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Paris, 26 nov 2014 - François Hollande sera vendredi sur le front de la lutte anti-Ebola en Guinée, un des pays les plus touchés par l'épidémie en Afrique de l'Ouest, avant de participer au sommet de la francophonie à Dakar.

Le chef de l'Etat est ainsi le premier dirigeant occidental à se rendre dans un des pays où l'épidémie continue de flamber, un an après son apparition. Au 21 novembre, l'OMS recensait plus de 5.459 décès sur 15.351 cas (confirmés, probables ou suspects), en Guinée, Sierra Leone et au Libéria.

Objectif de cette visite officielle, la première d'un président français depuis 1999 : faire le point sur le dispositif d'aide français pour lutter contre la fièvre hémorragique qui a déjà fait en un an 1.200 morts en Guinée. La France a décidé de concentrer son action contre le virus dans ce pays avec un engagement de 100 millions d'euros.

M. Hollande veut aussi délivrer "un message de solidarité" à la Guinée, dont l'économie est fortement affectée par la propagation d'Ebola qui s'est encore intensifiée en octobre.

Son président Alpha Condé a d'ailleurs reçu le surprenant conseil de la part du Fonds Monétaire international d'"augmenter les déficits" pour freiner l'avancée d'Ebola.

M. Hollande, qui sera accueilli à l'aéroport de Conakry à la mi-journée par son homologue visitera notamment un laboratoire de l'Institut Pasteur et participera à une table ronde. Il aura également des entretiens avec M. Condé.

Son déplacement intervient au moment où la mise en place du dispositif français est en cours de finalisation.

Outre le centre de soins de Macenta déjà installé en Guinée forestière (Nord-Ouest), foyer de l'épidémie, trois autres doivent être opérationnels d'ici mi-décembre dans cette région.

Un centre de formation des soignants doit prochainement être opérationnel à Manéah, dans la banlieue de Conakry.

Pour lutter contre la propagation du virus, la France met également au point un test de dépistage permettant de le détecter en quelques minutes contre 6 heures actuellement.

La visite de M. Hollande est aussi destinée à renforcer les liens entre les deux pays qui ont connu une relation "assez agitée" depuis 1958, souligne un diplomate français.

"Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l'esclavage", avait alors lancé le futur président Sékou Touré refusant le projet de Constitution proposé par le Général de Gaulle pour l'établissement d'une communauté franco-africaine, avant que le pays ne vote pour l'indépendance.

- 'nouveau départ'-

S'en était suivie une longue période de glaciation avant la reprise de relations en dents de scie depuis 1976. La dernière visite en date d'un président français, celle de Jacques Chirac en 1999, était intervenue dans un contexte politique tendu, l'actuel président Alpha Condé, opposant historique au régime de Sékou Touré, étant à l'époque emprisonné.

"Aujourd'hui, la Guinée a évolué, s'est démocratisée, la France a évolué, le contexte a changé. On est sur un nouveau départ", estime l'entourage du président français, qui a reçu à plusieurs reprises son homologue à Paris, depuis 2012.

La restructuration de la dette guinéenne sera notamment au programme des discussions entre les deux dirigeants.

Dans une lettre ouverte à M. Hollande, l'Association Reporters sans frontières a dénoncé "une démocratie de façade", accusant en particulier le gouvernement guinéen "d'exploiter" la crise engendrée par Ebola "pour museler la liberté de l'information".

Elle évoque en particulier, les conditions dans lesquelles plusieurs milliers de personnes ont été évacuées de la localité de Womey (sud du pays), après le massacre, le 16 septembre, de huit membres d'une équipe en campagne de sensibilisation par des habitants niant l'existence du virus. Selon RSF, l'armée avait bouclé la zone pour effecteur cette évacuation, "empêchant toute couverture médiatique".

RSF taxe également le pouvoir guinéen de "fraudes" dans les processus électoraux à l'approche des élections présidentielles de 2015.

Alpha Condé a pour sa part justifié mercredi le recours à des méthodes musclées contre l'épidémie. "Si les gens ne veulent pas se faire traiter nous allons utiliser la force parce qu'on n'acceptera pas que la maladie se propage malgré tous les efforts que nous sommes en train de déployer", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

L'ONG One a, pour sa part, dénoncé le "manque de transparence" concernant l'aide de la France à la Guinée qui, selon elle, "a seulement programmé le décaissement de 38 millions sur les 100 millions promis".

 

Source : http://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/hollande-sur-le-front-anti-ebola-en-guinee-avant-le-sommet-de-dakar_1626353.html#gtcYM0Z9ivT8PkHg.99