucoup de Guinéens n’ont jamais retrouvé leurs proches depuis leurs arrestations et ne savent même pas où se trouvent leurs tombes.

Signalons qu’Amara Camara n’est pas à son premier coup d’essai. Régulièrement, il s’en prend vertement à toute personne critiquant le pouvoir d’Alpha Condé. C’est un multirécidiviste donc. Rappelons deux évènements que les Guinéens de Paris ne sont pas prêts à oublier.

En octobre 2014 à l’occasion de la célébration de notre indépendance, l’un des orateurs avait commis l’imprudence d’exprimer son regret sur la lamentable situation économique de la Guinée alors qu’elle est indépendante depuis 1958. Amara Camara était sorti de ses gonds pour rappeler à l’effronté qu’Alpha Condé n’est pas responsable de la dégradation des conditions de vie des Guinéens.

Lors d’une autre rencontre organisée dans la mairie du 20ème arrondissement de Paris, le diplomate-militant avait aussi recadré sèchement ceux qui avaient émis des jugements critiques contre la gestion d’Alpha Condé.

Il est temps que l’ambassadeur de Guinée à Paris prenne conscience qu’il donne une image très négative de la diplomatie guinéenne à cause de ses excès de colère dans des rencontres publiques. Après tout, il est l’ambassadeur d’Alpha Condé, non? Tel maître, tel élève!

A Soumah