ibrahima_traoreQuand on lui demande quels sont ses auteurs préférés, Ibrahima Traoré cite spontanément Françoise Sagan et Frédéric Beigbeder. Quel lien a pu se tisser entre le gamin de Pantin et ces deux fils et fille de bonne famille ? Peut-être la petite musique mélancolique de ces auteurs qui ont défrayé la chronique mondaine chacun à leur époque.

«Mon livre préféré de Sagan est Aimez vous Brahms et pour Beigbeder je dirais L'égoïste Romantique», poursuit le capitaine de l'équipe de Guinée, un des révélations de cette CAN. On aimerait évoquer plus avant ses goûts littéraires mais ce vendredi, à deux jours du quart de finale entre le Ghana et la Guinée, l'attaché de presse du Sily National nous invite à accélérer. «Ibo a cinq interviews», nous glisse à l'oreille l'officier médias. «A 18 ans, j'étais en Bac L et mon rêve était d'être écrivain. J'avais complètement abandonné l'idée de devenir footballeur, explique pourtant l'attaquant du Borussia Mönchengladbach actuel 4e de Bundeliga. J'avais effectué des tests au Mans, à Amiens et à West Ham mais à chaque fois on m'avait refusé. Ca s'était bien passé, mais à l'époque j'étais encore plus petit qu'aujourd'hui (ndlr : il mesure 1,70)». Son destin de bachelier bifurque un après-midi de l'été 2007. Un petit match sur un terrain de quartier, un recruteur avisé qui lui propose un test en Allemagne et le voilà dans l'avion pour Berlin.

 

«Connu en Allemagne mais pas en France»

 

«Je ne voulais pas y aller mais ma mère m'a encouragé à tenter ma chance», se souvient l'intéressé aujourd'hui âgé de 26 ans. L'Allemagne lui ouvre ses portes qu'il poussera fort. L'ancien de Levallois (CFA) entame une progression linéaire outre-Rhin avec la réserve du Herta Berlin, Augsburg (L2 allemande), puis Stuttgart et M'Gladbach depuis cette été en Bundesliga. «Je suis connu en Allemagne mais pas en France, mais cela ne me dérange pas, évoque le natif de Villepinte. Quand je vois le niveau de la Bundesliga par rapport à la Ligue 1, les stades et l'atmosphère je n'ai aucun regret.» L'attaché de presse revient à la charge. «Deux minutes», évacue Traoré. A défaut d'écrire, le jeune parle et plutôt bien. « J'aime prendre la parole, avoue t-il. Le président de la Fédération guinéenne m'appelle le syndicaliste, c'est moi qui négocie les primes ou qui essaie d'améliorer le confort de l'équipe.». Et cette carrière d'écrivain ? «Je vais d'abord terminer mon Bac L. Pour le moment c'est compliqué par manque de temps.» Mais après, peut-être...

 

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