francois_hollandeDepuis un an que l'épidémie d'Ebola sévit en Afrique de l'Ouest – où le virus à déjà fait plus de 5 000 morts d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) – aucun chef d'Etat occidental n'a encore foulé le sol d'un pays touché. Cela devrait désormais être chose faite avec la venue de François Hollande en Guinée, vendredi 28 novembre.

 

L'objectif de cette visite officielle, la première d'un président français depuis 1999, est de faire le point sur le dispositif d'aide français pour lutter contre la fièvre hémorragique qui a déjà fait en un an 1 200 morts en Guinée.

 

La France a décidé de concentrer son action contre le virus dans ce pays avec un engagement de 100 millions d'euros. M. Hollande veut aussi délivrer « un message de solidarité » à la Guinée, dont l'économie est fortement affectée par la propagation d'Ebola. La restructuration de la dette guinéenne sera d'ailleurs au programme des discussions.

 

BIENTÔT QUATRE CENTRES FRANÇAIS DE SOIN

 

M. Hollande, qui sera accueilli à l'aéroport de Conakry à la mi-journée par le président guinéen, Alpha Condé, visitera notamment un laboratoire de l'Institut Pasteur et participera à une table ronde, avant de s'entretenir avec son homologue.

 

Cette visite intervient alors que la mise en place du dispositif français de lutte contre Ebola est en cours de finalisation. Outre le centre de soins de Macenta déjà installé en Guinée forestière (nord-ouest), foyer de l'épidémie, trois autres doivent être opérationnels d'ici à la mi-décembre dans cette région. Un centre de formation des soignants doit prochainement être opérationnel à Manéah, dans la banlieue de Conakry.

 

Pour lutter contre la propagation du virus, la France met également au point un test de dépistage permettant de le détecter en quelques minutes contre six heures actuellement.

FACE AU VIRUS, MÉTHODES MUSCLÉES ET CONTROVERSÉES

 

La visite de M. Hollande est aussi destinée à renforcer les liens entre les deux pays qui ont connu une relation « assez agitée » depuis 1958, souligne un diplomate français, quand la Guinée avait refusé le projet de Constitution proposé par le général de Gaulle pour l'établissement d'une Communauté franco-africaine, avant de voter son indépendance.

 

Si l'entourage de François Hollande, qui a reçu plusieurs fois plusieurs son homologue, souligne qu'« aujourd'hui, la Guinée a évolué et s'est démocratisée », le gouvernement guinéen est accusé par Reporters sans frontières de profiter de la crise engendrée par Ebola « pour museler la liberté de l'information ». L'association, qui a envoyé une lettre ouverte à M. Hollande, évoque notamment les conditions d'évacuation de plusieurs milliers de personnes de la localité de Womey (sud du pays), après le massacre, le 16 septembre, de huit membres d'une équipe en campagne de sensibilisation par des habitants niant l'existence du virus.

 

Alpha Condé a pour sa part justifié mercredi le recours à des méthodes musclées contre l'épidémie. « Si les gens ne veulent pas se faire traiter, nous allons utiliser la force parce qu'on n'acceptera pas que la maladie se propage malgré tous les efforts que nous sommes en train de déployer », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. L'ONG One a, pour sa part, dénoncé le « manque de transparence » concernant l'aide de la France à la Guinée qui, selon elle, « a seulement programmé le décaissement de 38 millions sur les 100 millions promis ».

Le Monde